Blanche Streb | Quand la langue française devient une bataille idéologique
LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - Ce matin Blanche Streb nous parle de mots, de notre langue mais surtout de manipulations de la langue et du nouvel essai de Sami Biasoni qui vient de sortir.
Blanche Streb © DRDes concepts un peu flous
En effet, si je vous dis : écriture inclusive, éducation positive, vivre ensemble, démocratie participative, fluidité de genre, masculinité toxique, matrimoine (je précise, c’est patrimoine, féminisé), Femmage (pour remplacer hommage) ou encore wokisme, safe space, déconstruction, urgence climatique, à quoi pensez-vous ?
Toutes ces expressions n’ont pas grand-chose en commun, si ce n’est qu’elles sont plutôt récentes, certaines sont des concepts un peu flous, d’autres assez militants. Ce sont des mots, voire des maux (MAUX) d’aujourd’hui. On le voit tous les jours, notre langue est devenue un véritable champ de bataille idéologique. Beaucoup de néologismes, d’euphémismes, d’expressions, et autres mots valises chargés d’émotions ou d’idées sous-jacentes sont apparus ces dernières années. Clairement : le politiquement correct manipule notre langue et donc, nos esprits.
Forme de militantisme
Mais utiliser la langue comme une arme, ce n’est pas nouveau. Les régimes totalitaires l’ont toujours fait. En 500 avant Jésus Christ, Confucius écrivait déjà que « Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté ». Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que ce phénomène ne vient pas d’un régime autoritaire surplombant, mais s’insinue et se répand insidieusement dans le langage courant par la base, les média, l’école, la culture, l’université, l’influence d’autres cultures aussi, par des personnalités. C’est plus subtil. Mais pas moins nocif. L’espace public est saturé de ces concepts brouillardeux, vidés de sens ou très « prêt-à-penser », et qui s'imposent à tous, sans débat.
C'est une forme de militantisme a envahi notre langue. La langue, les mots, c’est la base de toute pensée. On ne pense pas en dehors de notre langue. On n’agit pas en dehors de notre langue. Tous ce jargon et ses pièges conditionnent ou inhibent la pensée. Et même, la liberté. Car refuser d’en utiliser certains oblige parfois de facto à dévoiler sa pensée. Tout ça contribue aussi à une forme de violence, qui pousse à l'autocensure voire à penser contre soi-même.
Garder son esprit critique
Il faut prendre conscience et comprendre ce qui se passe, pour garder son esprit critique. Je voulais souligner un livre qui vient de paraitre et que je qualifierais d’indispensable sur ce sujet. C’est l’encyclopédie des euphémismes contemporains, et autres manipulations militantes. Ce phénomène, ces expressions ou glissements sémantiques sont décortiquées avec clarté par une quarantaine d’intellectuels, sous la brillante direction de Sami Biasoni, docteur en philo et professeur chargé de cours à l’Essec et à l'Ecole Polytechnique. À bon lecteur, Salut !


Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Madeleine Vatel, journaliste au service foi & spiritualité de RCF ;
- Le mardi : Claire des Mesnards, pasteure de l'EPUdF et secrétaire exécutive du réseau européen chrétien pour l’environnement, et Elisabeth Walbaum, déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante ;
- Le mercredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Marie Wallaert de Lutte & Contemplation ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne, et Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Etienne Pépin, directeur des programmes de RCF et Radio Notre-Dame.




