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La serre Martins, écrin vivant des plantes succulentes au Jardin des Plantes de Montpellier

La serre Martins, écrin vivant des plantes succulentes au Jardin des Plantes de Montpellier

Un article rédigé par VB - RCF Hérault, le 17 décembre 2025 - Modifié le 18 décembre 2025

Au Jardin des Plantes de Montpellier, la serre Martins révèle les secrets des plantes succulentes. Histoire, adaptations extrêmes et pédagogie scientifique.

La serre Martins du Jardin des plantes de Montpellier © GMLa serre Martins du Jardin des plantes de Montpellier © GM

Au cœur du Jardin des Plantes de Montpellier, la serre Martins invite le visiteur à un véritable voyage botanique à travers les paysages les plus arides du globe. Récemment reconstruite dans le respect de son modèle originel du XIXᵉ siècle, cette serre emblématique abrite aujourd’hui une remarquable collection de plantes succulentes, témoins vivants de l’ingéniosité du monde végétal face aux conditions climatiques extrêmes.

À l’occasion d’une rencontre avec John De Vos, directeur du Jardin des Plantes, Thierry Lavabre-Bertrand, directeur honoraire, et Didier Basset, président de l’Association des amis du jardin, nous avons exploré l’histoire, la vocation scientifique et pédagogique de ce lieu singulier.

Une serre historique repensée pour l’avenir

Créée en 1860, la serre Martins doit son nom à Charles Martins, alors directeur du Jardin des Plantes, explorateur et scientifique passionné.

"C’était une personnalité hors norme, à la fois botaniste, météorologue et grand voyageur", rappelle Thierry Lavabre-Bertrand.

La première serre, conçue avec les techniques de l’époque, présentait une structure lourde qui s’est progressivement déformée avec le temps. Une reconstruction plus fonctionnelle eut lieu en 1959, mais au détriment du charme initial.

Il faudra attendre les années 2010 pour qu’un ambitieux projet permette une restauration fidèle à la forme originelle.

"Nous avons pu reconstruire la serre à l’identique sur le plan architectural, tout en intégrant des innovations contemporaines", souligne Thierry Lavabre-Bertrand.

Panneaux solaires en remplacement des anciennes ombrières, récupération des eaux de pluie, régulation automatisée de la température : la serre Martins conjugue aujourd’hui patrimoine et transition écologique.

Plantes grasses ou plantes succulentes ?

Derrière les vitres de la serre, un monde fascinant se déploie. Cactus monumentaux, euphorbes aux silhouettes étonnantes, plantes venues d’Amérique du Nord et d'Amérique du Sud, d’Afrique du Sud ou de Madagascar
Mais attention aux idées reçues.

"Parler de plantes grasses est un abus de langage", précise Didier Basset. "Il n’y a pas de graisse à proprement parler, mais une capacité à stocker l’eau grâce à des tissus charnus. Le terme exact est “plantes succulentes”".

De même, les cactées ne représentent qu’une partie de cette diversité. "Certaines euphorbes africaines ressemblent énormément aux cactus américains", explique-t-il. "C’est ce qu’on appelle une convergence évolutive : des plantes très éloignées sur le plan de l’évolution développent des formes similaires pour répondre aux mêmes contraintes climatiques."

Survivre à l’extrême : des stratégies ingénieuses

La serre Martins a une vocation pédagogique affirmée. "Quand on entre ici, on a l’impression de pénétrer dans un autre monde", confie John De Vos. "L’objectif est de faire comprendre comment des plantes vivant sous 40 °C le jour et parfois –10 °C la nuit parviennent à survivre."

Parmi les grandes stratégies d’adaptation des plantes présentées dans la serre, on retrouve la réduction du feuillage, afin de limiter l’évaporation. "Dans les milieux les plus secs, certaines plantes n’ont tout simplement plus de feuilles", explique John De Vos. 

Le stockage de l’eau se fait différemment, dans les parties charnues, permettant aux plantes de traverser de longues périodes de sécheresse.

Contrairement à de nombreux arbres de nos régions, l’eau n’est pas stockée dans les racines. "Chez les cactus ou les euphorbes, l’eau est essentiellement stockée dans la tige, la partie la plus charnue", précise-t-il. "Les racines sont peu développées mais très efficaces pour capter rapidement l’eau lorsqu’il pleut ."

Enfin, on y découvre un nouveau métabolisme, le métabolisme crassulacéen, une adaptation fascinante. "Ces plantes ferment leurs stomates le jour pour éviter la perte d’eau et respirent la nuit", détaille le directeur. "Elles décalent ainsi leur photosynthèse dans le temps."

Un outil de transmission et de sensibilisation

Pensée comme un espace de déambulation, la serre Martins permet au public d’appréhender la biodiversité de régions souvent méconnues. "On croit connaître ces plantes à travers les images de westerns, mais la diversité va bien au-delà", souligne John De Vos. De l’Amérique du Sud à Madagascar, la serre montre comment des contraintes identiques produisent des réponses similaires, malgré des histoires évolutives très différentes.

La visite de la serre est possible sur inscription via le site de l’Université de Montpellier, pour un accès privilégié à ce patrimoine vivant, à la croisée de la science, de l’histoire et de la contemplation.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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