Accueil
Changer son rapport au travail avec Ben Sira, sage de la Bible

Changer son rapport au travail avec Ben Sira, sage de la Bible

Un article rédigé par Madeleine Vatel, avec OR - RCF, le 15 septembre 2025 - Modifié le 22 septembre 2025
La Bible nous parleTravail manuel, mission intellectuelle : Ben Sira le sage encourage les deux

Aujourd'hui on cloisonne la vie professionnelle d'un côté et la vie privée de l'autre, là où on place la prière et le rapport à Dieu. Or, il y a plusieurs siècles, un sage de Jérusalem a défendu l'idée que la prière était indissociable du travail, et même qu'elle était plus importante. Quels enseignements tirer du Livre de Ben Sira le Sage ? Ce livre de la Bible catholique peut-il nous aider à ajuster notre rapport au travail ?

"La vie de travail, ce n’est pas une vie choisie complètement. On a besoin de la prière pour tenir la journée." ©Unsplash"La vie de travail, ce n’est pas une vie choisie complètement. On a besoin de la prière pour tenir la journée." ©Unsplash

La période de rentrée touche à sa fin et beaucoup ont retrouvé collègues, bureau, objectifs, échéances, projets, etc. La Bible le dit, nous autres êtres humains sommes condamnés à travailler. Environ 200 ans avant notre ère, un savant juif de Jérusalem a lui aussi écrit sur le travail. Ben Sira le Sage, c'est son nom, défend l'idée que même au travail, il nous faut toujours être en lien avec la prière...

Qu'est-ce que Le Livre de Ben Sira le Sage ?

Écrit environ 200 ans av. J.-C., le Livre de Ben Sira le Sage fait partie du canon biblique chez les chrétiens orthodoxes et catholiques. Aussi appelé le Siracide ou l'Ecclésiastique, il ne doit pas être confondu avec L'ecclésiaste, un autre livre de la Bible que l’on retrouve aussi bien dans la Bible hébraïque que les différents canons chrétiens. L’auteur du Siracide, Yéshoua Ben Sira, était un juif érudit qui vivait à Jérusalem pendant la période hellénistique, au IIe siècle avant notre ère.

Dans la tradition catholique, le Livre de Ben Sira le Sage fait partie des livres poétiques et sapientiaux avec les livres de Job, des Proverbes, de la Sagesse, mais aussi le Cantique des cantiques, L'ecclésiaste et les Psaumes. Des livres qui nous rappelle que "nous avons besoin de sagesse, de quelqu’un qui nous rappelle sans cesse que Dieu existe et qu’il faut le craindre, il faut le suivre", explique Alphonse Vanderheyde, philosophe et enseignant, qui s’apprête à publier un ouvrage de philosophie sur le Siracide.

 

La prière plus importante que le travail ?

Que nous apporte le Siracide ? Déjà, on peut s’étonner de trouver dans un texte aussi ancien des conseils très concrets pour la vie de tous les jours : qu’il s’agisse de la façon de dépenser son argent, de se tenir à table mais aussi le rapport au travail ou à la prière… À ce sujet, Ben Sira insiste pour que la prière prenne la première place. Le travail selon lui ne peut être dissocié de la prière.

Si on écoute Ben Sira, on comprend que "l’essentiel est d’être toujours soi-même dans le lieu de travail, toujours en lien avec la prière", résume Alphonse Vanderheyde. On pense à la fameuse formule "ora et labora" par laquelle on résume la règle de saint Benoît qui guide la vie de milliers de moines et moniales. Mais pour beaucoup, la vie professionnelle "ne se prête pas à la prière ou la méditation".

Et pourtant, le Siracide invite à changer un petit peu son regard sur le travail. À se dire que si au fond, si Dieu est "premier servi", alors "ce n’est pas moi"... Une journée de travail est toujours plus ou moins marquée par quelques moments de joie mais aussi des moments compliqués, difficiles parfois. "La vie de travail, ce n’est pas une vie choisie complètement, note Alphonse Vanderheyde. C’est une vie publique et non privée. On a besoin de la prière pour tenir la journée."

 

Condamnés à travailler, libres dans la prière

La Bible présente le travail comme une affaire pénible. Si, étymologiquement le mot travail désigne un instrument de torture, il est également dit dans la Genèse qu’Adam est condamné à travailler. "Le travail est la condition première des Hommes, précise le philosophe. C’est parce qu’on a désobéi à Dieu que l’on est obligés de travailler."

La condition de l’Homme c’est le travail - dans la tradition hébraïque, il occupe les six jours de la semaine. Mais le septième jour, jour de shabbat, est consacré au repos, à rendre grâce à Dieu. Pour Alphonse Vanderheyde, qui a notamment travaillé sur la spiritualité de Ganhi, sans la prière, le Mahatma "serait devenu fou !" La prière l’a aidé tout au long de sa vie à "mieux comprendre les difficultés, mieux saisir son monde, mieux accompagner les décisions qu’il prend…"

Rendre grâce à Dieu et le louer est d’ailleurs la première chose de la journée que tout Homme doit faire. "Il s’appliquera de tout son cœur à servir dès le matin le Seigneur qui l’a créé, écrit Ben Sira. Il présentera sa supplication devant le Très-Haut, il ouvrira la bouche pour la prière et il suppliera pour ses péchés." (Si 39, 5) 

Dans la société juive du temps de Ben Sira, les travaux intellectuels et manuels ne se valaient pas. Le Siracide "place le métier intellectuel au-dessus du métier manuel". Plus tard, l’enseignement de Jésus mettra à égalité les scribes, les prêtres et les pêcheurs, les forgerons, etc. "Jésus n’a pas appelé des intellectuels à le suivre, mais des pêcheurs c’est-à-dire des manuels, précise Alphonse Vanderheyde. Il confie son Église à saint Pierre qui est un manuel. Pour annoncer la Bonne Nouvelle, on n’a pas besoin d’être un intellectuel, toute personne peut le faire parce que toute personne peut avoir la sagesse, la prière ou la crainte de Dieu."

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La Bible nous parle
©RCF
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Pour aller plus loin

Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.