Accueil
Le film de la semaine : "L'inconnu de la Grande Arche", de Stéphane Demoustier

Le film de la semaine : "L'inconnu de la Grande Arche", de Stéphane Demoustier

RCF, le 5 novembre 2025 - Modifié le 6 novembre 2025
La Chronique cinémaLe film de le semaine : "L'inconnu de la Grande Arche", de Stéphane Demoustier

« L’inconnu de la Grande Arche », le nouveau film de Stéphane Demoustier. Pour son quatrième long-métrage, le réalisateur autodidacte signe une œuvre saisissante par la finesse de son scénario, la justesse de ses dialogues et la force de sa mise en scène.

Affiche du film "L'inconnu de la Grande Arche" © DRAffiche du film "L'inconnu de la Grande Arche" © DR

Il est écrit et réalisé par ce réalisateur autodidacte qui nous impressionne un peu plus à chaque film, par sa maitrise du scénario, des dialogues, de la mise en scène et de la direction d’acteurs. Il s’agit de son 4e long-métrage et il atteint ici des sommets. Déjà l’année dernière, il nous avait subjugué avec Borgo, et sa représentation du milieu carcéral corse qui frappait juste. Le film avait valu un César à Hafsia Herzi, dans le rôle d’une matonne au parcours énigmatique. Cette fois, c’est un architecte danois qui passe sous la loupe du cinéaste. Son nom : Otto von Spreckelsen et c’est le vainqueur du concours anonyme lancé en 1982 par François Mitterrand pour son grand projet de la Défense, à Paris. Seul souci, quand on révèle son identité : personne n’a jamais entendu parler de lui, y compris à l’ambassade du Danemark. Cet architecte est aussi le grand absent du roman de Laurence Cossé dont est adapté le film. C’est ce qui a motivé le cinéaste. Il parle d’un « point aveugle » de l’histoire qu’il cherche à combler avec ce film. Comprendre la personnalité de cet artiste visionnaire, dont le Cube - comme il l’appelle - est l’œuvre de sa vie. Un créateur intransigeant, prêt à aucun compromis pour atteindre son idéal. Une obsession dont il paiera le prix fort. Face à lui, un Mitterrand souverain, quasi-impérial, qui au départ a la même passion pour l’art et la Beauté mais sera prêt, lui, à tous les renoncements et
les lâchetés par soif du pouvoir. Dans le rôle, Michel Fau, extraordinaire acteur de la Comédie française, qui, sans jamais chercher à l’imiter, incarne à la perfection ce président à la fois précieux, fourbe et habile. Le film est aussi passionnant dans la reconstitution qu’il propose de ces années-là. Toute une époque ! Celle du revirement historique des années 1983/87 où tous les rêves nés du changement politique du 10 mai 81, se fracassaient tout à coup sur un principe de réalité, économique et budgétaire. 

Confrontation entre visées artistiques et aléas politiques

Et on peut aussi rajouter à l’équation, les contingences techniques et matérielles d’un chantier aussi gigantesque que celui-ci. Le tout donne lieu à des scènes extrêmement drôles et cocasses. A la cour du roi d’abord ! C’est vraiment comme cela qu’est représenté l’entourage de Mitterrand. Avec un Xavier Dolan désopilant en directeur de cabinet qui s’agite beaucoup. Mais le film prend aussi une dimension plus dramatique, presque tragique quand Sprekelsen souffre physiquement de voir son œuvre altérée. Et
heureusement, il y a un très beau personnage féminin (le seul dans cet univers 100% masculin) c’est la femme de l’architecte, totalement fictionnelle et merveilleusement jouée par Sidse Babett Knudsen. Elle apporte une touche de douceur et de pragmatisme bienvenue. Le film de la semaine c’est L’inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier. Il était en compétition à Cannes dans la sélection Un Certain Regard et il sort en salles aujourd’hui sur plus de 400 écrans.

Émission La chronique Cinéma © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La Chronique cinéma
Émission La chronique Cinéma © RCF
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Pour aller plus loin

Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.