LA CHRONIQUE DES ENFANTS DU MEKONG - Aujourd’hui, Antoine Besson veut nous raconter une histoire.
J’aimerais, ce matin, vous parler de fiction. Mais pas n’importe quelle fiction. L’idée ici n’est pas de vous divertir, mais plutôt de vous proposer un avenir désirable.
Je m’explique. Il y a quelques années, un mouvement dans la mouvance écologiste a pris conscience que, s’il voulait mobiliser des millions de personnes autour d’une cause, il fallait pouvoir proposer un horizon désirable. Un point d’arrivée. C’est une idée toute simple, mais extrêmement puissante et qui dépasse la seule question écologique. Dans toutes nos activités humaines, nous sommes mus par ce désir de faire advenir un monde désirable que nous sommes capables d’imaginer, de concevoir, de désirer et, par conséquent, de réaliser.
C’est essentiel. C’est la première pierre de l’édifice de toute société humaine : les récits fondateurs. Pour l’écrivain Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens, une brève histoire de l’humanité, c’est même la raison de la domination de l’être humain sur toutes les autres espèces : non pas sa capacité à créer des outils, non pas sa remarquable intelligence, mais bien sa capacité à coopérer grâce, notamment, à des concepts qui n’existent que dans l’intelligence collective de l’espèce, autrement dit des histoires, des récits ou encore des croyances. Alors, ce matin, j’avais envie d’interroger nos croyances.
Il y a quelque temps, un ami m’a interpellé sur la jeunesse d’aujourd’hui, m’interrogeant sur une présupposée peur de l’engagement de la nouvelle génération. C’est, par exemple, une croyance parfaitement fausse. Un sondage commandé à l’IFOP par la Fondation de France en novembre dernier le démontre : sept jeunes sur dix déclarent ne pas vouloir travailler pour une entreprise qui ne partage pas leurs valeurs. Pour la grande majorité d’entre eux, s’engager, c’est avant tout mener des actions directes et personnelles, comme "aider les autres" et "avoir un comportement civique et solidaire". 83 % des jeunes interrogés ont déjà expérimenté le don ou le bénévolat. Pourtant, cette idée que les jeunes s’engagent moins a la vie dure.
Nos volontaires Bambous en sont la preuve vivante. Mais plus encore, chaque année, des jeunes s’engagent avec nous pour réaliser des exploits sportifs. Pour eux, la simple performance n’a aucun sens si elle n’est pas reliée à une dimension humanitaire qui lui donne du sens. C’est le cas de Maxence, Pierre-Étienne, Antoine et Paul, qui se sont lancés la semaine dernière dans une aventure folle : rallier le Mékong depuis Paris à moto. "Partir pendant plusieurs mois pour voyager et découvrir le monde, c’est bien ; y donner un sens, c’est mieux", expliquent-ils simplement pour justifier leur démarche. Le nom de leur projet est tout aussi simple : La Route vers le Mékong, mais n’en doutez pas, il y a des trésors de générosité qui se cachent derrière ces kilomètres qu’ils vont devoir parcourir pour rejoindre les filleuls qu’ils vont rencontrer.
Toujours sur les routes, il y a aussi Juliette et Marine, qui, elles, rentrent tout juste de leur périple baptisé Le Mékong à bicyclette. Une aventure humaine de trois mois, toujours, mais à vélo cette fois-ci, riche en rencontres et en émotions.
Et les récits, dans tout cela, me direz-vous ? Eh bien, je crois qu’il n’y a pas à aller chercher bien loin pour comprendre que ces jeunes gens, à travers leurs aventures, écrivent les histoires qu’il nous manque. Des récits d’aventure et de générosité. Des récits de partage et de courage. Et si parfois nos vieux réflexes nous enferment dans de fausses croyances sur la jeunesse d’aujourd’hui, c’est peut-être parce que nous ne racontons pas suffisamment ces merveilleuses aventures. Peut-être que la question n’est pas tant de créer de nouveaux récits, mais plutôt de savoir choisir les récits que nous voulons entendre. Parce que, croyez-moi, des histoires inspirantes, il y en a énormément tout autour de nous. À nous d’être à l’écoute. Devenons les relais de ces belles histoires qui inspirent. Façonnons ainsi un avenir désirable d’entraide et d’aventure, comme le font déjà Juliette, Marine, Maxence, Pierre-Étienne, Antoine et Paul.
Association de loi 1901, reconnue de bienfaisance et habilitée à recevoir dons et legs, Enfants du Mékong n’a cessé d’évoluer depuis 1958 pour s’adapter aux demandes du terrain. Voulue comme un lien d’amitié avec les peuples d’Asie du Sud-Est, elle est restée fidèle à sa vocation première : aimer et secourir les enfants pauvres et souffrants en leur offrant un avenir grâce à l’instruction.
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