Accueil
Marseille : les plus démunis montent les marches

Marseille : les plus démunis montent les marches

Un article rédigé par Alexandre Bricier - le 9 mai 2025 - Modifié le 13 mai 2025

Des personnes liées de près comme de loin à la rue ont défilé sous les feux des projecteurs mercredi 7 mai. L’association La Cloche organisait une montée des marches de la gare Marseille-St-Charles, en écho au célèbre festival de Cannes. L’objectif : mettre en lumière les femmes et les hommes qu’on ne voit jamais.

©Alexandre Bricier©Alexandre Bricier

Les participants défilent le long du tapis rouge déroulé sur les célèbres escaliers de la gare St-Charles, comme des vraies stars de cinéma. Ce sont des bénévoles d’associations, des sans-abris ou bien encore des anciens SDF qui se sont prêtés à cette première édition de ce défilé solidaire. Des stands de relooking et de goodies, des paparazzis, une présentatrice et même la mise en place d’un plateau radio animé, tout a été minutieusement organisé pour ressembler au festival de Cannes.

 

La Cloche, une association qui prône l’altruisme et le rassemblement

À l’origine de cette initiative, on retrouve l’association La Cloche qui a fait appel à de nombreuses associations et bénévoles pour donner vie à ce projet. "La Cloche essaie de créer du lien social entre les personnes avec et sans domicile. On essaie de changer le regard qu'ont les personnes sur le monde de la rue, ce qu’on fait aujourd'hui avec notre défilé. L’idée est de mettre en lumière les personnes qui sont invisibilisées au quotidien et qui sont liées de près comme de loin à la rue", explique Pauline Deluca, responsable de l’antenne de La Cloche Marseille.

 L’association fondée en 2015 à Paris, est présente aujourd’hui dans de nombreuses villes de France et mène régulièrement des actions afin de venir en aide aux plus démunis. "Sur Marseille on organise des maraudes. On se rend dans des cafés et des restaurants qui acceptent de partager des plats qu’on redistribue par la suite aux plus précaires. La Cloche organise aussi des activités comme une chorale par exemple et des moments conviviaux qui permettent de se réunir", déclare François Besters bénévole au sein de La Cloche Marseille.

 

L’expression de celles et ceux que l’on n’entend pas

Les participants montent tour à tour le long tapis rouge sous les acclamations des passants. Certains ont choisi des tenues extravagantes quand d’autres ont opté pour plus de simplicité. Finalement, tout le monde y trouve son compte.

Une fois en haut des marches, ils font face aux yeux d’un public au rendez-vous avant de formuler un discours et de rejoindre le reste des célébrités. Cédric, bénévole au sein de l’association Entourage, raconte les raisons qui l’ont poussé à défiler : "Aujourd’hui c’était important pour moi de participer à ce défilé. Je suis un ancien SDF, je milite pour aider celles et ceux qui sont toujours à la rue"

Il marque une pause puis revient sur son parcours : "En fait, je touchais le RSA et un jour on me l’a coupé pendant un an parce que j’avais oublié de faire une démarche administrative. Je n'ai pas pu payer mon loyer et j’ai été expulsé. Pour sortir de la rue, l’association Accueil de Jour m’est venue en aide. Ils m’ont trouvé un appartement et à partir de là, j’ai pu trouver un emploi puisque j’avais une adresse. En France si t’as pas de logement, t’as pas de travail et si t’as pas de travail, t’as pas de logement. C’est le serpent qui se mord la queue", conclut Cédric d’un air navré.

 

Une précarité qui ne cesse de gagner du terrain

L’idée de cet événement est donc de transformer le regard porté sur les sans-abris dans un contexte où la grande précarité ne cesse de croître. La population de sans domicile en France a plus que doublé entre 2017 et aujourd’hui, passant de 143 000 individus à 350 000. Des passants venus assister au défilé réagissent à ce nombre et à la performance à laquelle ils ont assisté.

"Non, ça ne me surprend pas dans le sens où par rapport au niveau de vie qui est de plus en plus élevé en France, par rapport à l’accès à l’emploi et à la complexification de la vie en général, c’est un chiffre qui ne m’étonne pas. Je trouve que c’est une superbe initiative portée par La Cloche et les autres asso,  qui permet de valoriser les personnes en grande précarité et de pointer du doigt la thématique de la grande exclusion", affirme Célia venue assister à l’événement.

Retrouvez aussi ces stars d’une journée sur les écrans. L’association La Cloche propose deux cinés-débats le 11 mai au Gyptis et le 13 mai au Videodrome. Le court-métrage "Des âmes et des ombres, nos vies à la rue" du collectif les Ziconofages et co-construit par des personnes à la rue, y sera projeté.

Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.