
Les castors, ces ingénieurs de l’environnement, font leur retour en France ! Après avoir presque disparu aux 19ᵉ et 20ᵉ siècles, ils reviennent peupler les abords de nos rivières. Quels sont leurs impacts sur le milieu aquatique et leurs rôles dans la préservation de la biodiversité ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
Parfois appelés les techniciens des rivières, les castors construisent des barrages, bâtissent des habitats riches qui favorisent la biodiversité. Ils offrent une possibilité de refuge à de nombreuses espèces en plus de réguler l’eau et de limiter l’érosion. Mais ces gardiens essentiels de la biodiversité ont longtemps été chassés et rejetés par l’Homme. Comment vivent-ils aujourd'hui et quels sont leurs bienfaits sur la nature ?
Depuis l’année 1968, le castor est une espèce protégée en France. C'est le tout premier mammifère menacé d’extinction à être protégé. C’est à partir de 1987 que l'Office Français de la Biodiversité (OFB) est chargé de suivre cette espèce qui a “un statut de protection grâce à ses bienfaits envers la biodiversité. On travaille à suivre sa répartition et à appuyer l'administration et les riverains, surtout pour une bonne cohabitation entre cet animal et les humains", explique Paul Hurel, coordinateur national du réseau Castor de l’OFB. Mais quelles sont les caractéristiques des castors et quel est leur mode de vie ?
Le castor est le seul avec l’Homme qui modifie son environnement pour son intérêt.
Le castor est à différencier du ragondin qui lui n’a jamais été menacé d’extinction et est même "une espèce exotique envahissante, que l'on veut chasser et détruire", souligne Paul Hurel. Le ragondin a "une queue cylindrique qui ne trompe pas, et fait un poids de 10 à 15 kg", affirme le coordinateur, "contrairement aux castors qui ont une queue plate très spécifique, caractéristique de cette espèce. Ils sont plus imposants pouvant atteindre les 20 à 30 kg", complète-t-il. Son mode de vie n'est finalement pas si éloigné de celui de l’Homme. "Le castor est un ingénieur des cours d’eau et de l’environnement et c'est le seul avec l’Homme qui modifie son environnement pour son intérêt”, remarque Rémi Luglia, président de la Société Nationale de Protection de la Nature. Cette espèce se montre impressionnante grâce à "sa capacité de construction de barrage pour se protéger et cacher l’entrée de son terrier", raconte Sébastien Penel, président de l'association Castor et Homme.
Les castors peuvent être considérés comme des mammifères semi-aquatique, "ils vivent dans l’eau et y sont d'ailleurs plus habiles, ils sont capables de faire des travaux sous l’eau comme couper du bois, transporter des branches et creuser le sol. Mais sur terre, le castor est capable de construire sa propre hutte ou terrier. Entre animal terrestre et poisson, les humains ont d'ailleurs eu du mal à le classer", explique Rémi Luglia. Toutes les constructions que fait le castor lui permettent de se nourrir, de se protéger et d’étendre son territoire, mais il est aussi bénéfique aux autres espèces, favorisant la pousse de la flore et offrant des refuges pour les animaux. Les barrages bâtis par les castors “créent une zone abondante d’eau pour les poissons”, explique Sébastien Penel, "ils apportent des bienfaits pour le cours d’eau et tout ce qui va avec", ajoute le président de l'association Castor et Homme. Leurs barrages peuvent parfois servir de "filtres à eau", mais "cela dépend de la pollution. On pourrait se dire qu’il y a une filtration des sédiments, mais dans les faits, il peut aussi y avoir une concentration de pollution. C’est du cas par cas", précise Paul Hurel.
On est totalement dépendant de la biodiversité, elle nous nourrit, nous fait respirer.
Mais le castor apporte des bienfaits qui ne sont pas à négliger, car "on est totalement dépendant de la biodiversité, elle nous nourrit, nous fait respirer et nous fait vivre en épurant l’eau, en produisant de l’oxygène", assure Rémi Luglia. "Il est important de prendre conscience que nous, humains, on fait partie d'un grand système avec lequel on est en interrelation. Et le castor permet de comprendre dans quel écosystème on vit et de se rapprocher de cette nature", complète-t-il.
Présent aujourd’hui dans toutes les régions de France, le castor a "une préférence pour le bassin du Rhône qu’il a recolonisé avant d'être réintroduit dans d’autres régions comme la Loire et les frontières belges et luxembourgeoises", explique Sébastien Penel. Un mode de vie et des constructions propres aux castors qui peuvent déplaire à l’Homme et notamment aux agriculteurs qui sont quelquefois gênés par le travail de ces animaux semi-aquatiques. "Dans le monde agricole, le barrage du castor est encore vu comme problématique faisant monter le niveau de l’eau. Il peut y avoir des parcelles inondées, des chemins immergés, donc les agriculteurs peuvent être confrontés à une perte de surface et de possibilité de travailler", explique Sébastien Penel. Mais Rémi Luglia reste persuadé qu'il faut "les regarder comme des voisins, des êtres légitimes qui ont le droit d’exister" et qui ont de plus "fait beaucoup d’efforts pour s’adapter aux humains, alors on devrait faire de même".
Il faut regarder les castors comme des voisins, des êtres légitimes qui ont le droit d’exister.
Pour favoriser une bonne cohabitation entre les castors et les humains, des associations et des collectifs tels que l’OFB se mobilisent pour sensibiliser la population. “Une de nos missions est de trouver des solutions, d’apporter des conseils aux agriculteurs, aux populiculteurs - qui cultivent le peuplier - et aux riverains qui se plaignent des castors", témoigne Paul Hurel, le coordinateur national du réseau castor de l’OFB. Mettre en avant le travail des castors et leur bienfait sur la nature représente "un gros travail de médiation par la sensibilisation. Notamment dans le Grand Est où il y a un plan régional d’action sur le castor qui permet de mobiliser des personnes ‘ressources’, qui font comprendre les bienfaits de l’espèce et l’importance de sa protection", explique Paul Hurel. Des bienfaits que l’association Castor et Homme met aussi en lumière : "lors de prospection ou d’intervention, on apporte tout un panel de réflexions et de connaissances pour que les gens comprennent les bienfaits du castor”, raconte Sébastien Penel.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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