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Pierre Durieux | François : vers la fin du pontificat ?

Pierre Durieux | François : vers la fin du pontificat ?

Un article rédigé par Pierre Durieux - le 2 avril 2025 - Modifié le 2 avril 2025
Point de vuePierre Durieux | François : vers la fin du pontificat ?

LE POINT DE VUE DE PIERRE DURIEUX - François doit-il démissionner ? C'est la proposition de Pierre Durieux qui l'a connu. Fatigué, encore en convalescence de la maladie, le pape pourrait vivre une retraite paisible loin des vicissitudes du Vatican. 

Pierre Durieux, essayiste © Pierre-Hugues Dubois Pierre Durieux, essayiste © Pierre-Hugues Dubois

Il y a 12 ans et quelques, Gorge-Maria Bergoglio était élu pape ! Reconnaissons au pape François le mérite de la cohérence !

Retour sur le Pontificat du Pape François 

Tout son Pontificat trouve, selon moi, sa lumière dans le premier texte qu’il publia : « Evangelii Gaudium » dans lequel il appelait les catholiques à être des disciples missionnaires, à re-découvrir la radicalité et la joie de l’Evangile, à « sortir » ! Pour comprendre François, on peut remonter un peu plus avant : juste avant le conclave : durant les fameuses congrégations, il avait comme chaque cardinal pu dire ses intuitions sur l’Eglise.

En 2013, la prise de parole du cardinal Gorge-Maria Bergoglio a duré 3 minutes et 30 secondes, alors que 5 lui étaient données. L’archevêque de Buenos Aires avait frappé fort : « L’Eglise est appelée à sortir d’elle-même pour aller jusqu’au périphéries. Quand elle ne sort pas d’elle-même, elle tombe malade. L’Eglise autoréférentielle prétend retenir Jésus-Christ et ne le laisse pas sortir ».

Qu’on se souvienne enfin de ses premières paroles au balcon de Saint Pierre de Rome : « Et maintenant, nous entreprenons ce cheminement, évêque et peuple, ce cheminement de fraternité, d’amour et de confiance ». Son désir de synodalité s’était exprimé dès les premiers instants de son Pontificat. Depuis 2013, le Pape fait ce qu’il a dit. Et tout son agir s’éclaire au regard de l’amour premier de la brebis perdue, du choix central de la périphérie, de cette envie irrépressible de « sortir ». Aux jours de sa très grande vulnérabilité, on peut rendre hommage, quels que soient les possibles désaccords, à la cohérence de François, qui fait ce qu’il a toujours dit, et qui dit ce qu’il a toujours pensé. Mais, pour que cette cohérence soit parfaite je l’encourage, pour ma part, à renoncer à son Pontificat.

Renoncer à son pontificat ? 

Absolument ! Précisément, parce que je l’aime, je lui souhaite une fin de vie sereine, paisible, loin des vicissitudes du Vatican, comme je l’aurais souhaité pour mon grand-père, ou pour un proche qui voit ses facultés diminuer, sa fatigue augmenter et cette charge écrasante.

Il s’agit d’abord d’une question de bon sens : on demande aux évêques de remettre leur charge à 75 ans, mais le pape est élu, bien souvent, cet âge étant déjà dépassé. Qui peut prétendre que la santé du pape soit aujourd’hui compatible avec sa fonction ? On a passionnément aimé Jean Paul II, mais les images de la fin de son Pontificat, sont difficiles à revoir aujourd’hui. Il s’agit ensuite d’une question de cohérence : le pape a suffisamment épinglé les péchés de la curie, et ceux des agents pastoraux qui s’accrochent à leur charge, pour montrer l’exemple. Il s’agirait enfin d’un superbe témoignage : une fin de vie, chez lui, en Argentine, dans une favela, dans une Yourte, en Oural, et dans un foyer de l’Arche aux fin fond de l’Irlande. Une fin de vie à l’ombre des photographes, proche des pauvres, des petits, des persécutés… une fin de vie, en tout cas, loin du Vatican, pour laisser toute sa place à son successeur !

François rêve d’une Eglise pauvre pour les pauvres : il peut encore le signifier dans sa chair, et dans son départ. François prône une église en état de sortie : c’est le moment de quitter « l’hyper centre » du Vatican et de montrer, une dernière fois, le chemin de la périphérie. François encourage l’esprit de synodalité, une parole libre : « du pasteur et du peuple, du peuple et du pasteur ». C’est pour moi lui obéir que d’avoir aujourd’hui la liberté de cette parole bienveillante : François, tu as le droit de lâcher ! François a choisi le prénom de la pauvreté, du dénuement. Son geste resterait dans l’histoire, après celui de Benoit XVI ! François, on t’aime. Maintenant, tu peux laisser le serviteur que tu es, s’en aller, de Rome, en paix, selon ta parole !

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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