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Le livre de la semaine : Quand s'arrêtent les larmes de JN Pancrazi (Gallimard)

Le livre de la semaine : Quand s'arrêtent les larmes de JN Pancrazi (Gallimard)

Un article rédigé par Christophe Mory - le 5 juin 2025 - Modifié le 6 juin 2025
L'Actualité littéraireLe livre de la semaine : Quand s'arrêtent les larmes de JN Pancrazi (Gallimard)

LE LIVRE DE LA SEMAINE - Jean-Noël Pancrazi revient avec un livre très personnel. Titulaire d'un prix Médicis, d'un prix du Livre Inter, d'un Grand Prix du roman de l'Académie Française... Jean-Noël choisit cette-fois d'écrire le cancer de sœur avec "Quand s'arrêtent les larmes". Un coup de cœur pour Christophe Mory.

 

Jean-Noël Pancrazi, Quand s'arrêtent les larmes, Grasset © DRJean-Noël Pancrazi, Quand s'arrêtent les larmes, Grasset © DR

"Quand s'arrêtent les larmes" pourrait s’intituler "les Enfants du Stand ", les trois derniers mots du point final. Quand s’arrêtent les larmes est le beau récit qui met en scène une fratrie, le narrateur et sa sœur Isabelle ; couple d’enfants vieillissant, qui refuse d’être ternis par la vie, à peine patinés, jamais fatigués. Le narrateur se présente tel qu’il est : "maladroit, intimidé sans moyens ni projets"

Cet écrivain, aussi discret que merveilleux, vieillit aussi. Dix-neuf livres à son actif, souvent primés : prix Médicis, Prix Valéry Larbaud, Prix du Livre Inter, Prix Jean Freustié, Grand Prix du roman de l’Académie française, prix Jacques Audiberti, Prix des écrivains du Sud. On peut trouver tous les titres dans la collection folio chez Gallimard. L’auteur s’essouffle-t-il ? « J’aurais pu écrire après minuit, comme je le faisais auparavant, mais je n’écrivais plus ou si peu, j’avais perdu l’emportement nerveux, la panique exaltée, l’émotion et la concentration nécessaires pour commencer un livre ; la vie avait repris le dessus. » 

Un livre dédié à sa sœur

Le livre porte Isabelle, sa sœur est atteinte d’un cancer. "Ce n’était pas la peine de rester un enfant si je perdais ma petite sœur", écrit-il. Aussi ne peut-il que l’accompagner, la soutenir en ces temps où il ne reste que la prière : "On ne savait plus où on en était de notre foi, mais la maladie amenait la douceur, le besoin de pardonner et d’être pardonné, la gratitude d’être encore en vie et solidaires". Être encore en vie et solidaires, n’est-ce pas l’essentiel de notre humanité ? C’est moi qui pose la question. Et toujours sur le sentiment religieux, plus loin, je lis : "Je prenais le relais ; j’aurais voulu effacer toutes mes erreurs et désertions, être le plus pur possible, le moins encombrer de péchés pour mériter d’être exaucé lorsque je demandais à la Vierge de Sainte-Colombe que tout se passe bien pour Isabelle, que rien ne se dérègle, n’empêche la suite des soins et que son cœur ne l’abandonne jamais"

Foi et vie entrmêlées

Avec Jean-Noël Pancrazi, la foi et la vie se tiennent de l’autre côté de la Méditerranée : le Stand que j’évoquais au début, c’est là qu’ils ont grandi dans l’éblouissement et l’émerveillement du soleil d’Alger. Pieds noirs, ils ont dû fuir le paradis perdu de leur enfance (je vous renvoie à un autre roman de Jean-Noël Pancrazi, la Montagne, toujours chez Gallimard). C’est là-bas qu’on retrouve Driss dont la sœur Myriam est aussi atteinte d’un cancer. Une maladie traitée au jour le jour, il n’y avait pas de protocole : "L’hôpital n’était que pour la fin, assurer un trajet en ambulance, prodiguer quelques soins vains et précipités, fournir la dernière dose de morphine dans un simulacre de secours de l’État ». Merveilleux personnage de Driss : « Tout, pour lui, avait un cœur, les murs, le ciel, les gens, la terre, la nuit". Il est le double du narrateur, son amant, sa lumière. Faut-il la présence de Driss pour palper l’amour du frère et de la sœur, presqu’une gémellité (leurs parcourts sont parallèles et similaires finalement).  

Jean-Noël nous plonge dans ce Maghreb façonné par le sirocco et la pauvreté, le malheur aussi au milieu d’un tremblement de terre à Marrakech, un pays rugueux où se trouve l’enfance, la solidarité ou ce seul mot que nous oublions dans notre monde occidental : la bonté. Vous serez surpris du style si personnel de Jean-Noël Pancrazi qui ne bavarde jamais et laisse les phrases s’étirer et s’enrouler comme des corps souples dans une musicalité singulière qui donne envie de lire à voix haute.

Émission L'Actualité littéraire © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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