Jean Pruvost | De la Bible et de la chicorée
Instaurée par l’ONU la première a été la Journée mondiale des droits de l’homme, créée le 10 décembre 1950 et, depuis ce sont plus de 200 journées internationales qui rythment le calendrier universel. Elles sont de sujet varié, aujourd’hui par exemple c’est la Journée internationale de la chicorée.
Jean Pruvost © Pascal HausherrDestinées à nous sensibiliser à des causes universelles, ces Journée sont nées après la Seconde Guerre mondiale, l’un des points de départ étant, en 1949, la création d’une journée de mobilisation pour les victimes enfantines de la guerre. Alors illustrant la diversité des sujets, c’est aujourd’hui la Journée internationale de la chicorée, dont je vais dire égoïstement deux mots avant d’évoquer la Bible. Chaque fois je repense à ma grand-mère paternelle qui, à la fin du déjeuner, avec jadis ma toute petite personne sur ses genoux, prenait une tasse de chicorée.
L'origine du mot
Ce mot est issu du grec « kikhorion », devenant « cicorea » en latin médiéval puis « chicorée » au XIIIe siècle. Il s’agit d’abord dès l’Antiquité d’une plante très appréciée pour ses vertus médicinales, « amie du foie » déclarait le médecin grec Galien, une plante qui fut aussi consommée en feuilles de salade, ayant une légère amertume. Dès 1792, on attestait d’une autre utilisation, sa racine étant torréfiée et moulue, mélangée au café et pouvant le remplacer Cette boisson s’est alors vite répandue, connaissant au reste un regain de succès, lorsque pendant les guerres le blocus entraînait la pénurie de café. Signalons par ailleurs que la chicorée étant de feuille dentelée, elle a aussi désigné à la fin du XVII e siècle la bande plissée de tulle, de dentelle, ornant cols et manches de vêtements, et Colette d’évoquer ainsi un col entouré d’une « chicorée de mousseline de soie ». Une chose est sûre, ma grand-mère, qui était de la campagne, ne portait pas une chicorée de mousseline autour du cou.
Demain, journée internationale de la Bible
En effet, une journée lancée aux États-Unis en 2014, avec pour but d’encourager chacun à la lecture de la Bible et de réfléchir à son importance dans la foi chrétienne. Alors d’emblée mettons une majuscule au mot Bible, comme ce doit être lorsqu’on évoque le
grand texte religieux, et bien sûr pas de majuscule au sens figuré, lorsqu’on dit par exemple que le dictionnaire doit être comme une bible pour la personne qui écrit, ou qu’on évoque le papier bible, très fin, très mince. On sait tous que « bible » vient d’un mot grec « biblia » désignant « des » livres saints, et j’ai bien dit « des » livres, « biblia » étant en effet le pluriel de « biblion », un livre. Le latin ecclésiastique a repris ce mot sous une forme identique « biblia », passé en français en tant que Bible au XII e siècle, mais en le mettant au singulier, « la » Bible ». Des livres excellents et innombrables sont consacrées à ces « Ecritures Saintes », le pluriel reprenant ici force. En définitive les auteurs de mots croisés ne se trompent pas en offrant des définitions laissant immédiatement surgir le mot : « recueil inspiré », « pages d’écriture », et pour
fini de manière familière « sacré bouquin ». Demain c’est la fête internationale de ce « sacré bouquin » à lire et relire !


Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !




