POINT DE VUE DE STEPHANE VERNAY - Aujourd'hui Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, interroge la question de la protection des écoles.
Les collégiens et lycéens de France observeront une minute de silence aujourd'hui, à la mémoire de Samuel Patty et Dominique Bernard, assassinés par des terroristes islamistes. Cet hommage doit aussi nous rappeler à nous, adultes, parents, citoyens, que nous vivons désormais dans un pays où les enseignants sont pris pour cibles parce qu'ils participent à l'éveil des consciences de nos enfants, à leur émancipation, en leur transmettant les valeurs de la République et de la démocratie. Cette minute de silence doit nous rappeler que ne nous ne pouvons pas, ni ne devons, nous résigner à cette barbarie, et qu'il nous faut tout mettre en œuvre pour protéger nos professeurs. Mais le voulons-nous vraiment ? Et nous en donnons-nous collectivement les moyens ?
Après la mort de Dominique Bernard, l'an dernier, 500 établissements scolaires jugés "sensibles" ont été listés. Ils devaient être dotés de systèmes d'alerte permettant aux forces de l'ordre d'intervenir rapidement en cas d'attaque. Le ministère de l'Education nationale assure que 400 ont été équipés à ce jour. La création d'une "force mobile scolaire" avait également été annoncée par Nicole Belloubet. Elle devait permettre de déployer des renforts, sous 48 heures, dans les établissements faisant l'objet de menaces. Sa mise en place a été "différée", et on peut malheureusement douter qu'elle voit jamais le jour.
L'état des finances de la France est fautif. Les 40 milliards d'euros de baisses des dépenses recherchées par le nouveau gouvernement passe par des coupes claires dans les budgets des ministères. L'effort demandé n'épargnera pas l'école, bien au contraire, avec 4 000 suppressions de postes d'enseignants annoncées. Les collectivités locales, qui ont la charge des bâtiments scolaires, dont les aménagements de sécurité, verront leurs dotations diminuer de 5 milliards l'an prochain. Gabriel Attal avait laissé entendre que ces aménagements seraient financés à part égale par l'Etat et les collectivités. Compte tenu du nouveau contexte budgétaire, il est peut probable que cette promesse soit tenue. Et que les travaux nécessaires soient fait, rapidement, partout. Alors oui, en cette journée d'hommage, on peut légitimement se demander si nous tenons vraiment pour prioritaire la sécurité des enseignants et de nos enfants à l'école.
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