Claudia Cardinale, «la petite fiancée de l’Italie» s’en est allée
Disparue ce 24 septembre 2025, celle que l’on surnomma la petite fiancée de l’Italie n’y avait pourtant mis les pieds qu’à l’âge de 17 ans après avoir gagné le concours de beauté de « la plus belle Italienne de Tunis ». Happée par le cinéma à la fin des années 50, Claudia Cardinale, la plus française des actrices italiennes, allait devenir la muse de Bolognini, puis de Visconti. Avec 8 et demi et Il était une fois dans l’Ouest, Fellini et Sergio Leone lui avaient offert ses plus beaux rôles. Retour sur sa carrière en 5 films.
© Pathé. Aux côtés d'Alain Delon dans Le Guépard en 1963 sous la caméra de Visconti.1-Il était une fois dans l'Ouest, chef-d’œuvre absolu en 1968
« Nous écoutions, avant de jouer chaque scène, la musique qu'Ennio Morricone avait au préalable composée. Cela nous permettait d'entrer pleinement dans la peau de nos personnages et donnait au tournage une puissance émotionnelle incroyable ! » se souvenait Claudia Cardinale. Il était une fois dans l’Ouest reste assurément l’un des films de sa carrière. Celui où elle donne toute sa puissance dramatique et où, peut-être, sous le chaud soleil de l’Espagne, elle n’a jamais été aussi belle et aussi photogénique. Le film remportera le succès que l’on sait à sa sortie, sauf aux Etats-Unis, et reste à jamais une master piece de l’histoire du western spaghetti et du cinéma tout court par sa mise en scène, ses cadrages serrés et la musique céleste, comme suspendue, du Maestro Morricone.
2-Le Guépard : éblouissante aux côtés d’Alain Delon en 1963
Le Guépard appartient au panthéon mondial du cinéma. En 1963, Luchino Visconti adapte le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa où l’on suit le déclin de l’aristocratie palermitaine et de la monarchie en même temps que l’avènement de l’unité italienne souhaitée par Garibaldi et Cavour. Palme d’or au Festival de Cannes, le film réunit, outre Alain Delon, Claudia Cardinale et Burt Lancaster dans un sommet de cinéma, servi par des décors et des costumes fastueux. Alain Delon est à l’apogée de l’élégance et porte une chemise blanche amidonnée, une redingote et la raie sur le côte faisant de son personnage un membre de la noblesse plus vrai que nature. Claudia Cardinale, elle, rayonne dans toute sa beauté et l'effronterie de sa jeunesse. Un monde s’éteint à petits feux mais continue de danser comme de si de rien n’était dans l’insouciance du temps présent à l’image de la mazurka, composée par Nino Rota.
3-Le Pigeon (I Soliti ignoti) et la comédie à l’italienne en 1958
Chet Baker pose en 1958 ses accords de trompette sur la musique de Piero Umiliani pour I Soliti ignoti, plus connu en France sous sa traduction Le Pigeon. Littéralement « Les habituels inconnus », I Soliti ignoti est considéré comme le premier film de ce qu’on allait appeler la comédie à l’italienne. Un genre qui connaîtra son âge d’or en Italie entre 1958 et 1975 et qui se caractérise par une ironie parfois féroce à l’endroit des mœurs et des travers des Italiens. Claudia Cardinale n’a que 19 ans et joue Carmelina, la sœur de Michele, un Siciien susceptible de la bande, que courtise en secret Mario, joué par Renato Salvatori.
4-Le Bel Antonio avec M. Mastroianni en 1960
Portrait sans concession de la bourgeoisie et plus généralement de la société italienne, Le Bel Antonio est le premier des cinq films que va tourner, jusqu’en 1973 et Liberté mon amour, Claudia Cardinale avec le réalisateur Mauro Bolognini. Elle joue Barbara, une riche héritière sicilienne, confrontée à l’impuissance de son mari, interprété par Marcello Mastroianni, à l’affiche cette même année 1960, de la Dolce vita. Le film bousculera grandement les convenances à sa sortie.
5-Huit et demi chez Fellini en 1963
Film de Fellini sur Fellini, 8 et demi est ce qu’on appelle une mise en abyme. Marcello Mastroianni, son double, joue un cinéaste dépressif, se réfugiant dans un univers peuplé de souvenirs et de fantasmes. Dans la station thermale où il s'est isolé, son épouse, sa maîtresse, ses amis, les acteurs, et son producteur viennent lui tourner autour, pour qu'enfin soit réalisé le film sur lequel il est censé travailler. Claudia Cardinale, qui apparait régulièrement sous la forme d’un ange de la jeunesse et de la pureté, représente dans le film l’idéal féminin.
Dès lors, Hollywood veut avoir l'actrice franco-italienne qui tournera 7 films en Amérique dans les années 60 avec quelques réalisateurs prestigieux comme Blake Edwards pour La Panthère rose ou Henry Hataway pour Le Plus Grand Cirque du monde en 1964 aux côtés de John Wayne et de Rita Hayworth.


"La Symphonie du cinéma", une émission de Fabien Genest pour voyager dans l'univers des musiques de films.


