
LA CHRONIQUE LITTERAIRE - Le décès du pape François est l'occasion pour Christophe Mory de replonger dans les encycliques du Pape, et en particulier dans sa dernière, Dilexit nos, sur l'amour humain et divin du cœur de Jésus-Christ.
Puisque nous sommes dans le deuil du Pape François, il est temps de lire ou de relire ses encycliques. Il n’y en a que quatre, c’est pas énorme, vous en conviendrez, pour douze ans de règne.. Sans doute consacrait-il beaucoup de temps et d’énergie à d’autres tâches comme les grandes réformes de l’Église.
Ces encycliques sont précieuses ; On se souvient tout de Laudate Si sur les questions environnementales. Et on ne se souvient que de cela semble-t-il. Or, cette dernière encyclique est déterminante parce qu’elle est la dernière, presqu’un testament.
Je vous avoue que la traduction française sur le Sacré Cœur de Jésus ne m’a pas donné l’élan de lire. Le Sacré Cœur, une vision ou une idée de Margueritte Marie à la Coque au XVIIème siècle à Paray le Monial. A vrai dire, je ne comprenais pas que ce pape qui a toujours refusé de venir en France mais à sa périphérie marseillaise ou Corse, qui ne comprenait pas notre sens de la Laïcité, qui lisait Pascal et Thérèse de Lisieux, comment ce pape a-t-il connu Marguerite Marie à la Coque ? C’est assez étrange pour un Argentin et ça vaut de se pencher sur ce texte dont le titre, encore une fois ne me captivais pas pas.
Je l’ai lu depuis lundi, le décès du Pape, en me disant que cette lecture me permettrait d’entrer en communion avec lui et surtout avec sa vision de l’Église et de l’homme.
En 220 paragraphes, François nous conduit au cœur du cœur ; celui de l’homme, celui du Christ. L’Intelligence artificielle pourra se substituer à nos cerveaux mais jamais à notre cœur où se concentre notre personne : la conscience, l’amour, l’élan, Et le dit avec force parce qu’il parle de cœur à cœur , et c’est énorme.
Écoutez le 8ème paragraphe : il pose les questions fondamentales avec une simplicité épatante au sens où elle s’adresse à tous.
« Au lieu de rechercher des satisfactions superficielles et de jouer un rôle devant les autres, il vaut mieux laisser surgir les questions décisives : qui suis-je vraiment, qu’est-ce que je recherche ? Qu’est que je cherche ? Quels sens je veux donner à ma vie ? A mes choix ou à mes actions ? Pourquoi et dans quel buts suis-je san ce monde ? Comment est-ce que j veux donner de la valeur à mon existence ? Lorsqu’elle s’achèvera ? Quels sens je veux donner à tous ce que je vis ? Qui est-ce que je veux être devant les autres ? Qui suis-je devant Dieu ? Ces questions me ramèrent à mon cœur. »
Il nous emmène peu à peu, pas à pas, vers le fondement de la compassion qu’est le Sacré Cœur du Christ. Et c’est là le génie de l’auteur, qu’il soit Bergoglio, Pape François ou l’Esprit Saint (alors oui, j’enjolive dans l’émotion du décès, mais quand même…)
François parle de ce monde comme un « monde liquide » fait de flux : la finance, internet, la communication qui pousse à l’indifférence « la mondialisation de l’indifférence ». Il n’exhorte pas à s’y opposer mais à rechercher le point central de l’homme : le cœur.
Il reprend les passages de la Bible qui parlent du cœur. Souvenons-nous des disciples d’Emmaüs qui disent avoir le « cœur brûlant » quand ils écoutaient le Christ ressuscité. Dans la Bible, le mot cœur apparaît tant de fois. Et le Pape François les repère et les énumère. Il en tire un enseignement qu’il place devant notre monde contemporain avec des détours aussi saisissants que pédagogues.
Je le cite encore :
« Les bonnes intentions ne suffisent pads. Un dynamisme intérieur de désir qui entraîne des conséquences extérieures est indispensable. En bref, « la réparation pour être chrétienne, pour toucher le cœur de la personne offensée et ne pas être un geste de justice communicative suppose deux attitudes qui engagent : se reconnaître fautif et demander pardon. C’est de cette honnête reconnaissance du tort causé au frère et du sentiment profond et sincère que l’amour a été blessé, que naît le désir de réparer ».
Vous voyez, cette encyclique nous touche profondément. Et que nous pourrons reprendre en juin, mois consacré au cœur de Jésus. Le Pape François renouvelle cette dévotion en replaçant le cœur au centre de nos vies.
Quelle que soit la foi, les convictions ou l’interrogation que chacun se pose, ce livre est épatant car il place le monde devant notre cœur et notre cœur en face du monde. Un texte à lire d’urgence avant samedi matin, les obsèques du Souverain pontife, et plus tard pour vivre les battements de ce qui fait la vie : le cœur.
Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
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