"Chaque initiative pour Gaza est source d'espoir"
Médecin hospitalier à la Timone à Marseille, Baptiste André a fait partie des des douze bénévoles de la Flottille de la Liberté qui se dirigeait vers Gaza. Arrêté par l’armée israélienne le 9 juin dernier puis expulsé en France le 10, il est arrivé le 11 à Marseille, où nous l'avons rencontré.
Baptiste André, médecin marseillais, de retour de la Flotille pour Gaza"En l'espace de 15 jours, ma vie a été complètement transformée", confie Baptiste André, médecin hospitalier à la Timone à Marseille, de retour depuis un peu plus de deux semaines. Avec 11 autres bénévoles, il a embarqué sur le navire Le Madleen, membre de la Flotille de la Liberté, qui a fait route vers Gaza. Leur objectif : y apporter quelques centaines de kilos de nourriture, de produits hygiéniques et de matériel médical, mais surtout "briser le blocus de Gaza, à ce titre c'était un acte éminemment politique", témoigne le médecin.
"Mon engagement en tant que médecin c'est de soigner l'autre, quelque soit son origine ou sa religion", poursuit-il, "la Flotille de la Liberté recherchait un médecin, c'est comme ça que j'ai embarqué avec eux". Et le nom de leur bateau, Madleen, ne devait rien au hasard : "c'est le prénom d'une femme gazaouie, la seule qui pratique la pêche de manière professionnelle à Gaza. Elle est un exemple de résilience absolue : alors que son bateau a été bombardé et que ses filets ont été abimés, elle continue à essayer de nourrir sa famille et les autres personnes qui vivent dans son camp de réfugiés", explique Baptiste.
"Nous avons eu peur"
Partis de Catagne en Sicile "dans l'enthousiasme et la ferveur", se souvient le médecin, le ton a rapidement changé : "dès la première nuit en mer, nous avons été survolés par des drones, et cela est devenu notre quotidien", poursuit-il. A chaque passage de drone était mis en place d'un protocole d'alerte répété jour après jour par l'équipage. "Cette traversée a été ô combien stressante : c'était le seul voyage où je ne savais ni où j'allais, ni quand j'allais arriver ou encore dans quel état de forme physique et morale", expose Baptiste.
Le 9 juin dernier à 2h du matin, les autorités israéliennes passent à l'action : "10 navires militaires et plus de 80 soldats armés jusqu'aux dents ont pris le contrôle du navire", raconte Baptiste, qui a ensuite passé 18h dans la cale du bateau jusqu'au port d'Ashdod en Israël. "Nous avons eu peur que cette interception vire en attaque avec un risque pour nos vies", confie le médecin, "nous avions longuement répété les gestes à faire et à ne pas faire".
"S'engager vers l'autre"
Après avoir été expulsé en France le 10 juin, Baptiste André est de retour à Marseille le 11 juin : il est accueilli par une foule de plusieurs centaines de personnes. "C'était absolument inattendu, d'une chaleur et d'une bienveillance inouïe", raconte le médecin. Dans les prochains jours, Baptiste va bientôt reprendre son poste de médecin hospitalier à La Timone. Mais d'ici là, son but est "de témoigner, d'informer, de faire de la pédagogie : parler de ce sujet, c'est déjà s'engager". Plus globalement, le bénévole invite à "s'engager vers l'autre, que ce soit une personne en bas de chez soi, des personnes marginalisées, migrantes ou les Gazaouis".
Evoquant d'autres initiatives, comme un convoi parti du Maghreb incluant des centaines de camions avec de l'aide matérielle, humanitaire et médicale qui se dirige vers Rafa, ainsi que "La Marche" où des milliers de personnes de plus de 27 nationalités sont partis du Caire vers Gaza, Baptiste André atteste que "chaque initiative, même si elle ne porte pas ses fruits complètement, est une source d'espoir".


Chaque jour, Marine Samzun reçoit un invité qui raconte l'actualité en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur.

