La réconciliation : un mot d'ordre au Rwanda, près de trente ans après le génocide
Du 7 avril au 17 juillet 1994, un génocide a été perpétré au Rwanda, à l’encontre des Tutsis. Des Hutus modérés, ou étant venus en aide aux Tutsis, font également partie des victimes. Les chiffres sont vertigineux : entre 800.000 et un million de morts en 100 jours. Aujourd’hui au Rwanda, le mot d’ordre est la réconciliation et à l’unité nationale. Quitte à perdre la mémoire de cette histoire tragique.

Près d'un million de morts en 100 jours
Circulez, il n’y a rien à voir. Ou presque. Aujourd’hui au Rwanda, la politique du président Paul Kagame fait la part belle à la réconciliation et à l’unité nationale. Près de 30 ans après le génocide qui opposa Tutsis et Hutus, on ne parle plus au sein de la population des massacres perpétrés contre ces Tutsis, et quelques Hutus modérés, durant l’année 1994. Pourtant, entre le 7 avril et le 17 juillet 1994, ce sont entre 800.000 et un million de personnes qui seront massacrées. En 100 jours. Et encore, il ne s’agit que d’estimations.
Depuis 1994, plus aucune mention de l’origine ethnique des Rwandais n’apparaît sur les documents d’identité. Cette distinction avait été introduite par les colonisateurs belges durant les années 30. Près de 30 ans après la fin du génocide, le dynamisme du pays semble évident. Il mise sur le tourisme et attire de plus en plus les capitaux étrangers. On peine à imaginer la tragédie qui s’est déroulée dans les collines verdoyantes de ce pays d’Afrique.
Le mémorial de Kigali
Bien que l’on n’en parle pas dans les familles, le génocide reste présent, si l’on est attentif, à travers les nombreux mémoriaux qui jalonnent le pays. Illustration au mémorial de Kigali. Inauguré en 2004, ce mémorial accueille environ 250.000 victimes. "Un lieu de mémoire et d’apprentissage" selon ses responsables, eux-mêmes rescapés du génocide. Dans cet endroit se mêlent les témoignages des bourreaux, et des survivants. Comme l’illustration visible de la réconciliation qui tente de s’opérer dans le pays.
A Kigali, le mémorial repose sur plusieurs fosses communes, où sont empilés les cercueils. Le tout situé sous un jardin verdoyant, le jardin de la mémoire. Ce genre de mémorial a également pour vocation d’entretenir et d’apprendre la paix. Aujourd’hui, les écoliers rwandais apprennent ce qu’est cette paix dans les établissements scolaires. Les responsables de mémoriaux, comme celui de Kigali, assistent ainsi régulièrement les enseignants afin d’inculquer un message de paix dans leur travail au quotidien auprès de la jeunesse.
Le prix de la mémoire
Outre le mur recouvert des noms des victimes, le mémorial de Kigali envisage la construction d’un mur portant les noms des justes, c’est-à-dire des personnes qui ont aidé les Tutsis à ne pas se faire massacrer en 1994. Au niveau national, ces gens ont été remerciés par le président Kagame pour leur courage. "C’est une grande inspiration pour ce programme d’unité et de réconciliation" dit-on à Kigali.
Près du mémorial, se trouve un musée, qui abrite plusieurs expositions, dont la plus longue retrace le contexte historique et la chronologie des événements. A l’entrée du musée, un mot saute aux yeux : "Kibuka". Ce qui veut dire mémoire. Un lieu poignant, très fort en charge émotionnelle, où une cellule psychologique a été mise en place, car il n’est pas rare que face à tant de souvenirs, des visiteurs, voire des employés du musée, craquent. Le prix de la mémoire.
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