L'humeur politique de Dominique Breillat RCF - page 8

Depuis la réforme du quinquennat en 2000 et la concomitance des élections présidentielles et législatives depuis 2002, tous les présidents ont eu une majorité pour les soutenir à l’Assemblée nationale ce qui est fondamental pour eux s’ils veulent réellement exercer le pouvoir et faire adopter leurs réformes.
En sera-t-il de même après le 19 juin ? Rien n’est moins sûr.

Les ministres candidats qui ne seront pas élus députés devront quitter le gouvernement. On ne peut qu'approuver une telle décision. Mais cela ne concerne que 15 ministres. Les autres ne voulant pas affronter le corps électoral seront dans une position bien confortable. On ne peut que regretter que tous les ministres ne soient pas soumis à l'épreuve du suffrage. Leur légitimité y gagnerait certainement.

Emmanuel Macron a enfin désigné la Première ministre. Sa tâche ne sera pas aisée car elle va devoir faire face à deux obstacles pour rester en fonction : que la majorité élue à l'Assemblée nationale soit macroniqte et qu'elle soit elle-même élue députée de la sixième circonscription du Calvados.

Le procès est devenu habituel de la part des candidats battus à l'élection présidentielle. Le président élu est illégitime parce qu'il est mal élu n'ayant pas la majorité absolue des voix des inscrits. Mais depuis 1965 un seul candidat a eu cette majorité absolue: Jacques Chirac en2002. Tous les autres présidents étaient-ils illégitimes? Certainement pas. Il n'y a que dans les dictatures que les présidents sont élus avec la majorité absolue des inscrits approchant même les 100%. Qu'on soit d'accord ou pas avec lui, Emmanuel Macron est, tout comme ses prédécesseurs un président légitime.

Si le Premier ministre hongrois, le plus ferme tenant de l'illibéralisme dans l'Union européenne, a pu se réjouir de sa victoire aux élections législatives et de la réélection le même jour de son voisin serbe tenant d'une ligne semblable Aleksandar Vucic, il n'en a pas moins enregistré beaucoup plus de déconvenues avec l'échec de son référendum anti-LGBT, la défaite en octobre du premier ministre tchèque, et le 24 avril les défaites de Marine Le Pen et du Premier ministre slovène Janez Jansa. L'illibéralisme est-il en déclin? Rien n'est moins sûr.

Lorsque François Mitterrand en 1988 et Jacques Chirac en 2002 avaient été réélus, ils avaient immédiatement nommé leur nouveau premier ministre afin de préparer les élections législatives dans la foulée. On peut se demander pourquoi Emmanuel Macron attend autant pour désigner le successeur (éventuel) de Jean Castex. Pendant ce temps Jean-Luc Mélanchon occupe le terrain médiatique en vue des élections législatives alors qu'Emmanuel Macron est loin d'avoir une majorité pour le soutenir à l'Assemblée nationale. Il n'est certainement pas urgent d'attendre pour lui.

Les candidats à l'élection présidentielle ont pris l'habitude de rechercher le soutien de dirigeants étrangers. Il n'est pas certain que ce soit pour les candidats une bonne chose, bien au contraire. Cela pouvant apparaître comme une ingérence dans nos affaire intérieures. Ne vaudrait-il pas mieux que ces dirigeants s'abstiennent d'intervenir ?

Le geste de Jean Lassalle rédigeant un chèque pour aider chacun des candidats ayant eu moins de 5% des voix est tout à fait symbolique.
Ces candidats sont exclus d'un vrai remboursement de leurs frais. Ils ont pourtant été présentés par 500 élus français. Ne convient-il pas de les aider véritablement pour que vive la démocratie ?

Le grand pianiste Miguel Angel Estrella vient de nous quitter jeudi à Paris. Il a symbolisé la liberté face aux abominables dictatures argentine et uruguayenne. Arrêté, ses doigts martyrisés, il eut le courage de continuer dans sa prison à s'exercer sur un piano muet. Libéré en 1980 il était venu en France et nous eûmes la chance de l'entendre à Poitiers dans notre vieux théâtre lorsqu'il avait voulu remercier les ONG comme Amnesty International qui l'avaient soutenu. Jamais je n'eus autant d'émotion dans l'écoute d'un concert.

En 1863, face à la répression féroce de l'armée tsariste écrasant l'insurrection des Polonais qui ne souhaitaient défendre que leur patrie, Victor Hugo adressait une lettre à l'armée russe que nous pouvons faire notre en remplaçant Pologne par Ukraine.
Écoutez ce texte émouvant.

En 1863, face à la répression féroce de l'armée tsariste écrasant l'insurrection des Polonais qui ne souhaitaient défendre que leur patrie, Victor Hugo adressait une lettre à l'armée russe que nous pouvons faire notre en remplaçant Pologne par Ukraine.
Écoutez ce texte émouvant.

Depuis hier lundi nous sommes entrés dans la phase de la campagne électorale exigeant l'égalité des candidats. Si je veux évoquer le cas d'une candidat(e) je devrai citer les onze autres. Alors je m'abstiendrai de parler de l'Élection française pouvant en revanche librement parler des élections maltaises ou en Sarre qui ont eu lieu dimanche et finalement ne sont pas sans intérêt...

Le Sénat vient de jouer efficacemment son rôle de contre-pouvoir, un rôle que les députés sont accapables de jouer.
Sa commission d'enquête sur les cabinets de consultants privés a montré le caractère particulièrement choquant du recours à ces institutions.
Le Sénat est véritablement celui qui est capable aujourd'hui de contrôler l'exécutif.

La décision de l'Opéra de Varsovie de Varsovie de déprogrammer Boris Godounov de Moussorgski et de l’Orchestre de Zagreb de déprogrammer une symphonie de Tchaïkovski n'est certainement pas le type de sanction qu'on peut approuver. Moussorgski et Tchaïkovski appartiennent à la culture mondiale. C'est aussi incohérent que pendant la Première Guerre mondiale Saint-Saëns et Debussy animaient un mouvement voulant bannir la musique allemande et autrichienne. Heureusement Ravel, grand patriote avait su montrer l'ineptie d’une telle démarche et c’est son exemple qu’il faut encore suivre aujourd'hui.

Habituellement la politique extérieure était très peu développée dans nos campagnes électorales pour l'élection présidentielle. Il n'en sera pas de même cette année.Mais il ne faudrait pas que pour autant nous ignorions la politique intérieure dans les programmes. Nous élirons un(e) président(e) pour cinq ans et l'élu(e) devra faire preuve d'imagination dans tous les domaines de la politique intérieure même si les conflits actuels perturberont peut-être ses projets.

Sans doute les Etats-Unis et les 27 pays de l'Union européenne ont-ils fait preuve d'une rare unanimité face à l'agression russe contre l'Ukraine. Mais cette unanimité se maintiendra-t-elle dans la durée ?
L'expérience historique montre qu'à cet égard il faut être très prudent et que l'Ukraine risque très vite de se retrouver totalement seule.

Nos voisins européens exigent que les membres de leurs cours constitutionnelles aient une formation juridique forte. Tel n'est pas le cas en France depuis 1959 où le Conseil constitutionnel peut accueillir des personnes n'ayant jamais suivi un cours de droit. C'est encore le cas cette fois-ci avec la proposition de désignation d'une ministre non juriste. Depuis 2008 les parlementaires doivent approuver ces propositions. On peut malheureusement penser qu' une fois de pl:us, ils n'auront pas le souci de l'exigence de compétence.

Le sommet qui s'est tenu dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne aura eu le mérite d’attirer notre attention sur les mers et océans qui constituent 70% de la surface du globe et subissent de très graves menaces. Des espoirs sont nés avec 'engagement d'Etats pour la conclusion d'un traité. Mais la négociation sera longue et le résultat risque d'être décevant comme on le constate avec le climat.

Christos Sartzetakis qui fut le juge courageux de l’affaire Lambrakis connu à travers le film Z de Costa-Gavras vient de s’éteindre.
Son exemple est encore suivi par d'autres magistrats courageux. Mais il serait grand temps que nos candidats s’intéressent un peu plus à la justice dans leur campagne. Malheureusement ce n'est pas le cas et la France sur le plan budgétaire est toujours un mauvais élève, même s'il y a eu des progrès récemment.

Les trois grandes élections primaires qui se sont déroulées étaient annoncées comme devant être un échec. La participation pour chacune d'entre elles a montré qu'il n'en était rien. Et on peut se demander si elles ne devraient pas devenir le principe pour les candidatures entrainant sans doute une plus grande participation des citoyens.