Les PFAS sont des polluants éternels présents tout autour de nous. Invisibles mais très décriés, pourquoi sont-ils dangereux et quelles sont les conséquences de ces substances sur les humains et l’environnement ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Stéphanie Gallet et Melchior Gormand.
Leur acronyme est de plus en plus médiatisé. Les PFAS sont considérés comme des polluants éternels. "C'est une substance créée par les humains dans les années 1940. Perçue comme prometteuse, les industriels ont commencé à les utiliser partout", raconte Raphaëlle Aubert, journaliste au Monde, qui avec un consortium de médias internationaux, a révélé le coût vertigineux de la dépollution des PFAS pour nos économies et l’ampleur de la campagne de lobbying menée par les industriels.
Les per- et polyfluoroalkylées, de leur nom complet, sont présentes là où on ne les attend pas, "dans les cosmétiques, les tissus d'ameublement et les jouets", énumère Sylvie Platel, responsable du plaidoyer santé environnement chez WECF France (Women Engage for a Common Future). "Chacun d’entre nous est imprégné de PFAS", poursuit-elle. Comment comprendre leur dangerosité et comment la résistance s'organise-t-elle ?
"On les nomme polluants éternels car ils ne se dégradent pas naturellement", indique Raphaëlle Aubert. "Sans action humaine, ils s’accumulent dans la nature et infiltrent les cours d’eau, les sols, les végétaux et les eaux usées", s'alarme-t-elle. Pour la journaliste, "tout part de la production des PFAS", où s'ensuit une chaîne de contamination exponentielle. Que ce soit dans les usines ou dans l’agriculture, les conséquences sont multiples. Stéfan Colombano, ingénieur au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) indique qu’il existe "plusieurs points d’entrée de pollution aux PFAS : le site de production des objets utilisant ces polluants, l’utilisation de ces objets au quotidien et les déchets liquides ou solides".
On les nomme polluants éternels car ils ne se dégradent pas naturellement.
Ces polluants se trouvent dans chaque recoin de France et d’Europe mais certains endroits en concentrent un grand nombre. Stéfan Colombano les dénomme "les hotspots" et précise que "des diagnostics et analyses sont en cours pour quantifier le flux des PFAS qui sortent de centaines d’usines". Raphaëlle Aubert indique que "les zones les plus contaminées se trouvent en Belgique et dans les pays nordiques de l’Europe. En France, dans la vallée de la chimie près de Lyon, on retrouve massivement ces substances".
"Tout est lié, est interconnecté et s’accumule, cela crée un effet cocktail", rapporte Raphaëlle Aubert. "C’est difficile de parler de l’environnement sans parler de la santé humaine et animale", renchérit-elle. Sylvie Platel dénombre, entre autres, les conséquences des PFAS sur la santé humaine. "Une augmentation des risques de cancers, des problèmes de fertilité, le développement de maladies respiratoires comme l’asthme, etc. On se rend compte que malgré les interdictions et législations de ces substances, les PFAS sont répandues et sont également présentes dans notre organisme", se désole-t-elle. Elle révèle "qu’une étude de l’INSERM a démontré que ces polluants affectent le placenta de la femme enceinte, ils affectent la santé de l’enfant à naître mais aussi lorsqu’il grandira, car il y sera exposé".
Les conséquences des PFAS : une augmentation des risques de cancers, des problèmes de fertilité, le développement de maladies respiratoires, etc.
Du côté des animaux et de la biodiversité, la journaliste dévoile que des tests réalisés sur des mammifères "ont pointé la toxicité des PFAS". La nourriture qu’ils ingèrent est donc contaminée, et par ricochet, les Hommes qui mangent de la viande aussi. Cela est dû aux rejets toxiques des usines mais aussi aux pesticides qui peuvent être utilisés par les agriculteurs.
"C’est une affaire collective", signale Raphaëlle Aubert. "Le problème, ce sont les entités qui les produisent, il existe des alternatives, c’est évident", observe-t-elle. "Ce qui est déversé dans le passé est un stock qui s’accumule", met en lumière Sylvie Platel. Stéfan Colombano expose deux façons de mettre fin aux PFAS lorsqu’ils sont déjà produits. La neutralisation des molécules qui composent la substance est une première solution, mais "qui s’avère difficile et qui engendre un coût énergétique et monétaire conséquent", expose le scientifique. Raphaëlle Aubert complète ses propos en affirmant que "cette action coûtera 100 milliards d’euros par an à l’Europe et engendrera d’importants travaux sur les infrastructures de neutralisation des particules".
C'est une affaire collective.
La seconde option selon Stéfan Colombano est de "piéger les particules avec des filtres spéciaux". Dans ce cas là, le scientifique assure qu’il faut "adapter les techniques qui existent déjà". Raphaëlle Aubert donne un exemple de cette destruction des PFAS, l’incinération : "pour brûler des organismes touchés par ces substances, il faudrait monter à une température de 1100°C, ce qui est très énergivore, sinon on crée de nouveaux PFAS. De plus, on ne peut pas utiliser des incinérateurs traditionnels car cela générerait encore d’autres polluants."
En tant que militante associative, Sylvie Platel utilise la sensibilisation pour informer les gens de ce problème persistant, tout en leur donnant des solutions. "Il faut les accompagner au changement", soutient-elle. "Entre la sidération et le déni face à cette révélation, il faut savoir prendre en compte cette information violente." Elle demande aux politiques de prendre des législations face à ce phénomène de grande ampleur. “La santé n’a pas de prix”, conclut Sylvie Platel.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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