
Dans cet épisode de « L’Europe au cœur » Michel Maroy et Julien Bal établissent une cartographie détaillée des extrêmes droites européennes en compagnie de leur invité : Benjamin Biard – politologue, chercheur au CRISP.
L'hebdomadaire français Le Courrier international avait donné le titre « L’Internationale Trumpiste » à un numéro de janvier 2025, juste avant l’investiture de Donald Trump. Malgré cette intuition pertinente, quelques éléments clés manquaient encore pour cerner ce phénomène en pleine prise de vitesse, notamment sa dimension européenne.
Les choses sont différentes aujourd'hui, en particulier depuis la conférence des droites conservatrices (CPAC) qui s’est tenue en février dernier au sud de Washington et au cours de laquelle une internationale-nationaliste s’est affirmée, avec des codes partagés, des éléments de langage communs et quelques gimmicks symboliques (tronçonneuse, saluts nazis, casquette rouge…).
Cette même conférence des conservateurs a ensuite été organisée sous forme de congrès mobile, en Pologne puis en Hongrie, avec l'objectif affiché de mettre à mal l'Union européenne. Ces raouts ont eu des effets concrets dans les urnes quelques jours plus tard, notamment en Pologne (avec l'élection de l'historien nationaliste Karol Nawrocki avec 50,89 % des voix) et aux Pays-Bas dont le gouvernement a été saboté par l'islamophobe Geert Wilders juste après son intervention à la CPAC.
Le 9 juin 2025, la française Marine Le Pen a réuni plusieurs nationalistes sous la bannière des patriotes européens. D'autres profils encore, réunis pour défendre une Europe retrouvée, "construite par les pères et détruite par les hommes gris de Bruxelles".
L’Europe n’a pas attendu l’avènement de Donald Trump en politique pour être potentiellement trumpiste. La critique virulente des décisions de justice par l'italien Silvio Berlusconi et par différents politiques depuis vingt ans le démontre. L’amplification de ce phénomène et de son caractère décomplexé est une évidence, notamment depuis que certains leaders de la droite dure en Europe ont eu des démêlés avec la justice (Marine Le Pen ou Matteo Salvini par exemple).
Autre fait marquant par ailleurs (et qui met l'influence de Trump sur l'Europe au second plan), le soutien des sbires de Trump envers l'AfD n'a presque pas fait bouger les courbes déjà hautes de l'adhésion populaire à ce parti avant les élections fédérales de 2025 en Allemagne.
Le nationalisme européen est-il soluble dans l’euroscepticisme ? Rien n’est moins sûr. Il suffit de penser à Giorgia Meloni et aux gages qu’elle ne cesse de donner à la Présidente de la Commission Européenne (qui le lui rend bien en termes d'estime et d'amabilités à son sujet distillées dans la presse internationale).
Le 9 juin dernier donc, une part importante de l’extrême droite européenne s’est réunie au fin fond du Loiret, en France, dans un village qui compte 133 âmes à l’année mais que le Rassemblement National a voulu transformer, le temps d’une journée, en capitale du nationalisme européen.
Sous l’égide de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, plusieurs dirigeants ou prétendants au pouvoir européens se sont succédés au pupitre affirmant leur union et une vision commune, typiquement européenne.
Mais le nationalisme européen est-il si uniforme que cela ? Il suffit de gratter une couche ou deux de verni dédiabolisant pour se rendre compte que malgré les slogans, les divergences sont nombreuses entre ces différents clans.
Quel état des lieux peut-on faire aujourd’hui des courants nationalistes en Europe ? Le sentiment religieux est-il systématiquement invoqué par les leaders de ces courants ? Assiste-t-on à une véritable lame de fond nationaliste en Europe ou perd-elle déjà, ça et là, un peu de son élan ?
Quelle est la situation précise aux Pays-Bas, en Pologne, Hongrie, Roumanie, dans d’autres pays de l’Est, en Allemagne, Italie, Espagne, Portugal, en France et en Belgique ? Quand l’Europe des Nations devient peu à peu une Europe des nationalismes, c’est le sujet de cet épisode de « L’Europe au cœur ».
Pauses musicales :
« Volevo essere un duro », Lucio Corsi (2025) & « La bête est revenue », Pierre Perret (1998)
L’émission qui, chaque semaine, vous donne les clés pour comprendre l’Europe et vous amène à la rencontre des actrices et acteurs qui en font battre le cœur.
Chaque vendredi à 17h03, rediffusions samedi à 12h & lundi à 5h et 22h, sur 1RCF Belgique.
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