Les plus grands dirigeants de la planète se réunissent à Paris le 10 et 11 février sous les ors du Grand Palais. Le Premier ministre indien, le vice-président américain, le vice-Premier ministre chinois, le chancelier allemand, tous viennent parler de la nouvelle révolution technologique, sans doute aussi importante que la machine à vapeur ou l'arrivée de l'électricité. Décryptage de ces enjeux avec Daniel Andler, philosophe des sciences morales et politiques.
Deux ans après la sortie de ChatGPT, l'intelligence artificielle remodèle nos vies, transforme le marché du travail, inquiète parfois et soulève des enjeux éthiques.
L’intelligence artificielle est une technologie difficile à définir, selon Daniel Andler. Afin d’expliciter cette notion, le philosophe revient à l’intention des pionniers, des créateurs de l’intelligence artificielle. Cette expression a été inventée dans les années 50 aux États-Unis pour qualifier le fait de rendre les machines intelligentes.
En réalité, Daniel Andler explique que l'ordinateur effectue des opérations logiques qui lui permettent ensuite de simuler toutes sortes de processus qui ne sont pas en apparence logiques. "Par exemple, une tornade. Une tornade, ce n'est pas vraiment logique. La destruction d'un village par une tornade est un processus physique qu'on peut analyser et simuler. Néanmoins, si vous voulez comprendre comment fonctionne une tornade, des additions et des multiplications ne suffiront pas." A ses débuts, l’intelligence artificielle essayait d'imiter l’image qu’on pouvait se faire des calculs de la pensée consciente, poursuit le philosophe, reproduire le fonctionnement de la pensée humaine.
La force de l’intelligence artificielle réside dans son pouvoir de s’emparer de n’importe quel problème, explique le philosophe. "À mes yeux, elle n’est pas pleinement intelligente. Elle n’est qu’une machine à résoudre des problèmes. L’intelligence humaine, ce n'est pas seulement résoudre des problèmes." Selon Daniel Andler, l’intelligence humaine peut se faire battre dans certains domaines tels que les calculs, ou des jeux tels que les échecs ou le go.
À mes yeux, elle n’est pas pleinement intelligente. Elle n’est qu’une machine à résoudre des problèmes. L’intelligence humaine, ce n'est pas seulement résoudre des problèmes.
L'intelligence artificielle n’est, en revanche, pas en mesure de faire face à des situations. "Faire face à une situation, c'est prendre en compte l'état dans lequel on est à un certain moment, avec ses intentions, ses émotions, son passé, les buts qu'on s'assigne à court terme, à moyen terme, à long terme, et faire du mieux qu'on peut." Selon Daniel Andler, l’intelligence artificielle ne peut pas être assimilée à une forme d’intelligence humaine car elle n’a pas d'enjeu personnel dans la situation dans laquelle elle évolue.
L’éthique de l’intelligence artificielle s’inscrit dans le prolongement d’une réflexion sur l’éthique informatique, explique Daniel Andler. "C'est devenu un secteur tout simplement parce qu'il est clair que l'IA est un outil très puissant. Dès qu'un outil est puissant, il y a la question de son emploi." Le philosophe souligne la particularité de l’usage de l’intelligence artificielle dont les effets dépendent de l’intention de son utilisateur. Une bonne partie de l'éthique de l'IA consiste simplement à définir les bons usages de cet outil.
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