C'était il y a 6 mois. L'archipel de Mayotte était dévasté par le cyclone Chido causant une quarantaine de morts au moins, et des dizaines de milliers d'habitats à reconstruire. Le projet de loi-programme du gouvernement pour "refonder" Mayotte arrive d'ailleurs aujourd'hui en commission à l'Assemblée nationale. Le volet migratoire et sécuritaire devrait à nouveau susciter d'âpres débats, l'immigration, en particulier venu des Comores, étant un grand défi pour cet archipel peuplé de 4 à 500 000 habitants. Mgr Charles Mahuza Yava, vicaire apostolique sur place est l'invité de RCF et Radio Notre-Dame.
Le samedi 14 décembre 2024, le cyclone tropical Chido frappait Mayotte, causant d'immenses dégâts humains et matériels, aggravés par la pauvreté du territoire. Face à cette catastrophe, une reconstruction efficace et rapide nécessite le soutien de la métropole. Charles Mahuza Yava, vicaire apostolique de Mayotte, revient sur l’état d’esprit de la communauté chrétienne six mois après la catastrophe naturelle.
Sur l’archipel, la reconstruction est lente, et malgré les promesses d'aide, les habitants expriment leur frustration face à la lenteur des interventions. « L’Etat promet mais jusque-là on continue à attendre » relate Monseigneur Charles Mahuza Yava. Il dénonce aussi le traitement préférentiel perçu à Mayotte comparé à La Réunion : « La vie a tout à fait bien repris à La Réunion alors qu’à Mayotte, ça traîne. » « Ça décourage les gens et on n’arrive pas à comprendre », souligne-t-il.
L’Etat promet mais jusque-là on continue à attendre.
Le projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte sera examiné ce10 juin en Commission des lois de l'Assemblée nationale. Manuel Valls, ministre des Outre-mer, procédera à l'audition, suivie d'une discussion générale puis de l'examen du texte. Ce texte affiche l'objectif de protéger les Mahorais, de créer des conditions de développement pour Mayotte et de moderniser le fonctionnement institutionnel. Il entretient l’espoir d’une reconstruction efficace.
« Les gens nourrissent encore de l’espoir parce que les promesses ont été faites », met-il en lumière.
Malgré la situation, le vicaire apostolique admire la force des habitants : « La vie petit à petit reprend, les gens sont très courageux ».
L’Église à Mayotte, minoritaire sur une île à 95 % de confession musulmane, est marquée par une grande diversité : « Des chrétiens qui viennent d’un peu partout du monde […] mais pas beaucoup de Mahorais. » Pourtant, cette diversité n’est pas source de conflits car les religions cohabitent et entretiennent « de très très bonnes relations ». Monseigneur Mahuza Yava observe « une très bonne amitié entre les différentes cultures » ce qui, selon lui, « fait la richesse de l’Eglise à Mayotte ».
C’est peu, mais quand même, c’est un très bon signe.
Les églises portent les stigmates matériels du cyclone : en Petite Terre, la toiture de l'église Saint-Michel a été emportée. Les fidèles se rassemblent dans la maison d’une chrétienne pour les messes dominicales. L’association Les Enfants de Saint Michel a lancé un projet de restauration de l'église, témoignant de l'engagement des communautés chrétiennes à soutenir la reconstruction. Dans les paroisses, la solidarité s’est aussi exprimée : « Des diocèses de France ont essayé d’apporter une aide matérielle, comme de l’argent, pour aider un peu la population ».
« C’est peu, mais quand même, c’est un très bon signe », conclut-il sur une note d’espoir.
Chaque matin, Pierre-Hugues Dubois reçoit une personnalité au cœur de l’actualité nationale ou internationale. Décryptage singulier de notre monde et de ses enjeux, mais aussi découverte d’un parcours, d’un engagement. Au cœur de la grande session d’information du matin, une rencontre quotidienne pour prendre de la hauteur avec bienveillance et pour donner du sens à l’information.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
Mayotte
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !