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Guillaume Prévost : « Dans l’enseignement catholique, il y a une culture de l’initiative »

Guillaume Prévost : « Dans l’enseignement catholique, il y a une culture de l’initiative »

Un article rédigé par Bénédicte Buisson - RCF Calvados-Manche, le 3 décembre 2025 - Modifié le 3 décembre 2025
L'actu normandeGuillaume Prévost : « Dans l’enseignement catholique, il y a une culture de l’initiative »

Le secrétaire général de l'enseignement catholique, Guillaume Prévost, était en visite dans la Manche ce lundi 1er décembre. Une rencontre était organisée le matin à l'école de la Sainte-Famille à Périers, avec des élus, des représentants des organismes de gestion et des parents d'élèves.

C'était la première visite dans la Manche pour le nouveau secrétaire générale de l'enseignement catholique ©RCF MancheC'était la première visite dans la Manche pour le nouveau secrétaire générale de l'enseignement catholique ©RCF Manche

La rencontre vécue le lundi 1er décembre à l’école de la Saint-Famille de Périers a permis d'évoquer différents enjeux de l'enseignement catholique, entre problématiques financières, inclusion et annonce de l'Évangile. À l'issue de cette rencontre, nous avons posé quelques questions à Guillaume Prévost, le secrétaire général de l'enseignement catholique.

RCF : Quelles sont vos premières impressions après cette première rencontre à l’école de la Sainte-Famille à Périers dans la Manche ?

Guillaume Prévost : C’est merveilleux parce qu'on voit toute cette culture d'initiative, de responsabilité, qui est au fond le cœur de ce qui fait l'enseignement catholique, c'est-à-dire non un enseignement descendant, vertical, avec des heures, des programmes, des dispositifs, mais des personnes mobilisées à la rencontre d'enfants. Nous avons été accueillis par tous les enfants réunis par la directrice pour nous chanter un chant de l'Avent, c’était un moment merveilleux. Et puis dans tous les échanges qu'on a eus ce matin, on voit ici les gens n’attendent pas des réponses venant d'ailleurs, mais ils essaient de construire localement des réponses adaptées aux besoins des enfants et des familles. Et c'est ça l'école catholique, ce n’est pas autre chose.

RCF : L'un des enjeux actuellement pour l'enseignement catholique, c'est la question des finances. Qu'avez-vous découvert ici sur cette question ?

Guillaume Prévost : D'abord que l'on sait vivre pauvrement. Comme l'a très bien dit Mgr Cador, la sobriété, la pauvreté, la fragilité nous amènent à nous poser des questions, à trouver des solutions nouvelles et cela n’est pas dénué de fécondité, on l'a bien vu aujourd'hui. Ensuite, on a entendu que l'enjeu financier est largement lié à notre capacité de nouer des nouveaux partenariats avec les collectivités. Que ce soit pour les cantines, pour les éducateurs, pour l'accueil des enfants en situation de handicap, pour la pérennité de nos locaux. On n'y arrivera pas sans une relation approfondie avec les élus locaux, en premier duquel les maires, puisque c'est vraiment au niveau communal, parfois au niveau intercommunal, que ces capacités nouvelles se bâtissent. C'est à cette échelle-là aussi qu'on pérennise le foncier. Par exemple, on a longuement parlé de l'état de la chaudière. Comment fait-on pour remplacer la chaudière ? La réponse ne viendra pas d’un dialogue entre l'éducation nationale et l'enseignement catholique, elle viendra de la capacité locale d'écoles associatives de nouer des partenariats renouvelés avec des collectivités, qui ne sont pas hostiles à nos écoles et ont souvent besoin de nos écoles pour leur attractivité, et parce qu’elles soutiennent tous les enfants, d'où qu'ils soient et où qu'ils soient scolarisés. On a besoin de créer des solutions nouvelles et donc il faut aussi qu'on soit attentifs, à l'écoute des idées d'une nouvelle génération d'élus qui ne sont pas empêtrés dans des conflits entre Peppone et Don Camillo, mais qui cherchent à aller à la rencontre des besoins de leurs concitoyens.
 

RCF : Ce que vous avez vu ici dans la Manche, justement sur cette collaboration entre les communes et les écoles privées, la voyez-vous ailleurs ?

Guillaume Prévost : Chaque territoire a son histoire […] Ici, on a cette culture du partenariat. C'est parfois plus difficile ailleurs, dans certains endroits, on attend davantage la solution du préfet. Je crois qu’il n’y a pas une solution unique. Notre pays est riche de sa diversité. On ne fera pas les choses de la même manière dans les Alpes, sur la Côte d'Azur et dans la Manche et c'est heureux. L'enseignement catholique, c'est justement un enseignement local, ce n’est pas une pyramide qui s'abat sur les territoires de façon homogène, ce sont des associations locales animées par des gens, souvent des bénévoles, qui trouvent des solutions au plus près des réalités. Et c'est ça l'enseignement catholique.

RCF : Au sujet de l'accueil et notamment l'accueil d'enfants en situation de handicap, on voit que l'enseignement catholique, même avec de faibles moyens humains et financiers, arrive à proposer cet accueil inconditionnel.

Guillaume Prévost : […] On voit bien que l'accueil, ce n’est pas une question de dispositif, c'est une question de personnes. C'est une question d'implication des personnes et on ne résoudra pas ces enjeux-là avec des schémas technocratiques, des rapports, des lois de finances. C'est par l'implication des personnes, c'est par la confiance dans les personnes, probablement par l'émergence de vraies figures d'éducateurs dans nos établissements aux côtés des enseignants, qu'on sera au rendez-vous des enjeux de l'accueil. Une maman ce matin nous racontait comment en cours d'année les salles de classe ont été reconfigurées pour accueillir sa fille Ambre. C'est merveilleux, c'est comme ça qu'on va y arriver.

RCF : Souvent, l'enseignement catholique reçoit des reproches de tous côtés, pas assez catholiques pour certaines familles, trop catholiques pour d’autres. Comment voyez-vous les choses pour maintenir le caractère propre de l’enseignement catholique ?

Guillaume Prévost : Je n’aime pas trop cette expression « caractère propre », c'est une expression juridique. En fait, le législateur fait des normes, dit comment il faut faire, identifie un espace de liberté et l’appelle caractère propre. Mais nous, nous ne devons pas l’appeler caractère propre, nous, on a un projet éducatif. Nous notre projet éducatif, c'est l'Évangile, notre projet éducatif, c'est la rencontre avec Jésus. Donc à force de dire « caractère propre », on oublie le mot essentiel qui est Évangile, qui est Jésus. Il faut qu’on apprenne à parler plus clairement de ce qui nous anime. L'Évangile, Jésus, l'amour, la fraternité, c'est ça le caractère propre. Donc laissons les mots juridiques aux juristes et attachons-nous au projet éducatif. Et je crois que si on s'attache au projet éducatif, on répondra à l'ensemble des critiques qui nous sont adressées. Comme l'ont dit les évêques, enracinement chrétien et ouverture à tous, cela va de pair. Il n'y a pas l'un ou l'autre. L'Évangile d'aujourd'hui [NDLR : lundi 1er décembre], c'est le Centurion qui vient voir Jésus et qui lui dit « Je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et son serviteur sera guéri ». C'est une parole merveilleuse parce qu'elle dit qu'il n’y a pas ceux qui sont à l'intérieur et ceux qui sont à l'extérieur. Il n’y a pas les croyants et les non-croyants. Nous sommes tous animés par des choses différentes. On vient parfois chercher des fruits dont on ignore les racines. On vient parfois chercher les racines en passant à côté des fruits. N’opposons pas les deux n'opposons pas les personnes au nom de leur éducation, de leur culture. Le Christ s'adresse à tous, l'école catholique s'adresse à tous, c'est ça notre projet.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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