Dans la tête de Xavier Dupont de Ligonnès
Xavier Dupont de Ligonnès demeure une véritable énigme pour les Français. Beaucoup se demandent s'il est vivant ou non mais peu de personnes savent qui il était véritablement. Alors pourquoi a-t-il évolué jusqu'à ce drame absolument épouvantable ? Eléments de réponse avec Daniel Zagury, ancien psychiatre, spécialiste de psychopathologie légale, expert auprès des tribunaux et auteur de L’énigme publique n°1 - Xavier Dupont de Ligonnès.
Daniel Zagury est l'auteur de "L’énigme publique n°1 - Xavier Dupont de Ligonnès". © Pierre-Hugues DuboisEn 2011, Xavier Dupont de Ligonnès est soupçonné d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants. Au regard de la justice, il est toujours innocent. Mais le suspect numéro 1 demeure introuvable.
Xavier Dupont de Ligonnès, un survivant de l’apocalypse
Daniel Zagury, auteur de L’énigme publique n°1 - Xavier Dupont de Ligonnès, tient tout d’abord à préciser qu'il faut éviter de plaquer une trame exclusive, l’histoire de Xavier Dupont de Ligonnès étant très complexe. Les théories pour traiter de cette affaire sont multiples : religieuses, psychiatriques, liées au narcissisme, à l'aristocratie, etc.
La mère de Xavier Dupont de Ligonnès élève ses enfants dans une ambiance très particulière
En ce qui concerne la religion, Xavier Dupont de Ligonnès est né dans une famille dont la mère est prédicatrice, c’est-à-dire qu’elle communiait avec le Dieu. "La mère élève ses enfants dans une ambiance très particulière qui est décrite par la sœur aînée de Xavier 'd'attente de l'apocalypse, de colère divine'", relève le psychiatre. Il a cru à la prédiction de sa mère, qu'il serait un des survivants de l'apocalypse jusqu'à l'âge de 35 ans. L'un des fils conducteurs du travail de Daniel Zagury consiste à montrer que "quand on est prédestiné, on ne peut pas se construire un destin".
Un rapport ambigu avec la religion sur les réseaux sociaux
Xavier Dupont de Ligonnès se revendique agnostique mais est en même temps extrêmement actif sur les réseaux sociaux et les forums sur la foi, où il prend une posture de militant. Une posture dérangeante pour le psychiatre : "Il appelle au secours, on lui tend la main, et on s'aperçoit qu'il ne dialogue pas sur la religion mais cherche à imposer son point de vue".
Après avoir perdu la doctrine maternelle, il erre et affirme lui-même : "J'ai tout perdu". Le psychiatre présente une hypothèse sur le motif de ses actes : "La doctrine maternelle, sur le tard, est venue donner sens à son désespoir et au massacre perçu comme un sacrifice". Dans les discussions, Xavier Dupont de Ligonnès expliquait ainsi que le sacrifice est au cœur de la religion catholique, que cela soit dans ses rites ou dans le vin de la messe. De cette manière, il désymbolise son sacrifice.
Il a Dieu à ses côtés et a donc supprimé la culpabilité et la honte
Un acte de sacrifice commandé par Dieu ?
Comme dans toutes les religions, "quand c'est Dieu qui commande ou quand on a Dieu à ses côtés, l'acte est plus facile", analyse le psychiatre. Pour le cas de Xavier Dupont de Ligonnès, "il a Dieu à ses côtés et a donc supprimé la culpabilité et la honte, il s'est entraîné psychiquement à son acte".
Mais Xavier s’est attaqué à sa propre famille. "Pour lui, le summum de l'abandon, ça aurait été de se suicider tout seul". Il a tué sa femme et ses quatre enfants car "rester ensemble pour l'éternité est probablement une des idées centrales qui sous-tend ce passage à l'acte criminel", analyse Daniel Zagury.


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