« 10 jours sans écrans » : quels effets ont ces défis sur les enfants ?
5 minutes pour comprendre… les effets que peuvent avoir les défis sans écrans pour les enfants. Depuis mardi, plus de 117 000 jeunes participent au défi « 10 jours sans écrans » dans les établissements scolaires. Mais un tel défi à court terme est-il utile pour les enfants ? Réponse avec un pédopsychiatre.
Les enfants de 6 à 12 ans passent plus de trois heures par jour sur un écran. Image d'illustration © FreepikPlus de trois heures par jour entre 6 et 12 ans, deux heures par jour de 2 à 5 ans… C’est le temps passé par les enfants sur les écrans, selon l’OMS. Le temps d’écran recommandé pour ces tranches d'âge doit en principe être divisé par deux. Face à cette tendance, des défis « sans écrans » sont régulièrement lancés. Parmi eux, le défi « 10 jours sans écrans » a débuté mardi 13 mai 2025 dans les établissements scolaires : plus de 117 000 enfants y participent. Mais quelle est l'utilité de ces défis ? Réponse avec le père Erwan Rozier, pédopsychiatre en Normandie.
RCF : Quels peuvent être les effets sur les jeunes à court terme de ce défi : « 10 jours sans écrans » ?
Erwan Rozier : Il faudra sans doute les analyser à posteriori. Le premier défi pour moi, c’est une prise de conscience, si les jeunes répondent vraiment à ce défi, de voir ce que ces 10 jours peuvent produire dans leur vie. Et le deuxième est que c’est toujours plus facile d’arrêter les écrans quand on est en groupe et qu’on se motive entre amis. Beaucoup de jeunes reconnaissent qu’ils ont une consommation excessive d’écrans et prennent conscience que ça a de mauvais effets dans leur vie. Mais ils n’arrivent pas à trouver la motivation pour arrêter. Donc, ça peut être simplement le déclic.
RCF : Qu’est-ce qui doit être mis en place au sein des familles et dans les établissements scolaires pour qu’un tel défi soit efficace sur le long terme pour les enfants ?
Erwan Rozier : Je dirais que le premier point est de réussir à en parler, est-ce que les parents vivent eux-mêmes avec les écrans, est-ce qu’ils sont des bons exemples à suivre ? Ensuite, est-ce que les enfants réussissent à parler, un peu, de ce qu’il se passe sur les écrans pour eux ?
C’est tout un apprentissage de la vie qui dépasse un peu la question des écrans.
Enfin, qu’est-ce qui fait que, à un moment, des enfants se réfugient sur des écrans : est-ce que c’est juste pour du loisirs, pour de l’information, pour l’école ? Est-ce pour fuir la solitude ou un climat familial délétère ? Donc, il faut apprendre aux enfants à être en vérité avec eux-mêmes, à mettre des mots sur leurs émotions et à pouvoir dire la vérité à leurs parents. C’est tout un apprentissage de la vie qui dépasse un peu la question des écrans, qui deviennent un moyen de fuir la réalité parfois.
RCF : Justement, les parents, les enseignants ont un vrai rôle à jouer dans ces défis « sans écrans » pour réguler la consommation des plus jeunes ?
Erwan Rozier : Oui totalement. La première question, c’est : est-ce qu’ils y arrivent, est-ce que nous-même on arrive à prendre 10 jours sans écrans ? Ensuite, qu’est-ce qu’ « un écran » ? Un écran en soit, c’est neutre. On ne peut pas mettre dans le même paquet : un appel téléphonique sur un smartphone, une vidéo sur une plateforme ou un scroll en rentrant chez soi pour passer le temps dans le bus.
RCF : Le défi « 10 jours sans écrans » a débuté ce mardi dans de nombreuses écoles. Il veut sensibiliser à un usage raisonné des écrans. Pour un enfant, qu’entend-on par « usage raisonné » ?
Erwan Rozier : Littéralement, un usage raisonné est un usage qui utilise sa raison : j’ouvre mon écran, pour quelle raison ? Est-ce que j’en ai vraiment besoin ou pas ? Puis, c’est un usage qui dépend de l’âge. On dit généralement qu’il n’y a pas d’écrans au moins avant trois ans et puis qu’ensuite, on augmente progressivement.


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