Marie Wallaert | Abrogation des lois sur les enjeux environnementaux
L’Union Européenne vote aujourd’hui un volet de la loi Omnibus, qui vise à abroger des lois sur les enjeux environnementaux. Mais qui souhaite cette abrogation ?
Marie Wallaert © DRIl y a d’un côté le Qatar et les Etats-Unis, et de l’autre des entreprises, principalement total et Siemens. Ils trouvent cette loi trop contraignante sur les plans écologiques et sociaux. Du côté de l’hémicycle européen, c’est une alliance inédite entre la droite et l’extrême droite.
Pourquoi cette abrogation est problématique ?
C’est problématique pour 3 raisons. D’abord parce que c’est anticonstitutionnel, ensuite parce qu’il y a une ingérence étrangère forte, et surtout parce que c’ est dicté par les multinationales. Après un long travail d’analyse, la médiatrice de l’Union Européenne a rendu son verdict : cette loi est anticonstitutionnelle. En fait c’est très simple. Quand l’Union européenne vote une avancée écologique et sociale, elle ne peut pas revenir en arrière. Si jamais elle veut revenir en arrière, il faut faire une étude de l’impact que ça aurait sur le climat. Et là ça n’a pas du tout été fait. Ce qui est intéressant ce que ce verdict il va dans le sens des centaines de professionnels du droit européen qui avaient déjà tiré la sonnette d’alarme.
Les structures du péché
Je ne sais pas vous mais moi quand le Qatar, Trump et Total sont alignés contre une loi, ça ne me dit rien qui vaille. Ces derniers mois, ils ont multiplié les rendez-vous pour réduire les législations qui les empêchent de faire autant de profit qu’ils aimeraient faire. Le rôle du politique c’est justement de réguler ces structures de péché. C’est un terme qui nous vient de Jean Paul II. Quand les entreprises sont guidées uniquement par le profit et le pouvoir, elles deviennent des structures je cite « déshumanisantes et porteuses de mort » qui entrent "en contradiction ouverte avec
l’Évangile du Christ" (LC 57), d’après Paul VI.
Ces entreprises comme Total, ces États comme le Qatar et ces hommes politiques comme Trump, ils cherchent à être tout puissant. Ils veulent détruire la terre sans aucune contrepartie. Ils refusent les contraintes pour faire travailler dignement les personnes. En fait ils cherchent à être entièrement libres de toute législation. Et c’est cette question d’un déséquilibre dans le rapport à la liberté que dénonce Jean-Paul II. Je le cite « tout mépris de
l’homme, toute injustice doit être cherchée dans le déséquilibre intérieur de la liberté humaine » (Celam, Conclusions de Medellin, 1992, p. 10). Le rôle du politique, c’est de réguler la liberté des structures de péché pour qu’elles restent au service du bien commun (CA 38). Les politiques doivent créer des lois pour "réprimer ce qui tendrait à détruire la vie en commun" comme nous invite à le faire saint Thomas d’Aquin.


Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Madeleine Vatel, journaliste au service foi & spiritualité de RCF ;
- Le mardi : Claire des Mesnards, pasteure de l'EPUdF et secrétaire exécutive du réseau européen chrétien pour l’environnement, et Elisabeth Walbaum, déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante ;
- Le mercredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Marie Wallaert de Lutte & Contemplation ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne, et Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Etienne Pépin, directeur des programmes de RCF et Radio Notre-Dame.




