Marie Wallaert | Choisir sa banque, un choix moral
Direction le Mozambique, où Total Energies implante un projet d'exploitation de gaz. Alors que "Mozambique LNG" vient de perdre le soutien du Royaume-Uni et des Pays-Bas, les banques françaises, elles, maintiennent le placement de notre argent dans ce projet controversé.
Marie Wallaert © DRTotal Energies, défend que ce projet permettrait le "développement socioéconomique de cette zone défavorisée." Les ONG locales déplorent que "Le Mozambique subit déjà les impacts du dérèglement climatique et que ce projet ne fera qu’empirer les choses." Et "Si les acteurs financiers veulent investir dans le développement" ils devaient "financer l’éducation, le logement et des systèmes énergétiques justes pour les populations". Mozambique LNG va émettre au total environ 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2. C’est ce qu'émettent les 27 pays de l’UE réunis en une année. Sans compter que ce projet met en danger les personnes qui y vivent. Il y a déjà eu plus de 1500 morts sur le site depuis le début des travaux.
Le lien avec les banques
Sans argent, pas de projet. En France, c’est la Société Générale et le Crédit Agricole qui investissent ou prêtent de l’argent à Total Energies pour Mozambique LNG. Pourtant, pour limiter le réchauffement climatique, elles avaient dit qu’elles ne financeraient plus ce genre de projets. La promesse n’est donc pas tenue. A notre échelle, nous pouvons changer de banque. Enfin plutôt, changer l’endroit où l’on place son argent, pour que notre épargne finance des projets éthiques. L’impact est très important, parce que les infrastructures de ces projets coûtent très cher. Plus c’est dur à financer, moins ça fait de profits. C’est déjà prouvé qu’investir dans ce secteur, c’est risqué ! Cela a un impact sur l’image de l’entreprise. Aujourd’hui, les entreprises ont de plus en plus de mal à recruter de jeunes diplômés. En fait, ça encourage tout le monde : les élus à mener des politiques ambitieuses, et les banques à placer notre argent dans des projets éthiques. Et ça marche !
Faut-il changer de banque ?
Bien sûr, faire des choix individuels c’est bien, mais des gestes collectifs c’est mieux. Et justement on a de la chance parce qu’on on fait partie de l’Eglise, donc on peut agir à ce niveau-là. L’Eglise a de l'argent pour payer les salaires des prêtres, leurs EPHAD, les loyers. Mais ce qu'il reste, elle le place pour le faire fructifier. Avec Lutte et Contemplation on a créé un kit de mobilisation pour que tout le monde puisse interpeller son diocèse sur ses placements financiers. Jean-Paul II disait que "Le choix d'investir en un lieu plutôt que dans un autre est toujours un choix moral et culturel". La Commission des épiscopats de l’UE a même déclaré : "Comparé aux autres choses à faire, s’engager à désinvestir des énergies fossiles est la plus facile et nous pouvons prendre cet engagement ensemble."


Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Madeleine Vatel, journaliste au service foi & spiritualité de RCF ;
- Le mardi : Claire des Mesnards, pasteure de l'EPUdF et secrétaire exécutive du réseau européen chrétien pour l’environnement, et Elisabeth Walbaum, déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante ;
- Le mercredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Marie Wallaert de Lutte & Contemplation ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne, et Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Etienne Pépin, directeur des programmes de RCF et Radio Notre-Dame.




