Le salon de l’agriculture de Paris ouvrira ses portes samedi jusqu’au 2 mars. Plus d’un millier d’exposants 4 000 animaux. L’an dernier 600 000 visiteurs. Cette nouvelle édition sera une encore fois au cœur de la crise des agriculteurs. Mais certains font le choix de diversifier leur activité face aux nouveaux enjeux et défis de leur profession.
Dans un contexte de crise agricole, ils testent ou se lancent dans de nouvelles cultures pour mieux résister aux aléas climatiques ou pour avoir des revenus plus stables . Régis Bonin est un éleveur de canards dans l’Indre. Il cherchait à se constituer un complément de retraite. Or, la société Horizom s’est implantée dans le département en 2022 pour lancer une filière de culture du bambou. Elle a constitué une pépinière de plusieurs centaines d’ha et cherchait des agriculteurs intéressés pour rejoindre cette nouvelle filière.
Régis Bonin a franchi le pas, car cette plante offrait un certain nombre d’avantages : "le bambou pousse rapidement et se maîtrise facilement. Il permet beaucoup d'utilisation, de la plaquette traditionnelle de bois en passant par des matériaux bio-sourcés, par des isolants et d'autres productions qui restent à inventer". Le bambou n’implique pas d’engrais ni de pesticides. Régis Bonin a planté 1 500 pieds sur 5 hectares en bord de rivière. Il attend les premières retombées financières d’ici cinq ans. "J'aurai mon complément de retraite à partir de la cinquième année. Avec des peupliers, j'aurai attendu vingt ans pour espérer la même chose".
On change d’échelle avec 1550 producteurs partout en France et quelque 37 000 ha cultivés. La France est ainsi devenue en quelques années le 1er producteur de chanvre en Europe et le 2e au niveau mondial. Historiquement, le chanvre était cultivé pour les cordages des navires et le textile. Cette culture a failli disparaître au XXe siècle, mais remise au goût du jour par la transition écologique. A la tête d’un élevage de chèvres bio dans le département de Vienne, Catherine Crouigneau s’est lancée dans une phase de test sur 5 ha. La simplicité de cette plante l'a séduite."Pourquoi on s'est intéressé au chanvre ? Parce que ça utilise peu d'eau et on voit bien avec les années de plus en plus sèches, qu'il faut vraiment trouver des cultures alternatives. En plus, le chanvre ne nécessite pas du tout de pesticides. Et ça, c'est aussi très très intéressant" explique l’éleveuse.
Le chanvre s’adapte à tout type de sols et offre des débouchés très variés. " La graine qui va servir dans les produits pharmaceutiques et aussi en alimentation humaine. Ensuite, il va rester la tige pour faire soit de l'isolation, soit du textile. Là, il faut une machine particulière. Si on est tout seul à produire, c’est compliqué. L'idée, c'est de créer un groupe pour développer des débouchés locaux" précise Catherine Crouigneau. Pour l’instant, elle ne sait donc pas encore si elle va poursuivre dans cette voie. La majorité des producteurs sont en effet en lien étroit avec des transformateurs qui valorisent tous les aspects de la plante.
C’est une star de ce que l’on appelle les superaliments : la graine de chia. Originaire d’Amérique centrale, elle est issue de la chia une plante herbacée d’environ 1 m de haut aux fleurs mauves ou blanches. "Ses graines sont extrêmement riches en oméga-3, mais aussi en vitamines, minéraux, oligo-éléments fibres et protéines" explique Frédéric Poujaud qui a initié la filière "chia de France" après une dizaine d’années de travail pour faire valider la plante par l'Union européenne.
"C'est une culture de printemps. Elle a des besoins assez faibles en eau. En fonction des pluies, elle déclenche ses floraisons sur une période assez longue. Elle a des besoins faibles en azote, parce que souvent le besoin en azote. Pour l'agriculteur, on fournit gratuitement les semences" précise-t-il.
Les agriculteurs qui se lancent dans cette production bénéficient d’un autre avantage. C'est une culture à haute valeur ajoutée et ils sont rémunérés sur des prix fixes avec un revenu sur du moyen long terme autour de 3 000 euros par ha. En France, environ 1000 ha de chia sont plantés pour 500 tonnes commercialisées chaque année. En 2023, la production hexagonale représentait environ 10 % de la consommation en France, le reste étant importé majoritairement d’Amérique Latine.
Chaque matin à 7h10, les journalistes de RCF décryptent un sujet d'actualité en profondeur, dans la Matinale RCF.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !