L’écho des archives : les débuts de Joseph Cardijn

En 2025, nous fêtons le centenaire de la JOC, fondée en 1925 par Joseph Cardijn. À cette occasion, Laurent Verpoorten reçoit Stéphane Gigacz, chercheur au sein de l’Australian Cardijn Institute. Ensemble, ils reviennent sur son parcours, en commençant par son enfance.

Baptisé avant de naître

Si l’on regarde la carte d’identité de Joseph Cardijn, on y lit qu’il est né le 18 novembre 1882. Et pourtant, les registres de baptême indiquent qu’il a été baptisé le 14 novembre 1882. Cela peut surprendre, mais il y a une explication logique : il est en réalité né le 13 novembre.

« Son père n’a pas fait la démarche d’enregistrer la naissance à temps. Il a donc modifié la date de naissance pour être en ordre avec l’administration », explique Stéphane Gigacz.

Une naissance humble

Joseph Cardijn voit le jour à Schaerbeek. Son père est cocher et sa mère domestique. On peut donc dire que « c’est une naissance assez humble. Mais il n’est pas tout à fait pauvre. » La situation de la famille va cependant s’améliorer par la suite : son père crée une entreprise de vente de charbon à Halle et sa mère ouvre un café dans la même ville.

« On a souvent dit que c’était un homme de la classe ouvrière, parce qu’il a eu cette expérience avec ses parents. C’est vrai qu’il a beaucoup appris de cela. Et je pense que cela a beaucoup compté dans le développement de la JOC », poursuit Stéphane Gigacz.

L’influence de l’abbé Danz et du Sillon

Parmi les figures qui auraient pu influencer le jeune Joseph Cardijn, il y a l’abbé Adolphe Danz. Avec son père, Joseph a eu l’occasion d’écouter ce prêtre flamand, très engagé dans le progrès social en faveur des pauvres et des ouvriers.

« On peut presque dire que c’est Danz qui a peut-être inspiré sa vocation sacerdotale », affirme Stéphane Gigacz.

Une autre influence importante fut le mouvement du Sillon, en France, fondé par Marc Sangnier. « Cardijn a vu ce qui s’était passé pour Danz. Il a aussi été fortement influencé par le Sillon, qui a fini par recevoir une lettre du pape Pie X, souhaitant en reprendre le contrôle. Il était donc particulièrement attentif à respecter la hiérarchie. »

Rejeté pour sa vocation

Joseph Cardijn parlera souvent du rejet qu’il a subi à son entrée au petit séminaire. Non pas de la part de ses parents — son père s’est d’ailleurs épuisé au travail pour réaliser le souhait de son fils —, mais de la part de ses camarades.

Il a alors 14 ans, et ses anciens compagnons travaillent déjà à l’usine. Lui n’y sera jamais confronté directement. Tous lui tournent le dos. Cet épisode « est très important dans sa vie, dans son engagement auprès de la classe ouvrière et des jeunes travailleurs ». Plus tard, il consacrera sa vie à recréer le lien entre l’Église et le monde ouvrier.

Vicaire à Notre-Dame de Laeken

En 1912, après avoir enseigné le latin pendant quelques années, Joseph Cardijn est nommé vicaire à Laeken. « Une paroisse à la fois royale et populaire, avec de nombreuses usines », commente Gigacz. Enfin, il peut mettre en œuvre ce qu’il avait imaginé durant les dix à quinze années précédentes.

Dès son premier jour, il se rend dans les quartiers les plus pauvres de Laeken. Une expérience qu’il évoque notamment dans les archives de la Sonuma.

« L’écho des archives » est une émission produite par Laurent Verpoorten (RCF Liège), en collaboration avec la Sonuma.