Dialogue avec le passé RCF - page 2

L’atterrissage est doux, il se fait à Paris, 15 avenue Montaigne. Nous voici aux portes du théâtre des Champs Elysées : nous sommes à l’entrée et admirons l’architecture art déco du bâtiment qui contraste avec l’Opéra Garnier par sa sobriété et nous avançons pour accéder à l’une des salles où va être donné par la compagnie des Ballets suédois le spectacle Relâche.

Nous sommes en 1925, et la menace selon laquelle l’Opéra Garnier va exploser terrorise les spectateurs. Des mesures ont été prises pour venir en aide à ceux qui se sentiraient mal en raison de l’insupportable angoisse des péripéties où nous sommes plongés.

Si le manifeste signé par André Breton date de 1924 et définit la démarche de créateur qui cultive "un certain automatisme psychique qui correspond assez bien à l'état de rêve", une déclaration signée du dramaturge Antonin Artaud complète sa description le 27 janvier 1925, il y a tout juste 100 ans !

« La nuit de la lecture », c’est cette semaine, elle sera célébrée à Metz, le jeudi 23 janvier, à la Bibliothèque universitaire, sur l’île du Saulcy. Cet événement en préparation depuis des mois est ouvert à toutes et à tous à partir de 18h30. Il s’agit d’une véritable fête à laquelle je vous convie. Mes commentaires proposés lors de libres déambulation dans le bel espace de la bibliothèque universitaire de l’Ile du Saulcy porteront sur Georges Périn et sur des épisodes, sérieux, scandaleux ou drôles mettant en scène les écrivains et les artistes de la Belle Epoque.

Si le mois de janvier est devenu depuis peu le dry january, je voudrais vous rappeler que c’est aussi celui de la fête de la lecture, fixée au 23.

C’est pourquoi, le temps de deux chroniques, celle d’aujourd’hui et celle de lundi prochain, nous partirons du début des années folles pour remonter jusqu’à la Belle Epoque et ce en lien avec un événement de grande ampleur : « La nuit de la lecture » célébrée à Metz, le jeudi 23 janvier, à la Bibliothèque universitaire de Metz., sur l’île du Saulcy. Cet événement en préparation depuis des mois est ouvert à toutes et à tous à partir de 18h30.

Bing. C’est celle devant laquelle, en toute transparence, la magie des mots peut faire de nous des esprits désincarnés, c’est celle devant laquelle nous atterrissons. Bing est le noms de famille de Suzanne, un comédienne talentueuse , née à Paris en 1885. Attachée à la troupe du metteur en scène Jacques Copeau, Suzanne l’est aussi à Jacques Copeau par des liens extra-conjugaux. Tous deux sont en relation avec les Maritain par l’intermédiaire du dramaturge Henri Ghéon, trait d’union entre le milieu théâtral et les cercles d’études thomistes.

Sans préambule, fermons les yeux et plongeons dans les années vingt pour nous réjouir d’un spectacle extraordinaire.

Une courtisane déploie ses charmes auprès de Thomas d’Aquin. Percé par les aiguillons du désir que suscitent en lui la tournure, les paroles et le sourire de la femme, le jeune homme voit s’envoler sa détermination à rester chaste. L’emprise de Concupiscence, que Lucifer a envoyée pour le faire succomber à la tentation de la chair, a vaincu tout raisonnement.

Alors que Thomas s’apprête à céder à la puissance de Concupiscence, deux Anges surgissent et ceignent ses reins du « cordon de feu de la chasteté ». A la suite de cette providentielle intervention, Thomas demeure étranger au désir jusqu’à la fin de sa vie.

Fermons les yeux. Nous sommes en 1923 dans un joli pavillon sis à Meudon. On aperçoit des invités et un couple d’hôtes. Lui se nomme Jacques Maritain. Vêtu en dandy, avec un gros nœud en guise de cravate, il a adopté sa sa pose favorite, nonchalamment assis, un pied replié sous lui. Quand Jacques Maritain écoute ses hôtes, il incline la tête sur le côté et l’appuie sur sa main. Ses yeux d’azur intimident. Une impression qui se dissipe quand on y perçoit l’expression d’une bonté immense. En face de lui, sur une bergère, se trouve Raïssa, son épouse. Fragile, menue, une partie de ses cheveux longs remontés en bandeau, c’est une femme ravissante et triste dont le cœur et l’âme semblent consommer toute la vie.

En cette période de l’Avent, c’est la quête de spiritualité des écrivains, des intellectuels et des artistes des années folles qui vont retenir notre attention. Fermons les yeux et remontons dans un temps où réflexion, discussions, lectures et prières n’avaient pas encore pour concurrentes d’abyssales recherches sur internet ou sur les réseaux sociaux pas plus que l’exploration des prodiges de l’intelligence artificielle.

Sonia Delaunay est née le 14 novembre 1885 en Ukraine, elle meurt le 5 décembre 1979 à Paris. Mariée une première fois, elle épouse en secondes noces Robert Delaunay, peintre comme elle. Le couple qui s’est installé à Paris avant la Première guerre mondiale connaît le succès.

Tous deux conçoivent un art global qui a été imaginé à partir de la loi du contraste simultané des couleurs énoncée en 1839 par le chimiste Michel-Eugène Chevreul. Cette loi est née du constat selon lequel la vision de la couleur d’un objet dépend des objets contigus.

Fermons les yeux, nous sommes le 11 juillet 1924, il est minuit. Nous nous trouvons à Paris, à la Taverne de l’Olympia sise 28 boulevard des Capucines. Débute un bal extraordinaire qui s’inspire de l’actualité, le bal olympique : l’événement fait écho aux Jeux olympiques qui se tiennent à Paris depuis le 4 mai et qui dureront jusqu’au 27 juillet.

En cette période de prix littéraires, nous faisons un retour au cœur du Prix Goncourt de 1924 en ouvrant le livre qui l’a obtenu : il s’agit de « Le Chèvrefeuille » de Thierry Sandre.

C’est à Géo Lefevre, journaliste, directeur de course et organisateur que nous devons la concrétisation d’un projet né au salon de l’automobile de 1922 entre des professionnels de l’automobile.

Le même Geo Lefevre est à l’origine du tour de France, créé en 1903. C’est lui qui a songé qu’il serait bénéfique à la vente des voitures d’organiser un circuit mettant en compétition des automobiles d’usage courant. Une idée concrétisée avec Georges Durand, secrétaire général de l’Automobile Club de l’Ouest.

L’engouement de la population française pour le bolchévisme est croissant, il est lié à la politisation de chaque événement où intervient la Russie. Tel le premier match de football-amical « France-URSS » qui a lieu le 1er septembre 1926 au stade Pershing.

Nous sommes au printemps 1925 et nous allons assister à un événement qui se prolonge jusqu’au 25 octobre. Il s’agit de l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes. La participation des Soviétiques a été sollicitée par les autorités françaises qui scellent par là leurs relations renforcées avec l’URSS.

La France, qui avait rompu avec le pays lors de la révolution d’octobre, a renoué des relations diplomatiques avec la Russie.

Le 8 octobre 1924, le Gouvernement d’Édouard Herriot reconnaît l’URSS dont l’ambassade est située à l’hôtel d’Estrée.

Le 2 octobre, le rideau s’ouvre sur la « revue nègre » dont la toute jeune Joséphine Baker est la vedette. Emanant de ce que l’on nomme alors la « culture noire », le spectacle, joué en deuxième partie de soirée rompt avec les pesanteurs colonialistes habituelles. Au rythme d’un orchestre de jazz, avec Sidney Bechet à la clarinette, les tableaux s’enchaînent. Ils présentent des chorégraphies successives et un duo.

Si nous nous étions laissé emporter par l’effervescence des années folles avec le « Violon d’Ingres » de Man Ray, nous aller les retrouver à propos d’une femme qui fut la muse, l’épouse et la maîtresse de plusieurs artistes surréalistes. Partons donc à la rencontre d’Eléna Dmitrievna Diakonova, dite Gala.

Etranges, surprenantes, délirantes, oniriques, telles sont les œuvres du mouvement surréaliste dont le manifeste est signé en 1924 par André Breton. Un centenaire célébré par le musée Pompidou de Metz avec l’exposition des œuvres du peintre André Masson, adepte du surréalisme.

Paris, janvier 1921. Au 22 de la rue Boissy d’Anglas, artistes et bourgeois se pressent à la soirée d’inauguration d’un cabaret qui vient à peine d’ouvrir, Le Bœuf sur le toit. Un nom insolite élu par le propriétaire pour rendre hommage à l’œuvre éponyme du compositeur Darius Milhaud. Si Le Bœuf sur le toit est à l’origine un morceau destiné à accompagner un film de Charlie Chaplin, Darius Milhaud le transforme en un ballet pantomime dont Jean Cocteau écrit l’argument. Le résultat est une farce qui voit défiler des femmes habillées en hommes, des hommes habillés en femmes et un policier qui, décapité par un ventilateur, ressuscite. La musique en est endiablée alors que la chorégraphie est lente, dansée par les frères Fratellini du cirque Medrano.