Écho des archives – Cardijn et les réseaux jocistes au Concile Vatican II
Pour sa troisième émission de « L’écho des archives » consacrée à Joseph Cardijn, Laurent Verpoorten s’intéresse à un aspect méconnu de l’histoire de l’Église : l’influence de Cardijn et du réseau jociste sur le Concile Vatican II. Pour en parler, il recevait une nouvelle fois Stefan Gigacz, chercheur à l’Australian Cardijn Institute.
Joseph Cardijn, photo : cathobruxelles.beLe 11 octobre 1962, le pape Jean XXIII ouvre officiellement le Concile Vatican II. Celui-ci s’achèvera le 8 décembre 1965, sous le pontificat de Paul VI, avec la promulgation de 16 documents : 4 constitutions, 9 décrets et 3 déclarations. Parmi eux, certains modernisent la liturgie, encouragent le dialogue interreligieux et redéfinissent le rôle des laïcs dans l’Église.
Si le Concile marque un tournant majeur, on ignore souvent le rôle joué par le cardinal Joseph Cardijn et, plus largement, par les réseaux jocistes internationaux.
Une influence bien avant le Concile
Dans sa thèse Le levain dans la pâte, Joseph Cardijn et le réseau jociste à Vatican II, Stefan Gigacz montre que l’influence belge a précédé l’ouverture même du Concile.
« Quand on lit les documents de Vatican II, on constate qu’on ne parle pas beaucoup de l’Action catholique, mais il y a un décret sur l’apostolat des laïcs. Cette expression, c’est Cardijn qui l’a développée comme concept théologique 30 ans plus tôt », explique le chercheur. Pour le cardinal belge, cet apostolat est exercé par les laïcs eux-mêmes, dans leur vie quotidienne.
L’expression, d’abord peu répandue, sera mise en avant lors des deux Congrès mondiaux sur l’apostolat des laïcs, en 1951 et 1957. « Ce sont ces congrès qui ont fait entrer cette conception dans le discours de l’Église », poursuit Stefan Gigacz. Jean XXIII s’en inspirera pour ajouter une dixième commission aux neuf initialement prévues pour le Concile.
La méthode : voir, juger, agir
La deuxième contribution majeure de Cardijn est la méthode « voir, juger, agir », au cœur de la pédagogie de la JOC. Jean XXIII lui-même la reconnaît avant l’ouverture du Concile. Elle sera utilisée par les Pères conciliaires, notamment pour la rédaction de Gaudium et Spes.
« Ils ont commencé avec les faits, puis réfléchi à la lumière de l’Évangile, avant de donner des orientations pastorales », résume Stefan Gigacz. Cinq chapitres – sur la famille, l’économie, la politique, la culture – sont rédigés explicitement selon ce schéma.
Des décisions qui viennent de la base
Dans les interviews conservées par la Sonuma, Cardijn rappelait que les décisions de la JOC partent toujours de la base, aussi bien au niveau local qu’international. Au moment de Vatican II, voilà près de 40 ans que des centaines de milliers de catholiques dans le monde ont été formés selon ce principe.
Ce n’est donc pas un hasard si, parmi les quelque 2 500 évêques du Concile, environ 248 – soit 10 % – sont passés par la JOC ou d’autres mouvements de l’Action catholique spécialisée. Ils avaient déjà eu l’occasion de se rencontrer lors de conférences internationales organisées par ces mouvements.
Vatican II, le « chef-d’œuvre » de Cardijn
Le cardinal britannique Basil Hume qualifiera Vatican II de « chef-d’œuvre de Cardijn » lors du centenaire de sa naissance. Stefan Gigacz se souvient aussi d’une formule entendue en Australie : « Vatican II a canonisé Cardijn. Pas comme un saint, mais dans le sens où le Concile a adopté l’esprit et la méthode de la JOC. »
L’apostolat des laïcs
Pour Cardijn, l’apostolat des laïcs n’est pas réservé à une élite : il découle du baptême, et donc de la vocation de chaque chrétien. Le Concile reprendra cette conviction centrale.
Cardijn créé cardinal pendant le Concile
En 1965, Paul VI crée Joseph Cardijn cardinal. Interrogé par Marcel Thirine dans le reportage Joseph Cardijn, cardinal des travailleurs, il déclarait :
« Cela ne doit pas signifier que le cardinal empêche le Cardijn de continuer les contacts avec la masse ouvrière, avec les jeunes travailleurs, avec les plus humbles, avec les plus pauvres, etc. Tout au contraire, le cardinalat doit être une ouverture à l'intérieur de l'Église. »
Cette nomination lui permettra notamment de participer à la quatrième session du Concile.
« L’écho des archives » est une émission produite par Laurent Verpoorten (RCF Liège), en collaboration avec la Sonuma.


Depuis des décennies, radios et télévisions belges francophones ont produit des milliers d’heures d’émissions devenues de véritables témoins de l’histoire. Ce patrimoine audiovisuel, sauvegardé et numérisé par la SONUMA, constitue une mémoire vivante de notre identité culturelle.
Avec L’écho des archives, RCF Liège propose de redécouvrir ces trésors sonores en lien avec la vie de l’Église catholique et l’évolution de la société belge. L’émission, pilotée par Laurent Verpoorten, réunit chaque semaine des invités pour écouter, analyser et mettre en perspective ces documents.
Grâce à une approche dynamique et accessible, L’écho des archives crée des ponts entre le passé et le présent, invitant les auditeurs à réfléchir à l’actualité à la lumière de l’histoire.
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Diffusion en radio (93.8 FM et DAB+) sur RCF Liège le lundi à 11h30 et le samedi à 13h ainsi qu'en streaming sur ce site (DIRECT)



