Conclave, un terme très ecclésial, a été repris par le Premier ministre François Bayrou pour qualifier les négociations engagées après le blocage autour de la réforme des retraites votée en 2023. Dès février, il a proposé aux syndicats et au patronat de se réunir pour élaborer une nouvelle version de cette loi controversée. Les discussions, menées à huis clos – ou presque – touchent aujourd’hui à leur fin. Pénibilité, usure professionnelle, emploi des seniors, et l’inévitable question de l’âge de départ à la retraite : les échanges achoppent sur le vaste problème du financement du système. Décryptage avec l’un des acteurs de ces négociations, Cyril Chabanier, président de la CFTC.
Le déficit prévu du régime de retraite dépasserait les 6 milliards d’euros à l’horizon 2030.
La doctrine sociale de l’Église guide les actions de la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens). C’est dans un esprit de réforme juste et équitable que le syndicat s’est engagé depuis quatre mois dans les négociations. Le format retenu , une forme de conclave, quasi à huis clos, a des effets positifs selon Cyril Chabanier. Travailler dans des bureaux mitoyens favorise les échanges informels et accélère les discussions. « Je suis assez partisan de négociations courtes, intenses, qui évitent des semaines de postures inutiles. »
Je suis assez partisan de négociations courtes, intenses, qui évitent des semaines de postures inutiles.
Pour autant, les syndicats réclament encore des efforts de la part du patronat. « Nous, on a fait beaucoup de concessions. Le Premier ministre avait dit que, faute d’accord total, des accords partiels pourraient être retranscrits dans la loi. » Le président de la CFTC identifie quatre domaines où des avancées sont attendues : La pénibilité au travail, afin que les salariés exerçant les métiers les plus physiques puissent partir plus tôt à la retraite. Les droits familiaux, en particulier pour les femmes, dont les carrières sont souvent hachées en raison des maternités, et qui auraient besoin d’un meilleur système de trimestres supplémentaires. L’âge d’annulation de la décote, que la CFTC souhaite abaisser à 66 ans, ce qui permettrait à environ 120 000 personnes de partir un an plus tôt.
À la veille de la conclusion du conclave sur les retraites, le lundi 16 juin, le Premier ministre a annoncé son souhait de créer une prime pour les salariés seniors acceptant de travailler plus longtemps. Une sortie que déplore Cyril Chabanier, qui y voit une mesure contre-productive. « Cela revient à faire travailler plus longtemps des personnes qui ont déjà cotisé tous leurs trimestres. Or, le cumul emploi-retraite existe déjà dans notre pays. »
On a un taux d’activité des seniors inférieur de 10 points à celui de nos voisins européens. Si on relève ce défi, ce sont entre 6 et 8 milliards d’euros qui pourraient entrer dans les caisses.
Pour le président de la CFTC, le véritable enjeu réside ailleurs, dans le renforcement et la sécurisation de l’emploi des seniors, dont près de la moitié sont actuellement en situation d’inactivité. « On a un taux d’activité des seniors inférieur de 10 points à celui de nos voisins européens. Si on relève ce défi, ce sont entre 6 et 8 milliards d’euros qui pourraient entrer dans les caisses. »
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