L’archevêque de Strasbourg veut simplifier les structures diocésaines
Initié sous le gouvernement de l'archevêque précédent, le renouvellement des structures diocésaines de l'Eglise catholique en Alsace est resté trois ans dans les cartons avant de prendre effet en début de septembre. Décryptage de cette première série de décisions de Mgr Pascal Delannoy depuis son arrivée en Alsace.
des changements de structures ont actuellement lieu dans l'Eglise catholique d'Alsace sous l'impulsion de Mgr Pascal Delannoy @PixabayDepuis le 1er septembre, un certain nombre de changements ont pris effet dans le diocèse de Strasbourg. Objectif annoncé : dynamiser la mission de ce diocèse qui compte près de 400 prêtres, plus de 200 laïcs en mission et 1000 religieux.
Simplifier le découpage territorial
"Nous avons un empilement de structures : les communautés de paroisses, les doyennés, les zones pastorales, les régions apostoliques, les diocèses..., énumère l'archevêque de Strasbourg installé sur la cathèdre de la capitale alsacienne en avril 2024. Tout cela était devenu très lourd et n'était plus porteur d'un dynamisme de la mission."
Mgr Pascal Delannoy a donc décidé de supprimer les 12 zones pastorales regroupant elles-mêmes plusieurs doyennés. Ce sont ces derniers qui couvrent désormais des territoires plus larges et qui ont pour vocation de devenir des "lieux de communication et de communion pour favoriser un travail ensemble". Concrètement, un prêtre responsable du doyenné comme celui de Mulhouse se retrouve avec la double charge de celui de Colmar.
Regrouper les services diocésains
Autre pan de la refonte : la réorganisation de la vingtaine de services diocésains, équipes chargées de coordonner les différentes activités pastorales au niveau diocésain. Rassemblés par pôles, ces services devraient dorénavant travailler de manière plus transversale. Au nombre de 5, les dits pôles se répartissent entre, d'un côté trois pôles pastoraux autour de l’Annonce de la Foi, la Charité-Solidarité, l’ouverture et le dialogue; et de l’autre, deux pôles techniques dédiés à la communication et aux affaires temporelles.
"Il fallait alléger ces structures pour qu'elles retrouvent du souffle. Il est normal que des structures bougent et évoluent. Elles ont porté du fruit pendant un certain nombre d'années. Aujourd'hui il faut penser à un autre chose parce que le monde, la société et l'Eglise changent", estime l'archevêque de Strasbourg.
Il fallait alléger ces structures pour qu'elles retrouvent du souffle.
Une refonte qui a pris son temps
Ce plan ne date pourtant pas d’hier. En effet, un projet de restructuration était déjà en cours lorsqu'en juin 2022, Rome lance une visite apostolique pour contrôler la gouvernance du précédent archevêque. Dès lors, de nombreux chantiers et décisions se retrouvent suspendus, dont un de grande envergure : la refonte de ce qu’on appelle la curie, soit l’ensemble du personnel qui travaille au fonctionnement du diocèse. Le chantier consistait à simplifier les différentes strates au niveau de la hiérarchie qui mettaient une distance conséquente entre le terrain et la gouvernance. Un autre versant prévoyait de regrouper la dizaine de services diocésains en pôles thématiques. Trois ans plus tard, Mgr Pascal Delannoy remet ce projet au goût du jour, et le valide avec quelques variations.
Ces changements, qui prennent effet en ce début d’année pastorale, paraissent toutefois minimes et tardifs en comparaison des transformations a priori plus radicales opérées dès 2019 dans le diocèse de Reims. Sous la houlette de Mgr Eric Moulins-Beaufort, l'Eglise dans les Ardennes a purement et simplement supprimé le système de paroisse ou de doyenné en le remplaçant par celui des espaces missionnaires afin de pallier le manque de prêtres et le déplacement démographique des fidèles, moins nombreux en ruralité.
Cette mise en place intervient après des visites entreprises à travers toute l'Alsace amorcée en septembre 2024, et durant lesquelles Mgr Pascal Delannoy a rencontré d'un maximum de réalités diverses, du monde agricole au caritatif en passant par la production d'énergie et les communautés chrétiennes. Un an plus tard, force pour lui est de constater un certain éparpillement des activités et des forces vives. "Trop souvent, on reste dans sa paroisse alors qu'à quelques kilomètres se jouent exactement les mêmes enjeux et les mêmes activités, constate-t-il. Il faut davantage agir ensemble."
Du nouveau à venir chez les jeunes ?
Conscient du vivier pour la jeunesse que représente l'Alsace, et notamment Strasbourg et ses 80 000 étudiants, l'ancien évêque de Saint-Denis constate le manque de soutien ecclésial auprès des jeunes fidèles, particulièrement les 18-30 ans. "C'est l'un de nos points faibles aujourd'hui, reconnait-il. Il y a énormément d'initiatives qui se prennent de manière dispersée et très locale."
L’archevêque de Strasbourg réunit d'ailleurs ces jours-ci son Conseil épiscopal et le nouveau conseil composé des responsables de pôles et de doyennés. Ils doivent décider entre autres de la nomination d’une personne en charge des jeunes adultes pour l’Alsace. Un sujet qui traîne sur la table depuis la dissolution de l'équipe directrice fin 2022 et le départ du dernier jeune à ce poste à l'automne 2023, sans renouvellement malgré la tenue de deux JMJ diocésaines quelques mois plus tard et l'année suivante, ainsi que le Jubilé qui a emmené 160 jeunes à Rome l'été 2025.
Aujourd'hui, les jeunes sont l'un de nos points faibles
Pour le moment, il ne serait pas question de monter une 'pastorale' proprement dite. L'archevêque alsacien penche plutôt vers "une personne responsable qui a le souci de s'appuyer sur les responsables locaux et de rentrer dans un processus avec des jeunes". Il ne s'interdit pas non plus d'embaucher : "On va inventer en faisant".
Trois vicaires généraux pour toute l'Alsace
Cette série de décisions en implique d’ailleurs une autre qui risque de générer des problèmes de compréhension. Début juillet, l’archevêque a nommé trois vicaires généraux. Un nombre relativement élevé en comparaison du diocèse de Paris qui en compte 5 quand Lyon n’en a qu’un, et que d’autres diocèses de grande taille comme Marseille, Metz et Rennes en ont 2. "C'est que le diocèse de Strasbourg est grand", justifie Mgr Delannoy.
Le trio est composé en premier lieu de Jean-Luc Liénard, le vicaire général en place depuis 10 ans. Il reprend en plus cette année, de manière temporaire, la casquette de vicaire épiscopal de Strasbourg, déjà endossée il y a quelques années. L'autre ancien vicaire général, Hubert Schmitt est également rétabli à cette charge. Ce dernier avait été mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle classée sans suite. Interrogé à ce sujet, l’archevêque affirme appuyer son choix sur la présomption d'innocence du prêtre, mais ne souhaite pas s'étendre. S'ajoute le père Marc Schmitt, qui découvre la mission.


Chaque semaine, les représentants des églises chrétiennes en Alsace (anglicans, catholiques, évangéliques, orthodoxes et protestants luthériens et réformés ) portent un regard sur l'actualité.
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