
LE MOT DE LA SEMAINE - Le pape François s’éteignait le 21 avril dernier, et le jeudi 8 mai au deuxième jour du conclave l’Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, était élu Pape. Retour sur les mots pape et souverain pontife.
Explication et origines des mots pape et souverain pontife.
J’aurais pu aussi vous expliquer le mot « Prevost », ayant écrit il y a trente ans un petit livret sur ce patronyme, le mien étant évidemment de même origine. Il vient en fait du latin « prae positus », c’est-à-dire « posé devant », ce qui explique les fonctions de responsabilités militaires puis
administrative du « prévôt » qui en est issu. Et donc le pape Prévost est doublement en tête pour représenter la religion catholique !
Ajoutons que c’est un patronyme qui correspond à la Normandie et aux départements des Hauts-de-France, la souche paternelle du pape venant d’ailleurs de Normandie. Il reste à expliquer le mot pape. L’origine en est le grec pappas, avec deux p, désignant le père, avec affection et respect, et en latin « papa », père donc, fut d’abord le titre d’honneur donné à tous les évêques ce qui est attesté au III e siècle. Au passage remarquons que nous disons toujours à maints hommes d’église « Mon Père ». C’est au VI e siècle qu’on réserva plutôt ce titre de « papa » à l’évêque de Rome ce qui devint la règle au IX e siècle, d’où ensuite « papa » réservé au souverain pontife, devenant pape en français vers 1050.
D’emblée signalons que le « pontife » n’a aucune origine chrétienne, puisque le mot latin pontifex dont il est issu existe bien avant la naissance du christianisme. Pontifex qualifiait tout simplement la
personne « qui fait un pont » et il eut d’abord un « collège pontifical » constitué prêtres du culte public romain au septième siècle avant Jésus-Christ. Il s’agissait en réalité de s’occuper du pont Sublicius, considéré comme sacré, premier pont de Rome reliant les deux rives du Tibre. Il était toujours en bois pour pouvoir le démonter rapidement si survenait une invasion, et c’était par ailleurs un mauvais présage si les inondations l’endommageaient, d’où son entretien constant.
En était alors responsable le grand prêtre à la tête du collège pontifical appelé Pontifex maximus, le « grand pontife », Bien souvent ce Pontifex maximus n’était autre que l’Empereur. Ce fut le cas pour Jules César élu grand pontife en 63 avant Jésus-Christ. Aussi, lorsqu’au IV e siècle le christianisme prit le dessus, c’est tout naturellement que le pape fut appelé pontifex maximus. Il faudra de fait attendre le XIII e siècle pour que le mot pontife entre en français, mais ce titre étant aussi donné aux évêques, on appela alors souverain pontife le Pape. Cela étant, les « pontifes » ont longtemps existé dans la religion chrétienne en tant qu’ordre religieux s’occupant des ponts. À la fin du XII e siècle fut en effet fondé l’Ordre des Frères pontifes, par saint Bénezet, ayant pour tâche de faire passer gratuitement les rivières aux voyageurs, puis de construire des ponts et des routes. Ces frères pontifes bâtirent notamment un pont fort connu. Je vous donne un indice pour deviner lequel. En chantant… « sous ce pont, on y danse, on y danse… »
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !
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