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Le livre de la semaine : Les piliers de la mer de Sylvain Tesson (Albin Michel)

Le livre de la semaine : Les piliers de la mer de Sylvain Tesson (Albin Michel)

Un article rédigé par Christophe Henning - RCF, le 3 avril 2025 - Modifié le 3 avril 2025
L'Actualité littéraireLe livre de la semaine : Les piliers de la mer de Sylvain Tesson (Albin Michel)

LE LIVRE DE LA SEMAINE - Cette semaine, Christophe Henning revient sur Les piliers de la mer, de Sylvain Tesson, aux éditions Albin Michel. Avec ce roman autobiographique, il raconte sa conquête des stacks, autrement dit des piliers rocheux perdus au large des côtes.

Les piliers de la mer, Sylvain Tesson © Albin MichelLes piliers de la mer, Sylvain Tesson © Albin Michel

« Depuis longtemps, je cherche les endroits du monde où se croisent l’éternité des patries de l’enfance et le refus des encerclements modernes », écrit-il. Qui ne connaît pas Sylvain Tesson, cet écrivain voyageur un peu fou qui parcourt le monde à la recherche de défis les plus improbables ? On l’a suivi en tant que chasseur d’images visant la panthère des neiges, sur les chemins vicinaux du sud-est au nord-ouest de l’Hexagone, et que dire encore de la chevauchée des steppes ou de la cabane au fond des bois en Sibérie. C’est face à l’aiguille creuse d’Etretat qu’un nouveau pari a pris forme ; conquérir les piliers rocheux perdus au large des côtes. Il y en a des milliers de par le monde. Contrairement à l’effet d’optique, ce ne sont pas les piliers dit « stacks » qui ont pris le large, mais la falaise qui s’est effondrée au cours de milliers d’années. Les stacks ne sont que les fiers vestiges, des bouts de falaise résistant aux quatre vents et aux vagues furieuses. Et ces piliers s’élèvent parfois sur plusieurs centaines de mètres. Visuellement fascinants, ces dents de pierre constituent aussi un défi technique. Non seulement la qualité de la roche est incertaine mais il faut approcher le pic à bord d’un frêle esquif avant de grimper. Quand je vous disais qu’il fallait être un peu fou. 

Une quête d'aventure 

Sylvain Tesson a donc gravi l’aiguille creuse, auquel tient particulièrement Arsène Lupin. Avec son complice Daniel du Lac, Sylvain Tesson a escaladé une centaine de stacks de tous pays, des Philippines jusqu’en Ecosse, jusqu’aux confins de la terre. C’est ce que raconte le carnet d’expédition que signe l’alpiniste des mers. 

Au cap Horn par exemple : « Par la grâce des dieux réfugiés dans les extrémités, le temps est superbe : pas de vent, mer calme, température clémente, soleil des bords du monde. » Il y a le temps de l’émerveillement, celui de la concentration aussi : « Ces agitations nous ont occupés obstinément, peuplant nos nuits de rêves et nos matinées de plans d’attaque que la journée venait en général contredire. » C’est aussi un challenge sportif, une prise de risque, une échappée belle. Dans quel but ? « Aucune intelligence artificielle ne recommandera jamais de grimper sur un stack. C’est un acte stérile, harassant et vaniteux. Mais de celui-là, je me souviendrai à l’instant de mourir », confie Sylvain Tesson.

Un défi que peu ont su relever 

Ces aventuriers seront peut-être copiés, et sur la centaine de stacks escaladés, la moitié n’avait jamais eu visite d’humains. Nos grimpeurs n’étaient pas toujours les premiers, mais souvent. « C’est la noblesse du stack : il n’attend personne », insiste l’écrivain voyageur qui s’est posé la question : n’était-ce pas porter atteinte à la nature vierge de toute présence ? Ne faudrait-il pas sanctuariser ces piliers de la mer, fiers et fragiles, inaccessibles et dangereux? « Il reste quelques-uns de ces hauts lieux inconnus. Mais la marée monte sur la Terre, insiste Sylvain Tesson. De pilier en pilier, nous mâchons notre idée : quelques lieux ont échappé à l’investissement total du monde par l’homme. » L’acrobate des falaises sent poindre un « fantasme de chaise longue ». 

On doute, on le voit mal renoncer, alors même que chaque aventure le porte loin dans l’admiration du monde : « De mon bonheur, je prends à témoin les nuages et bénis la mer, les vagues et les rocs et les oiseaux aussi qui ne ferment jamais les yeux et les herbes couchées sur le bord des falaises et la mer qui frappe à coups désespérés pour que la Terre s’occupe un peu d’elle. » Comment renoncer à tel émerveillement ? Ce que résume l’auteur : « vivre est bon. Vivre encore un peu est meilleur. »

Émission L'Actualité littéraire © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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