Ars-sur-Formans
Comme un signe des temps, cette année, on célèbre concomitamment le Jubilé universel de l'espérance à Rome et le centenaire de la canonisation du saint Curé d'Ars, patron des prêtres. Un humble prêtre qui releva le défi de rechristianiser les âmes de sa paroisse à une époque marquée par le rationalisme révolutionnaire. Retour sur la vie de saint Jean-Marie Vianney avec le père Rémy Griveaux.
Jean-Marie Vianney a grandi durant une période difficile, secouée par de nombreux bouleversements. Né trois ans avant la Révolution, il est témoin de quatre gouvernements différents et des guerres napoléoniennes. Ces changements ont un impact direct sur la population : suppression des écoles dans les campagnes, instauration de la conscription générale pour partir à la guerre. Accueilli par l’abbé Balley, curé d’Écully, puis admis au séminaire après avoir échoué à plusieurs examens, il finit par achever ses études et est ordonné prêtre en août 1815.
Il n’est pas intellectuel au sens classique du terme ; il ne possède pas une intelligence spéculative, mais une intelligence plus fine, plus profonde : une intelligence intuitive, qui va au cœur du mystère
“Il n’est pas intellectuel au sens classique du terme ; il ne possède pas une intelligence spéculative, mais une intelligence plus fine, plus profonde : une intelligence intuitive, qui va au cœur du mystère”, souligne le père Rémy Griveaux. Le Curé d’Ars est rapidement reconnu par ses supérieurs pour sa compréhension intime et intérieure de Dieu et du monde, dès lors qu’il sait user des mots. “Les examinateurs, le supérieur du séminaire et le vicaire général qui lui ont fait passer le dernier examen — après avoir été informés de ses échecs antérieurs — se sont émerveillés de la pertinence et de la profondeur des réponses du futur Curé d’Ars.”
Ordonné prêtre le 13 août 1815, il est d’abord nommé vicaire auprès de l’abbé Balley. À la mort de celui-ci en 1817, il est envoyé dans la Dombes, au cœur du petit village d’Ars. “Il faut savoir qu’Ars, c’était comme la petite Sibérie. Pas forcément qu’il y fît plus froid qu’ailleurs, mais c’était surtout une désolation”, explique le recteur du sanctuaire. En l’y envoyant, le vicaire général de Lyon lui glisse cette phrase désormais célèbre : “Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu, vous en mettrez.”
Le Curé d’Ars s’y installe et se rapproche de ses paroissiens en entreprenant d’abord la reconstruction du clocher de l’église, afin d’y installer une cloche — jusque-là fendue. “Il peut sonner les heures, et à chaque fois qu’une heure sonne, on dit un ‘Je vous salue Marie’. Il y a bien sûr l’angélus du matin, du midi et du soir. Tout un tas de petites choses qui font que la vie autour de l’église reprend”, explique le père Rémy Griveaux. Peu à peu, les habitants sont touchés de voir que le nouveau prêtre s’intéresse à eux, à leur vie. C’est finalement par le sacrement de la confession que le Curé d’Ars devient central dans la vie de sa paroisse et des environs. Dès 1821, il attire près d’une centaine de personnes qui viennent spécialement se confesser. “Ce qu’il veut, ce n’est pas la confession en elle-même, c’est que les gens puissent se tourner vers Dieu, qu’ils découvrent l’amour de Dieu”, s’émeut le père Rémy Griveaux. Pour le Curé d’Ars, le grand enjeu est de vivre avec Dieu.
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