"L'affaiblissement des traditions chrétiennes impacte l'Europe" selon le philosophe Olivier Abel
Olivier Abel est philosophe et professeur émérite de philosophie à la faculté de théologie protestante de Montpellier. Il est l’auteur du livre Le vertige de l’Europe. Il évoque les traditions chrétiennes sur lesquelles l’Union Européenne a été fondée.
Olivier Abel © DRLe projet européen a été motivé par la volonté de construire une paix durable en Europe. Parmi les motivations figurent la prospérité économique, le progrès social et une volonté de maintenir la paix, surtout suite à la Seconde Guerre Mondiale. Plusieurs fondateurs, tels que Robert Schuman et Jean Monnet, étaient inspirés par des valeurs chrétiennes.
Les traditions chrétiennes
Olivier Abel affirme qu’il existe "une tension féconde entre les traditions catholique et protestante". Sur les questions politiques, le catholicisme "est ancré dans la tradition romaine, la continuité apostolique de la fondation". Au contraire, la vision "théologico-politique" du protestantisme est "fondée sur l'alliance". Pour le philosophe, "chacune de ces conceptions, isolées, se seraient endormies".
On ne peut être ensemble que parce qu'on peut se séparer, on ne peut se lier que parce qu'on peut se délier.
Olivier Abel insiste, "ensemble, ces traditions ont produit des fruits magnifiques". "Par rapport à la pluralité de l'Europe et à sa diversité, l’Union Européenne est une invention politique passionnante", ajoute-t-il.
Le cœur de l'Union Européenne
Il y a 30 ans, lors de la signature du Traité de Maastricht, Olivier Abel publiait un livre intitulé La justification de l'Europe. A cette période, il avait "le sentiment que quelque chose d’attirant était en construction". Les conceptions parfois différentes de l’Union Européenne motivaient les États a y adhérer pour des raisons variées. Olivier Abel qualifie cela de "pluralité conflictuelle" qui peut être, selon lui "elle-même fondatrice". Désormais, sa perception de la situation a évolué. Il se dit "inquiet", surtout parce qu’il craint que "l’Union Européenne se soit construite sur un vide". Ce vide est dû à "l’absence du socle des traditions fondatrices" et est caractérisé par "un scepticisme rongeur". En s’appuyant sur les propos de Paul Ricoeur, dont il a été l’élève, Olivier Abel déclare "qu’on ne peut penser une construction sans qu’elle n’ait une âme et un cœur".


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