
Le Grand Témoin
Chaque jour, Louis Daufresne apporte convivialité et regard positif, dans un esprit critique, sur l'actualité au sens large, en compagnie d'une personnalité reconnue et issue du monde intellectuel, religieux, etc.
Episodes
5 décembre 2025Le vieillissement accroît le mal-logement, combat du père Devert
Père Bernard DEVERT, ancien promoteur immobilier devenu prêtre à 40 ans, président-fondateur de Habitat & Humanisme, président du Haut comité pour le Droit au logement
Le mal logement est une plaie française. 40 ans après sa fondation, Habitat & Humanisme poursuit son combat pour la mixité sociale et la mixité des âges, contre la ghettoïsation et l'isolement. Pourquoi cette indifférence à l’égard des personnes en situation de fragilité ? On ne mesure pas à quel point le lieu où l'on habite peut vous transformer. Ancien promoteur immobilier, le père Bernard Devert mobilise 3500 salariés, 60 associations réparties en plusieurs branches (logement d’insertion, l'urgence, le médico-social avec 62 établissements). Son message pour les municipales : que l'on investisse massivement dans le logement et que l'on voie nos aînés comme une richesse, cela changerait tout ! Pour le père Devert, le logement est un acte de soin.
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4 décembre 2025Que signifie être souverain au XXIe siècle ?
Claude REVEL, énarque, ancienne déléguée ministérielle à l’intelligence économique, conférencière. Avait publié en 2012 La France, un pays sous influence ? (Vuibert)
Le président chinois Xi Jinping a accueilli son homologue français Emmanuel Macron, venu le presser de corriger le déséquilibre commercial avec l'Europe, et d’user de ses relations avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Il s'agit de sa quatrième visite officielle en Chine depuis son accession à la présidence en 2017. Le président Xi a lui-même été reçu en France l’an dernier. Les désaccords sont profonds. Emmanuel Macron entend aborder des pratiques commerciales chinoises jugées déloyales, des voitures électriques à l'acier. La relation entre la Chine et l'Europe est caractérisée par un déficit commercial massif (357 milliards de dollars) en défaveur de l'UE. Un colloque se tient samedi à Paris dans le VIe à l’hôtel de l’industrie, colloque organisé par le Nouvel essor français, groupe de réflexion visant à « faire de la France le pays le plus puissant et prospère d’Europe ». Fondé par Patrice Huiban, saint-cyrien devenu haut fonctionnaire et qui enseigne l’économie de la Défense à Sciences Po Paris, le Nouvel essor français se demande ce que signifie être souverain au XXIe siècle. À cette réflexion participe Claude Revel, qui sous François Hollande avait été déléguée ministérielle à l’intelligence économique. Selon elle, la souveraineté se définit comme la « maîtrise avisée de nos dépendances ». Ce concept n’est pas simple à articuler avec l’Union européenne, largement acquise aux États-Unis, comme l’a une nouvelle fois démontré cet été l’accord sur les tarifs douaniers. L’UE se voit imposer des droits de douane de 15%, avec de rares exemptions (aéronautique, spiritueux, médicaments), et des taxes plus lourdes dans certains secteurs (acier). L’UE s’est par ailleurs engagée à hauteur de 750 milliards de dollars à faire des achats d’énergie et à 600 milliards d’investissements supplémentaires aux Etats-Unis.
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3 décembre 2025Quand une fille emmène sa mère à Lourdes
Amandine CORNETTE de SAINT-CYR, romancière. Auteur de Au secours Marie ! (Fayard)
Après avoir appelé au secours sainte Rita, la voilà qui implore la vierge Marie. Pour Amandine Cornette de Saint-Cyr, le Ciel n’est pas vide, le cœur non plus. On a parfois besoin dans sa vie de consolation. Face à la maladie de sa mère, la romancière a décidé d’aller à Lourdes. Les épreuves rapprochent, ramènent ce qu’il reste à vivre à ce qui doit être vécu. Même si des stars comme Maradona sont allés dans la cité mariale, ce sont des millions d’anonymes qui viennent y chercher l’eau. Par-delà ses boutiques à bondieuseries, Lourdes demeure un refuge où la vie reprend son sens après que la maladie l’a fait basculer.
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2 décembre 2025Qui était l'insaisissable général Franco, 50 ans après la mort du Caudillo ?
Stéphane MICHONNEAU, historien, spécialiste de l’Espagne, professeur à l’université Paris-Est Créteil, ancien directeur des études à la Casa de Velasquez à Madrid. Auteur de Franco, Le temps et la légende (Flammarion)
Au sortir d’une guerre civile très meurtrière (1936-1939), le général Francisco Franco domina l’Espagne jusqu’à sa mort le 20 novembre 1975. L’homme fort de la péninsule ibérique, peu charismatique et moqué par ses pairs pour son excessive prudence, instaura un régime en s’appuyant sur le haut clergé catholique, menant une croisade contre « les impies » et contre la contagion communiste. Franco eut l’habilité de se placer au bon moment du bon côté, ce qui lui valut le soutien des États-Unis et l’intégration dans l’OTAN. La répression que dirigea son régime, y compris après la guerre civile, laissa des traces, une « impression » pour reprendre le terme de saint Augustin, qui cristallise l’hostilité mémorielle que lui voue la gauche espagnole qui, en quête d’identité, instrumentalise une histoire que la monarchie avait réussi à apaiser. Les mémoires de l’ex-roi d'Espagne Juan Carlos, déjà sorties en France, parlent d’ « une transition exemplaire », à deux jours de leur sortie en Espagne. Le général Franco l’avait officiellement désigné comme son successeur. L'ancien monarque de 87 ans tient des propos élogieux à l'égard du Caudillo.
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1 décembre 2025Avec Frédéric Hermel, allons de l’Avent !
Frédéric HERMEL, journaliste à RMC. Auteur de C’est ça la foi ! (Fayard)
En voilà qui sait où il crèche et qui le dit : dans ce récit où il se livre, Frédéric Hermel stimule les âmes, la foi n’y étant pas assimilée à un concept lointain, mais à une présence vivante, faite de gestes et d’émotions profondes et d’héritage naturellement partagé. Une foi simple, populaire et joyeuse – qu’il assume avec une certaine nostalgie. Né à Mercatel près d’Arras (Pas-de-Calais), Frédéric Hermel se souvient des trois messes par semaine, des cours de catéchisme où allaient tous les élèves de l’école publique. Le manque de prêtres est à ses yeux « un drame absolu ». Et si l’Avent préfigurait la redécouverte de la foi chrétienne, loin du consumérisme niveleur et vide auquel on assimile la fête de Noël. Les crèches cristallisent un enjeu, celui de l’annonce du Christ dans un monde perdu et sans espérance. Après son livre à succès Zidane et de C’est ça la France ! Frédéric Hermel invite à vivre les rites de la foi, à marier le culturel et le cultuel, une dimension que le catholicisme postconciliaire avait délaissée au profit d’un élitisme désincarné.
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28 novembre 2025L’UE prise en étau entre la Russie et les États-Unis
Pierre MÉNAT, diplomate, ancien directeur des affaires européennes au ministère des Affaires étrangères, ancien conseiller du président Jacques Chirac. Auteur de L’Europe entre Poutine et Trump (L’Harmattan)
Pour l’Union européenne, le temps est sans doute venu de faire le deuil de ses illusions. De part et d’autre, qu’elle se tourne vers l’est, l’ouest ou le sud, ce territoire de paix perpétuel fait face à un monde en fusion et hostile, incarné par des voix comme Donald Trump ou Vladimir Poutine, qui prennent en étau le rêve européen, et surtout la politique étrangère de l’UE historiquement fondé sur le renoncement à la puissance. Vladimir Poutine a déclaré hier que la Russie ne cesserait les hostilités en Ukraine que si les forces de Kiev acceptaient de se retirer des territoires dont elle revendique l'annexion, faute de quoi l'armée russe les prendra « par la force ». La présidence ukrainienne a de son côté formellement exclu tout abandon de ses territoires, affirmant que le seul sujet réaliste était un cessez-le-feu sur la ligne de front. Ces déclarations du président russe surviennent alors que les États-Unis ont présenté la semaine dernière un plan visant à mettre fin à la guerre, plan mis au point par les Russes et les Américains, sans l’once d’une influence européenne.
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27 novembre 2025Penser après-libéralisme
Adrian PABST, politologue, professeur honoraire à l’université britannique du Kent, docteur en philosophie politique et en philosophie des religions. Auteur de Penser l'ère post-libérale - une troisième voie pour sortir de la crise démocratique (Desclée de Brouwer)
En France, le libéralisme coalise contre lui toutes les forces politiques, de gauche comme de droite – qui lui préfèrent l’État omniprésent ou, à tout le moins, le dirigisme d’une élite technocratique. Politologue d’origine allemande enseignant outre-Manche, Adrian Pabst, proche du théologien anglican John Milbank, est une voix qui compte dans ce milieu de la philosophie politique. Selon lui, le libéralisme est dans une impasse, il corrompt nos sociétés, les dissout, fait de chacun de nous des particules élémentaires. Comment en sortir ? Il faut refonder la pensée sur le christianisme social qui fait de la dignité de la personne et du bien commun des absolus. Mais ces concepts sont difficiles à théoriser et surtout à concrétiser, sans être simplement incantatoires, ce qui manifeste au bout du compte une forme d’impuissance à changer le cours des choses. C’est toute la difficulté d’user de concepts normatifs et peu opératoires et le risque est donc de substituer l’utopie au réalisme. Malgré cette difficulté, le post-libéralisme, sans nier l’économie de marché, l’assigne à sa juste place, faisant prévaloir les corps intermédiaires et, dans le sillage du pape François, il représente un antidote à la « culture du déchets » qui est la monstruosité du cynisme économique actuel.
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26 novembre 2025Obliger la Turquie à cesser de persécuter les chrétiens
Grégor PUPPINCK, docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ)
Léon XIV entame demain son premier voyage à l'étranger au cœur du berceau historique du christianisme, en Turquie, pour marquer le 1700e anniversaire du concile de Nicée. Le voyage du pape auprès de Bartholomée 1er, patriarche œcuménique de Constantinople, manifestera l’unité de l’Église. C’est la basilique d'Iznik, où se rendra Léon XIV à 200 km au sud d'Istanbul, qui accueillit en 325 la profession de foi du christianisme que l’Empire romain avait rendu légal douze ans auparavant. Malgré cette longévité et cette antériorité, les chrétiens, ou ce qu’il en reste, sont persécutés par un État turc, islamique sunnite et nationaliste. Un rapport du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), ONG de juristes chrétiens basée à Strasbourg, a publié un rapport détaillé sur la persécution des chrétiens de Turquie, l’idée étant que les media, les ambassades et les politiques fassent du respect des droits des chrétiens une exigence absolue dans leurs rapports avec la Turquie. Ce pays est membre du Conseil de l’Europe, lequel pourrait se saisir de la situation. Une pétition sur le site de l’ECLJ vise à engager cette procédure.
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25 novembre 2025Redonner du sens à l'idée européenne, pour sortir du vide et du vertige qu'il suscite
Olivier ABEL, philosophe, ancien élève de Paul Ricœur, professeur émérite de philosophie et d'éthique à la faculté de théologie protestante de Montpellier. Auteur de Le vertige de l’Europe (Labor et Fides)
En 1992, au moment du saut décisif qu’a représenté le traité de Maastricht, objet d’un référendum, le philosophe Olivier Abel publiait la Justification de l’Europe, où il explorait les raisons d’être philosophiques, historiques et culturelles qui soutiennent l’idée européenne. 30 ans plus tard, le philosophe réfléchit au Vertige de l’Europe, à l’évolution de l’utopie de l’UE, à laquelle il a adhéré pour le souffle qu’elle insufflait, pour l’horizon qu’elle représentait. Aujourd’hui, il estime que l’Europe ne saurait émerger du vide. L’Europe, constate-t-il, est sur la défensive de tous les côtés : la menace russe, la redéfinition du rapport aux Etats-Unis, le choc avec le monde islamique au Sud. « J’appelle Europe tout ce qui a été romanisé, christianisé et qui a subi la discipline grecque », aimait à dire Paul Valéry. Comment redonner du cœur, de la chair, de l’âme à l’Europe qui a tant apporté au monde, qui s’est montrée si curieuse des autres aires de l’humanité. Rien ne saurait émerger du vide sur lequel une construction artificielle peine à s’ancrer. Le pluralisme et le dynamisme des différentes composantes de l’Europe assureront sa pérennité et sa vitalité.
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24 novembre 2025Décivilisation : comprendre la brutalisation gagnant les sociétés occidentales
Gaël BRUSTIER, essayiste, politologue et conseiller politique. Auteur de La Route de la décivilisation (Cerf)
Même si la parole présidentielle est largement démonétisée, le mandat d’Emmanuel Macron restera peut-être associé à un concept, celui de « décivilisation », mot qu’il avait prononcé en mai 2023 en écho à plusieurs faits divers, pour interpeller la société sur la violence qui ronge les mœurs et dont, selon lui, « le politique n’est pas le seul responsable ». Nous serions ainsi engagés dans un processus de dégradation des normes sociales, de l’ordre symbolique et des structures communes, alors que le sociologue allemand Norbert Elias avait bâti sa notoriété sur le mouvement par lequel les règles deviennent de plus en plus codifiées et intériorisées. La civilité n’est pas « naturelle » : elle est apprise, transmise, instituée, comme se tenir dire à table, dire bonjour madame, ou laisser sa place dans le métro. Inspirée d’une analyse utilisant des références à Marx et Gramsci, Gaël Brustier date de la crise de 2008 le basculement vers la brutalisation de la société et l’éclatement des cadres de référence comme les grands partis socio-démocrates dont l’effondrement aura lieu quelques années plus tard. Les chrétiens ont une responsabilité à exercer pour empêcher les jeunes de sombrer dans des causes convulsionnaires et stériles.
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21 novembre 2025Renouer avec les milieux populaires, enjeu du catholicisme contemporain
Yann RAISON du CLEUZIOU, politologue, professeur des universités en science politique. Auteur de Vers une Église sans peuple - Serge Bonnet et le catholicisme populaire (éditions du Cerf)
Au début du mois, le nouveau président de l'épiscopat Mgr Jean-Marc Aveline avait plaidé pour que l'Église « garde sa liberté de parler » afin de « ne pas être à la remorque des idées dominantes ». « L'Église n'a pas d'adversaire, mais elle a un message, et elle doit le dire, que ce soit facile ou pas », s’était écrié l’archevêque de Marseille. Mgr Aveline avait aussi évoqué « l'attrait d'une plus claire identité chrétienne dans une société très plurielle, l'attrait de racines traditionnelles dans un contexte où les repères manquent ». Dans son discours d'ouverture de l'assemblée le cardinal avait fait une mise en garde en estimant que « si le désir d'identité est parfaitement légitime, l'extrémisme identitaire en est une caricature dangereuse ». Cette inquiétude peut être mal comprise ou déformée, à l'image de cette chroniqueuse sur BFMTV le 18 novembre – qui affirmait sans citer ses sources qu’il y avait une montée de l’intégrisme catholique dans les prisons françaises. Il y a bien une radicalisation religieuse en France mais pas chez les chrétiens, comme l’illustre une longue étude de l’Ifop. Plus largement, si le catholicisme se minorise en France, il y a aussi un besoin d'appartenance qui interroge l'institution, laquelle avait malencontreusement chassé les milieux populaires pendant les années 60, comme l'avait relevé le sociologue et historien Serge Bonnet dont Yann Raison du Cleuziou vient d'écrire la biographie.
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20 novembre 2025Radiodon à Metz
Raphaël PITTI, professeur agrégé de médecine d'urgence et de catastrophe, anesthésiste réanimateur, conseiller municipal de Metz en charge de l’accueil des réfugiés et de l’intégration, président de l'association de solidarité HUSOME, Humanité-Solidarité-Médecine
« La France doit accepter de perdre ses enfants. » Nous ne sommes pas en 1914, ni en 1940 mais en 2025. La personne qui s’exprime n’est pas un agitateur de plateau télévisé ; c’est le chef d'état-major des Armées français, le général Fabien Mandon, homme lige du président de la République, chef des Armées lui-même. Le général Mandon s’exprimait hier lors du Congrès des maires de France. « Ce qu'il nous manque, et c'est là où vous avez avec un rôle majeur, c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est », a dit devant les maires le plus haut gradé français qui prédit un choc avec la Russie « dans trois, quatre ans ». La phrase clé de sa déclaration est la suivante : « Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque. Il faut en parler dans vos communes », a-t-il conclu. Médecin humanitaire, Raphaël Pitti analyse ces propos à l’aune de sa longue expérience des conflits et de sa connaissance des institutions internationales.
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19 novembre 2025Radiodon à Dole (Jura)
Rémi JOBARD, président RCF Jura
À mi-chemin entre Besançon et Dijon, Dole est l’ancienne capitale de la Franche-Comté jusqu’en 1676, date de son rattachement à la France. Avec sa collégiale et son parlement, la cité appartenait à la Bourgogne palatine, à l’époque où la Bourgogne descendait jusqu’à Marseille et englobait la Provence. Aujourd’hui, RCF Jura est la radio du réseau RCF dont la notoriété est le plus élevée. Sur 220000 habitants, la moitié connaît la radio, 35000 l’écoutent régulièrement et 10500 au moins une fois par semaine (sondage Médiamétrie). Passionné de ski de fond et de vélo, Rémi Jobard est pleinement engagé dans le marathon que représente aujourd’hui le développement d’une antenne dont les exigences augmentent, à la lumière d’investissements technologiques sur le DAB+, un enjeu pour rester en prise avec l’évolution des modes de consommation de la radio.
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Damien BOYER, réalisateur du documentaire Baroudeurs du Christ
Installé à Montmeyran, près de Valence, Damien Boyer fait partager son enthousiasme de réalisateur, lui qui, après Sacerdoce, nous fait découvrir le visage de cinq baroudeurs du Christ, des prêtres des Missions étrangères de Paris qui donnent tout aux populations d’Asie et de Madagascar. Un éloge à l’humanité, à la radicalité et à la générosité. Sur cette réalité catholique, il pose son regard de protestant évangélique.
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17 novembre 2025Le tour de France du radiodon démarre à Marseille
Raffi DELANIAN, médecin, président de Dialogue RCF, représentant de l'église apostolique arménienne au comité oecuménique de Marseille
S’il est une ville laboratoire qui vit l’œcuménisme en actes, c’est bien Marseille, métropole où toutes les communautés vivent intra muros, contrairement à Paris et à Lyon. Ici, les Arméniens représentent 10 % de la population, 80000 personnes, dit-on, car la France refuse les statistiques de nature ethnique ou religieuse. C’est la deuxième plus grande chrétienté à Marseille, avec trois branches qui se parlent et s’estiment depuis le 50e anniversaire du génocide de 1915 : l’église apostolique, les évangéliques et les uniates. L’église apostolique, héritière de saint Thaddée et saint Barthélémy, a son petit Vatican, à Etchmiadzin. Les Arméniens ont une connaissance aiguë du monde islamique, ayant vécu cinq siècles de dhimmitude. En terre d’islam, cela signifie qu’ils sont à la fois protégés et inférieurs. Les vagues de persécution ont laissé des traces et, pour la diaspora, ont contribué à souder les Arméniens, ceux qui en particulier ont débarqué à Marseille pour refaire leur vie et, souvent y faire de belles carrières, à l’image de Raffi Delanian, fils d’orphelin, devenu médecin et président de Dialogue RCF.
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14 novembre 2025L’aéronautique française sur le « champ de bataille » du spatial
Nicolas BILLECOCQ, polytechnicien, directeur des opérations de HyPrSpace, start-up du spatial
Brouillages massifs, espionnage de satellites, menace d'armes nucléaires dans l'espace : face aux agissements russes, Emmanuel Macron a annoncé mercredi l'octroi de 4,2 milliards d'euros supplémentaires pour renforcer la défense spatiale française, un effort nettement inférieur à celui de l'Allemagne. En présentant la nouvelle stratégie française dans l’espace à horizon 2040, le chef de l'Etat a reconnu que le spatial est devenu « un champ de bataille ». Il a prôné le développement des futurs lanceurs européens réutilisables pour gagner en compétitivité face à SpaceX du milliardaire Elon Musk. Polytechnicien et passionné d'aéronautique et de spatial, Nicolas Billecocq a commencé sa carrière à Vernon sur le programme Ariane 5, puis s’est expatrié 5 ans à Seattle pour y développer des technologies innovantes appliquées aux trains d’atterrissage du Boeing 787. Après avoir rejoint l’activité moteurs d’hélicoptères de Safran Helicopter Engines à Pau, il a pris la responsabilité de Directeur de Programme pour les moteurs Arriel et Arrius, les best-sellers de l’entreprise. Son goût pour l'innovation l’a poussé vers Bordeaux et l'univers des start-up avec Azur-Drones, leader européen du drone autonome, puis récemment HyPrSpace, qui se lance dans la course à l'espace avec une solution innovante de propulsion hybride.
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13 novembre 2025Face au Bataclan ou Charlie, ils préfèrent quitter l’islam
Sonya ZADIG, psychologue, psychanalyste, linguiste. Auteur de Les enfants perdus de la République (fayard)
Tous les terroristes se disent musulmans, tous les musulmans ne sont pas terroristes, et en ce 13 novembre, il est opportun de le rappeler, de refuser l’amalgame. Car, comme tout un chacun, les esprits sont capables de réfléchir et de prendre leur autonomie, y compris par rapport à la pression de la religion et à l’encadrement social qu’elle exerce. Le christianisme a déjà connu cette phase - dont il est sorti, pour accéder à cette maturité moderne qui fait que ne sont chrétiens que ceux qui le désirent vraiment. Le monde musulman est-il en train de connaître une évolution comparable ? Au contact de l’Occident, un partie de ses croyants opèrerait une démission silencieuse; ce que les Anglais nomment dans le monde du travail le quiet quitting, la grève du zèle, laquelle amène tout simplement à abandonner sa croyance, ce qui signifie pas que l’on se convertit à une autre religion, même si le vide lié au statut d’apostat conduit le plus souvent à se convertir au christianisme. Pour bien comprendre ce phénomène, Sonya Zadig, psychologue d’origine tunisienne, considère l’islam comme une loi, une culture, un droit, pas une religion au sens du lien personnel, intime qu’une âme entretient avec Dieu. Sur les 1500 personnes que compte le cercle des apostats, en elle a rencontré 280 d’où elle a tiré des entretiens très puissants. Son enquête est dédiée à Boualem Sansal, libérée grâce à l’Allemagne. Elle observe que la France abandonne ceux qui veulent vivre dans la République, en assignant les musulmans au ghetto de leur culture.
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12 novembre 2025Procès du groupe Lafarge : la France avait encouragé l'entreprise à rester en Syrie
Jean-Marie SCHMITZ, ancien directeur général adjoint du groupe Lafarge
Le procès du groupe Lafarge reprendra la semaine prochaine, le 18 novembre. Les débats avaient été suspendus au deuxième jour, le tribunal correctionnel de Paris ayant reconnu l’existence d’une irrégularité de procédure. Ce procès pose la question de la responsabilité des entreprises en zone de conflit : dans quelle mesure le cimentier français pouvait-il agir en Syrie en zone de guerre sans être tenu responsable du financement des groupes armés avec lesquels il devait composer ? Aux États-Unis, Holcim (qui avait avalé Lafarge en 2015) a plaidé coupable d’ « avoir conspiré pour fournir un soutien matériel à des organisations terroristes étrangères » en acceptant de payer environ 777 millions de dollars d’amende pour ne pas se voir interdire le marché américain.
En France, Lafarge est poursuivi en tant que personne morale, avec huit anciens responsables, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes en Syrie jusqu'en 2014 pour maintenir l'activité de sa cimenterie de Jalabiya, dans le nord du pays. Le groupe français est soupçonné d'avoir versé plusieurs millions d'euros à des groupes rebelles jihadistes – dont l'État islamique et Jabhat al-Nosra, classés comme « terroristes ». Vont devoir s’expliquer l'ancien PDG Bruno Lafont, dont la ligne de défense consiste à dire qu’il ne savait pas, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens, dont l'un est visé par un mandat d'arrêt international. En France, l’affaire avait été déclenchée par une plainte déposée il y a neuf ans, en novembre 2016, par 11 anciens salariés syriens, accompagnés des ONG Sherpa et ECCHR (Centre européen pour les droits constitutionnels et humains). Pour Jean-Marie Schmitz, ancien DG adjoint de Lafarge, groupe qui se prévalait du catholicisme social, ce procès est désolant, d’autant que la diplomatie française et Laurent Fabius avaient encouragé l’entreprise à rester en Syrie pour recueillir du renseignement sur la situation en pleine guerre civile.
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11 novembre 2025Albert Roche, le soldat méconnu
Julien HERVIEUX, scénariste de « Albert Roche, héros de guerre » - dessin : Éric Stalner (Grand Angle)
Albert Roche (1895-1939), engagé volontaire en 1914, a été surnommé « le premier soldat de France » par le maréchal Foch. À lui seul, ce paysan de la Drôme aura capturé plus de 1180 soldats allemands ! Julien Hervieux et Éric Stalner retracent ses faits d’armes dans une BD trépidante. « On vit dans ce monde très étrange où des personnages extraordinaires tombent dans l’oubli », dit Julien Hervieux, comme si être patriote, courageux et humble, était incongru.
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10 novembre 2025Le Je & le Nous, une histoire de la pensée politique, à l'heure où les politiques ne pensent plus
François HUGUENIN, historien des idées, docteur en histoire et en sciences sociales, spécialiste de l’histoire du catholicisme. Auteur de Le Je & le Nous - une histoire de la pensée politique des origines à nos jours (éditions du Cerf)
En cette semaine du 11 et du 13 novembre, le temps est propice pour réfléchir à la tension perpétuelle entre le Je et le Nous, pour faire dialoguer la personne et la communauté. La première date rappelle l’apocalypse de la Grande Guerre, la seconde la vague d'attentats islamistes visant le Stade de France, des terrasses de café et la salle de spectacle du Bataclan à Paris. La question est de savoir ce qui nous tient encore ensemble. Un premier âge de la pensée politique a culminé avec le Nous, tandis que la modernité ne cesse d’exalter le Je au point de se rebeller contre la nature elle-même pour idolâtrer une idée identité subjective perpétuellement indécise. Mais, en s’affranchissant de tout, y compris de sa nature, ne détruit-on pas à la fois l’essence, ce que nous sommes, et le sens, ce qui nous est commun avec autrui et justifie que nous entrions en relation avec lui. Face à cela, le bien commun promu par l’Église, bien qui ordonne celui du tout et des parties, prend en compte le donné anthropologique, la réalité, afin de concilier le Je et le Nous, à savoir la communauté et la liberté, dans une tension qui soit le plus harmonieuse possible.
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