
Le cessez-le-feu, toujours fragile, semble désormais tenir, entre Israël et l’Iran. Après 12 jours de frappes et d’échanges de missiles entre les deux pays, de nombreuses questions restent en suspens sur l’état du programme nucléaire iranien et la capacité du régime à encaisser les conséquences de la guerre.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou clame sa “victoire historique”. La propagande de Téhéran retourne cette défaite, en affirmant “avoir tenu tête” à deux des armées les plus puissantes de la planète. Donald Trump, quant à lui, s’est largement félicité d’avoir été à l’origine du cessez-le-feu. Mardi, il avait violemment incriminé les deux belligérants, lorsque la trêve avait d’abord été violée. Si elle apparaît encore très fragile, Donald Trump a sifflé la fin de la partie.
“Il s'agit pour lui d'afficher une victoire spectaculaire, notamment vis-à-vis de son opinion publique. Et de montrer qu'il ne s'agissait pas d'un engagement militaire des Etats-Unis, mais d'une opération ponctuelle décisive”, explique David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'IRIS, spécialiste du Moyen-Orient.
Il s'agit pour lui d'afficher une victoire spectaculaire, notamment vis-à-vis de son opinion publique.
L’engagement des B2 américains dans la nuit de samedi à dimanche n’a pas fait l’unanimité dans le camp de Donald Trump, divisé sur la question iranienne. “Même si tout est loin d'être réglé, de son point de vue, l'essentiel a été fait, à savoir la frappe menée sur les principaux sites nucléaires. Désormais, le président américain souhaite relancer une dynamique de négociation pour établir un accord plus circonstancié avec Téhéran”, estime David Rigoulet-Roze.
Mais après cette guerre le programme nucléaire iranien est-il vraiment à terre ? La presse américaine relativise l’impact du bombardement des B2 américains pour les sites de Natanz, Ispahan et Fordo, enterré sous une montagne. Donald Trump affirme que ces trois sites sont entièrement détruits. Ils ont subi des dégâts, mais tout cela est encore invérifiable sur le terrain, de façon indépendante.
Un des conseillers du guide suprême, a considéré qu'il disposait toujours du stock.
L’Iran ne semble tout de même plus en l’état d’enrichir de l’uranium à court terme sur ces sites. Mais le mystère est entier pour le stock d’uranium de 400 kilogrammes, déjà enrichi à 60 %.
“Est-ce qu’il n'a pas été préalablement déplacé par les Iraniens ? ”, s’interroge David Rigoulet-Roze. “Un des conseillers du guide suprême, a considéré qu'il disposait toujours du stock, qui est un capital, y compris dans une négociation éventuelle”, poursuit le chercheur.
“Dans la logique de l'opération militaire israélienne, se dessinait le paradigme d'un potentiel changement de régime. Plus ou moins formulé, plus ou moins explicitement d'ailleurs, à la fois par le Premier ministre et par son ministre de la Défense, Israël Katz”, rappelle David Rigoulet-Roze. “Les derniers ciblages corroboreraient cette incrimination opérationnelle. Ce n'était plus uniquement des sites stratégiques et militaires, mais également des sites du régime".
Changer de régime n'était pas la position initiale du président américain. Mais Donald Trump a aussi soufflé le chaud et le froid sur le sujet avant de trancher, à ce stade, pour un arrêt des combats.
Dans la logique de l'opération militaire israélienne, se dessinait le paradigme d'un potentiel changement de régime.
Il faudra voir dans le temps comment le régime des mollahs a encaissé le conflit, tout comme la population iranienne excédée par la violence du régime et accablée par le poids des sanctions économiques. "La reconstruction sera longue, majeure", a reconnu mardi le porte-parole du gouvernement iranien, dont certaines institutions sortent affaiblies de la guerre.
Sur le plan humain, Téhéran estime qu’au moins de 610 personnes ont été tuées et 4 700 blessées par les frappes de l'État hébreu. Côté israélien, le bilan fait état d'au moins 28 civils qui ont succombé aux missiles iraniens.
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