
LE MOT DE LA SEMAINE - Retour sur les nouveaux mots qui entrent dans le Petit Larousse 2026.
Cette année on commémore les 150 ans qui nous séparent du décès de Pierre Larousse, le 3 janvier 1875. Né en 1817 en Bourgogne à Toucy, fils d’une aubergiste et d’un forgeron, il est vite repéré par son instituteur comme très doué et passe le concours de l’École normale d’instituteur, devenant alors un temps instituteur dans son propre village. Il monte ensuite à Paris, fréquente alors en autodidacte tous les lieux gratuits de savoir, ce qui le conduit en 1849 à écrire son premier livre, une grammaire dite La Lexicologie des écoles pour les élèves qui ne feraient pas de latin, puis en 1856 il publie un petit dictionnaire de 714 pages, le Nouveau Dictionnaire de la langue française, qui se trouve être l’ancêtre du Petit Larousse avec déjà ses pages consacrées aux locutions latines qui deviendront les célèbres pages roses toujours présente 150 ans après dans notre Petit Larousse.
Ce petit dictionnaire millésimé a un énorme succès, il s’en vend plus de quatre millions jusqu’à la naissance en 1905 de son successeur le Petit Larousse illustré, avec son emblème la célèbre Semeuse soufflant sur le pissenlit avec cette devise : « Je sème à tout vent ». Voici donc en 2025 le millésime 2026, avec ses 2044 pages, ses pages roses désormais consacrées aux locutions latines, grecques et étrangères en y ajoutant un Petit Trésor de locutions francophones, le tout avec 65 000 mots français, 28 000 noms propres, 4500 compléments encyclopédiques, et 5500 dessins, planches, cartes, dont bien sûr les célèbres drapeaux et les champignons. Il faut le dire, c’est un chef d’œuvre du patrimoine français, comme l’est le dictionnaire de l’Académie française avec ses neuf éditions depuis 1694. Vous vous en doutez, je les ai tous depuis 1905, comme j’ai tous les dictionnaires de l’Académie, ils me réchauffent le cœur et le cerveau.
Il faudrait en fait une émission entière pour en parler, mais signalons entre cent cinquante autres d’abord des mots issus des Jeux olympiques récents comme évidemment les « parasport », pour personnes handicapées, avec ce fameux « cécifoot », football joué par des aveugles. Citons du côté de l’environnement, les « larmes de sirène », bien joli mot pour une horreur, ces petites boules de plastique issus des emballages et des objets en plastique qui ne se dégrade pas entièrement.
Signalons aussi la « dramédie », mêlant le dramatique et la comédie, le « food-truck », entré pour nous donner son équivalent français, le « camion-restaurant ». Ajoutons un mot-piège, l’« autophobie », qui n’est pas la phobie de l’auto mais l’angoisse de se retrouver seul. À développer ensuite la « pair-aidance », p-a-i-r, consistant à s’aider entre pairs atteints d’une même maladie. Puis un régionalisme venu de l’Ouest, une « prée », é-e, et, venu du Québec, l’« aplaventisme », le fait au sens figuré de se mettre piteusement à plat ventre devant un pays ou un groupe pour éviter les conflits. Alors sur notre radio, je vais inventer un mot, le haut-les-cœurisme, l’attitude consistant à être hauts-les- cœurs, c’est-à-dire joyeusement courageux. Ce que nous sommes !
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !
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