"C'était la première fois que je marchais dans la neige" : neuf migrants découvrent le massif du Mont-Blanc

"Pour ces jeunes, qui attendent parfois plusieurs années leur régularisation en Centre administratif d'hébergement de demandeurs d'asile (CADA), ça a été une grande bouffée d'air frais", résume Monique, une des petites mains bénévoles qui a rendu cette aventure en haute montagne possible. L'idée folle d'emmener des novices à l'assaut d'un glacier du massif du Mont-Blanc n'est pas nouvelle. "Nous avions déjà emmené un petit groupe, il y a quelques années, avec l'antenne montmélianaise du Secours catholique de Savoie", se souvient Monique. Mais cette année, quand le projet a été de nouveau présenté aux bénéficiaires du Secours à Montmélian, le quorum n'a pas pu être atteint. "Il y a en effet de nombreuses familles, et il n'était pas possible pour beaucoup, de se rendre disponible sur une période de 6 jours en été", ajoute-t-elle. 

C'est ainsi que cette bénévole, à la tête d'une équipe de 12 personnes qui interviennent régulièrement au Cada de Chignin, a été contactée. "Le plus dur pour moi a été de choisir à qui, parmi les 90 résidents du Cada, j'allais proposer cette sortie en haute montagne. J'ai décidé de proposer aux jeunes assidus aux cours de français, qui se débrouillent bien avec la langue, pour ne pas poser de problème de communication avec le guide", relate-t-elle. Ainsi, deux jeunes de Montmélian et sept jeunes de Chignin, originaires d'Afghanistan, de Guinée, mais aussi d'Algérie ont pris la route direction Chamonix, le 25 août dernier. 

Deux jours de préparation

"Comme nous sommes allés les chercher, ce qui est très différent de notre quotidien de guide, le niveau de risque acceptable était très bas", soulève Nacho Olmedo, guide de haute montagne. Ainsi, le groupe est resté pendant deux jours à Chamonix pour se préparer au travers d'ateliers : escalade, via ferrata et utilisation des crampons à glace. "Nous sommes ensuite partis pour trois jours en haute montagne, avec nuits au refuge Albert 1er. Nous avons gravi le glacier du Tour et un sommet à 3700 mètres d'altitude", raconte-t-il. La fondation Petzl a apporté son soutien financier et l'association 82-4000 solidaires a prêté tout l'équipement nécessaire. 

Des souvenirs pour la vie

De retour dans leur quotidien marqué par l'attente, les jeunes résidents du Cada gardent, tous, sans exception, un souvenir impérissable de cette expérience. "Nous avons des montagnes en Guinée, mais c'était la première fois pour moi que je marchais dans la neige", confie Mohammed. "Il y a eu des moments difficiles mais notre guide faisait tout pour que nous donnions le meilleur de nous-mêmes, et cela m'a beaucoup motivé. Ensuite quand certains ont commencé à envisager de faire demi-tour, nous nous sommes tous soutenus et encouragés pour réussir ce que nous avions entrepris. Je suis très fier", complète Seydoux. Mouni, plus réservé, conserve sur son téléphone des dizaines de photographies où le bleu du ciel et le blanc du relief, s'effacent derrière des sourires radieux ! "Depuis leur retour, ces jeunes ont été volontaires pour nous aider à rénover notre local à Montmélian. C'est une manière pour eux de nous rendre la pareil et c'est très sympathique", tient à ajouter Monique. 

L'info en +
"Lors des dernières élections européennes une enquête IFOP a révélé que 42 % des catholiques pratiquants français ont voté pour des listes anti immigration : c'est deux fois plus qu’au précédent scrutin européen", précisent les éditions Desclée de Brouwer qui publieront le 15 octobre prochain, « Jusqu’où peut-on accueillir les migrants ? », nouveau débat du Collège des Bernardins.