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Enseignement catholique : comment maintenir les petites écoles rurales ?

Enseignement catholique : comment maintenir les petites écoles rurales ?

Un article rédigé par Bénédicte Buisson - RCF Calvados-Manche, le 4 décembre 2025 - Modifié le 4 décembre 2025

Face aux difficultés financières et à la baisse démographique, les petites écoles catholiques doivent faire preuve d’ingéniosité pour subsister. Un échange sur cette problématique a eu lieu à l’occasion de la venue de Guillaume Prévost, secrétaire générale de l’enseignement catholique, à l’école de la Sainte-Famille à Périers dans la Manche le lundi 1er décembre. 

©RCF©RCF

L’école de la Sainte-Famille à Périers a eu l’honneur de recevoir Guillaume Prévost, le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, pour sa première visite dans la Manche. Cette école maternelle et primaire compte 110 élèves. Élus, membres d’organismes de gestion, personnel de l’établissement et parents d’élèves étaient présents ce lundi 1er décembre 2025 pour faire découvrir au secrétaire général ce qui se vit sur le terrain. 
 

Des collaborations à développer avec les collectivités

L’école privée sous contrat de Périers avait été choisie notamment pour présenter le dispositif de la cantine à un euro, existant depuis trois ans. En effet, Périers a mis en place cette tarification sociale, donnant droit à une aide financière de l’État pour les communes rurales défavorisées de moins de 10 000 habitants. « Nous avons appliqué cette tarification pour l’école publique avec trois tranches (1 euro, 3 euros, et 4 euros). En accord avec la directrice, on a décidé d’appliquer la même tarification pour l’école de la Sainte-Famille. On assure la gestion financière du dispositif et l’État nous rembourse comme c’est convenu pour les écoles publiques », explique Gabriel Daube, le maire de Périers, la commune la plus pauvre de la Manche, avec seulement 25 % des habitants qui payent l’impôt sur le revenu. « C’est très important que les familles aient le choix de l’école et pour cela, il faut permettre à l’école de la Sainte-Famille de bénéficier des mêmes atouts. On a dépassé la vieille guerre entre les écoles publiques et privées, l’argent public mis à la disposition de l’école de la Sainte-Famille est pensé, voté et utilement dépensé », poursuit le premier édile Gabriel Daube.

Une école publique ou privée, c’est un facteur d’attractivité pour les communes

Un point de vue partagé par Charly Varin, maire de Percy-en-Normandie et président de l’Association des maires de la Manche. « Une école publique ou privée, c’est un facteur d’attractivité pour les communes », affirme Charly Varin qui invite l’enseignement catholique à se réinventer pour créer plus de collaborations avec les collectivités.  Éliane Robiolle, présidente de l’organisme de gestion de la Sainte-Famille et présidente de l’UDOGEC de la Manche, est convaincue de la nécessité de cette collaboration avec les collectivités. « J’aime bien le mot « mutualisation » qui a été employé. Il y a des choses à inventer pour ne pas être dépassé sur le plan financier. Par exemple pour la cantine, quand les deux écoles perdent des effectifs et qu’elles ont chacune une cantine, il faut réfléchir pour avoir un seul lieu. »

 

Une pression financière accrue sur les petites écoles rurales

Trouver des partenariats et des solutions pour réduire les coûts, c’est tout l’enjeu de ces petites écoles privées qui font face à une pression financière de plus en plus grande et à une baisse démographique. À l’école de la Sainte-Famille, un quart des élèves ne sont pas financés par le forfait communal, ce qui représente un manque de 30 à 35 000 euros dans le budget chaque année. « On voit bien qu’à l’avenir le problème du coût va être essentiel pour nos écoles. Pour faire face à la baisse de la démographie, il y a un seuil de rentabilité au-delà duquel on ne peut pas descendre », s’inquiète Marie-Pierre Leconte, ancienne parent d’élève et présidente de l’OGEC de la Sainte-Famille.

« L’enjeu financier est largement lié à notre capacité à nouer des nouveaux partenariats avec les collectivités, que ce soit pour les cantines, pour les éducateurs, pour l'accueil des enfants en situation de handicap, pour la pérennité de nos locaux. On n'y arrivera pas sans une relation approfondie avec les élus locaux », confirme Guillaume Prévost.
 

Rester ouvert à tous malgré la pauvreté des moyens

Malgré une pauvreté des moyens, les petites écoles privées cherchent à rester ouvertes à tous, comme le réaffirme Éliane Robiolle. « Nous avons un projet éducatif à la lumière de l’évangile, donc cela va de soi que les mots charité, solidarité constituent notre ADN. On veille à ce que tous puissent être accueillis dans nos établissements, mais on ne peut pratiquer des tarifs trop bas, car sinon on met en danger l’équilibre financier. On veille à ce qu’il y ait un juste prix, un mode de solidarité avec des réductions pour les familles, comme le montre l’exemple de la cantine à un euro. »

Marion Perriers a choisi cette école pour ses deux filles. L’une d’elles, en situation de handicap, a pu bénéficier d’un aménagement des salles de classe pour ne pas avoir à monter les escaliers. « Il y a un esprit très familial dans cette école. Aujourd’hui ma fille, c’est ce qui la sauve d’être épanouie à l’école, d’être accueillie comme tout le monde », témoigne cette maman d’élève.

La sobriété, la pauvreté, la fragilité nous amènent à nous poser des questions, à trouver des solutions nouvelles

Guillaume Prévost s’est réjoui de ces initiatives et de ces solutions prises localement. « C’est merveilleux parce qu'on voit toute cette culture d'initiative, de responsabilité, qui est au fond le cœur de ce qui fait l'enseignement catholique. Comme l'a très bien dit Mgr Cador, la sobriété, la pauvreté, la fragilité nous amènent à nous poser des questions, à trouver des solutions nouvelles et cela n’est pas dénué de fécondité, on l'a bien vu aujourd'hui. » Mgr Cador, l’évêque de Coutances et Avranches, également présent à cette rencontre, a salué «  cette laïcité à la normande », « une laïcité intelligente et constructive avec un bon dialogue, une recherche commune de l’intérêt des personnes ».  

 

Les mots de l'évêqueMgr Cador : « L’enseignement catholique est un poste avancé de l’évangélisation aujourd’hui »
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