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Entre peur et repli : l'Europe face à l'idéologie nationaliste

Entre peur et repli : l'Europe face à l'idéologie nationaliste

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 4 juillet 2025 - Modifié le 4 juillet 2025
Le Grand TémoinLe nationalisme de retour en Europe, avec Marc Crépon

Sur l'étagère des idées maudites, le nationalisme occupe une place de choix. On pensait que les outrages qu’il avait infligés à l’histoire et à l’humanité seraient à jamais recouverts d’une pellicule de poussière, toujours plus épaisse. Pourtant, le nationalisme, selon Marc Crépon, en reprend aujourd’hui le spectre, dans la lignée des réflexions de Julien Benda ou de Romain Rolland. Il pose une question éminemment actuelle : les valeurs de l’Europe portent-elles encore une espérance suffisante ?

Marc Crépon © RCF Notre DameMarc Crépon © RCF Notre Dame

Les hommes étant ce qu’ils sont, il faut, à chaque génération, remettre l’ouvrage sur le métier, cela vaut également pour les sociétés politiques. Pour invalider tout récit national, certains affirment que les hommes qui nous ont précédés ne nous ont laissé aucun testament. C’est sans doute vrai. Mais si tel est le cas, pourquoi tirer les leçons du passé ? Et si l’on s’en abstient, ne risque-t-on pas de reproduire les mêmes erreurs ? Pour autant, gardons-nous des amalgames et des anachronismes, car l’histoire, dit-on, ne repasse jamais les plats.

Le nationalisme à la conquête de l’Europe

Le nationalisme est une idéologie, un mouvement, un système de pensée et un programme politique dont l’objectif est la défense et la promotion d’une certaine idée de l’identité nationale. Pour Marc Crépon, il nourrit toujours deux types de cultures : celle de la peur et celle de l’ennemi. « Quand le spectre réapparaît, quand il s’installe à nouveau, et c’est le cas aujourd’hui un peu partout en Europe, il amène toujours dans ses bagages le risque de guerre », alerte l’écrivain. 

Quand le spectre réapparaît, quand il s’installe à nouveau, et c’est le cas aujourd’hui un peu partout en Europe, il amène toujours dans ses bagages le risque de guerre 

Le spectre du nationalisme hante aussi bien l’Europe de l’Ouest que celle de l’Est. Marc Crépon souligne qu’il constitue une composante essentielle du système politique de Vladimir Poutine, mais aussi des gouvernements en Hongrie, en Pologne, en Slovénie, en Serbie ou en Italie. « Jamais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale le nationalisme n’a été aussi présent sur les scènes politiques d’Europe et d’ailleurs », insiste-t-il. Le nationalisme ukrainien, cependant, occupe une place particulière en raison du contexte de guerre avec la Russie. « Le nationalisme ukrainien est aujourd’hui essentiellement défensif. Lorsqu’un pays est directement attaqué, comme c’est le cas de l’Ukraine depuis plus de trois ans, le nationalisme devient un ressort. L’attachement à son pays est alors un ressort du patriotisme. »

Un bon et un mauvais nationalisme

Marc Crépon distingue ainsi clairement le patriotisme du nationalisme : « Le nationalisme, c’est toujours une passion exclusive. C’est nous contre les autres. Le propre des démocraties, c’est les uns et les autres. » À l’inverse, le patriotisme, selon lui, est l’amour de son pays, de son identité, de sa culture, de son histoire. « On peut aimer son pays sans pour autant penser qu’il doit se replier sur une identité nationale exclusive. »

 Le nationalisme, c’est toujours une passion exclusive. C’est nous contre les autres. Le propre des démocraties, c’est les uns et les autres. 

Le 28 juin, de nombreuses marches des fiertés ont eu lieu dans plusieurs capitales européennes. Certains gouvernements s’y sont opposés, notamment en Hongrie. « Cette marche des fiertés défend une certaine idée de l’Europe », observe Marc Crépon. « Une idée selon laquelle l’Europe ne peut, ni ne doit, être pliée à une morale exclusive ou partisane. » Car il y a toujours, dans le nationalisme, la tentation de revenir en arrière sur des droits et des libertés durement conquis. « Remettre en question la liberté de son orientation sexuelle, par exemple, ce n’est pas une démarche progressiste, c’est une démarche régressive. Parce qu’elle est liberticide, je ne pense pas qu’elle soit compatible avec les valeurs de l’Europe », conclut Marc Crépon.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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