Normandie
Président fondateur de l’institut Sapiens, Olivier Babeau publie en 2025 “l’ère de la flemme - comment nous et nos enfants avons perdu le sens de l’effort” aux éditions Buchet Chastel. Loin d’accabler uniquement la jeune génération, l’auteur constate une tendance générale à la flemme et une perte du goût de l’effort. Il en explique les mécanismes et les conséquences sur notre santé mentale et notre rapport au travail. Un constat qui nous pousse à revoir notre rapport à l’effort et notre propre vision du bonheur.
Le constat de l’individualisme grandissant dans notre société inquiète. Du moins, il nous pousse à revoir notre rapport au monde et au travail. C’est l’objet de “l'ère de la flemme”, qui, au-delà d’un simple constat sociologique, nous apporte une lecture spirituelle sur notre rapport au monde. La spiritualité est véritablement une arme pour lutter contre la paresse. Anatomie d’un phénomène de société qui interpelle les sociologues.
Souvent utilisé à outrance, le terme de flemme consiste à rechercher le plaisir immédiat pour satisfaire son bonheur sans effort. Pourtant, “l’accumulation de petits plaisirs ne mène pas au bonheur”, affirme Olivier Babeau. Il constate une faille qui intervient “dès l’éducation de l’enfant, notamment à l’école”. L’un des facteurs de multiplication de la paresse est le manque de frustration qui y a lieu. “Les enfants ne supportent plus l’effort pour atteindre un objectif et l’école se simplifie de plus en plus pour éviter le plus de contraintes possibles à l’enfant”. L’auteur prend l’exemple de l’instrument de musique pour lequel il faut des heures de travail avant d’atteindre son objectif. Aujourd’hui, ce type d’effort ne fonctionne plus sur les enfants. On le constate aussi dans la lecture, “on ne peut pas être passif devant la lecture contrairement aux écrans”, précise t-il. La surexposition aux écrans induit un phénomène de “société baba” dans laquelle tout doit être possible et “prémâché”. L’auteur alerte néanmoins sur le fait que ce constat n’est pas le même dans toutes les sociétés et que le risque à long terme est de se faire dépasser par ceux qui garderont ce sens du travail. Pour cela, il constate qu’aujourd’hui, le diplôme est davantage perçu comme une garantie d’auto discipline et de sens du travail que de validation d’acquis intellectuels.
Ce phénomène d’anesthésie de l’effort trouverait un antidote dans la spiritualité. Au même titre qu’une passion, la spiritualité implique une forme de travail, d'exigence. “Ce n’est pas simple” constate Olivier Babeau. C’est aussi “une façon de s'élever au-dessus de la matérialité ambiante”, “cela permet de supporter les difficultés du monde”. En s’élevant au dessus des petits plaisirs du quotidien, on peut sortir de ce cercle vicieux qui pousse au “scrolling compulsif” et à la captation de son temps libre par les écrans. Il constate que si la spiritualité n’est pas morte, la preuve en est la hausse des baptêmes ces dernières années, elle est moins accessible. “Quand on perd le sens de l’effort, on perd le sens de ce genre de chose”. Le monde de nos grands-parents nous poussait à un travail sur soi et à l’acceptation d’une forme de contrainte pour parvenir à ses objectifs. “L’accès à la spiritualité était plus simple de ce fait” constate t-il. L’auteur en est persuadé, le bonheur et la vocation de tous se trouvent dans la persévérance vers un idéal.
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