L'humeur politique de Dominique Breillat

Le canular lancé par un site belge en 2014 s'est transformé en infox revenant encore cette année et nous annonçant une taxe sur les animaux de compagnie. Tout cela est faux bien évidemment mais, la taxe sur les chiens existant dans certains pays dont l'Allemagne pourrait donner des idées pour résoudre notre crise financière. Ce type de recette est particulièrement incohérent et il faudrait plutôt s'attaquer à une vraie réforme fiscale s'appuyant sur l'article 13 de la DDHC qui pose que "la contibution commune demandée pour l'entretien de la force publique et pour les dépenses d'administration, soit également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés".

En mai-juin, deux pays majeurs de l'Union Européenne, la Roumanie et la Pologne désignent leurs présidents. Ces élections ne peuvent nous laisser indifférent lorsque l'Union Européen a plus que jamais besoin d'unité. Après bien des péripéties, le maire indépendant de Bucarest,Nicu?or Dan l'a emporté face à George Simion, candidat de l'extrême droite alors qu'après le premier tour, le pro-européen semblait battu. Le premier tour en Pologne le 18 mai a vu le maire pro-européen de Varsovie, Rafa? Trzaskowski en tête avec 31,4 % des voix mais il est talloné par Karol Nawrocki avec 29,5% et surtout le troisième candidat est un admirateur de Trump avec 14,9% et le 4ème un monarchiste nationaliste avec 6,3%. Où iront les voix de ces deux candidats ? C'est l'incertitude du second tour. Ces élections ne peuvent nous laisser indifférent dans l'Union Européenne

La longue interview d'Emmanuel Macron mardi dernier a montré toute sa situation ambiguë depuis la dissolution. Autant il a été très à l'aise sur les questions de politiques extérieures et de défense, autant il a été très flou sur la politique intérieure. C'est qu'il ne lui reste que les compétences de politique étrangère et de défense, le gouvernement étant compétent sur les questions intérieures. À cet égard, il ne peut plus avoir la pratique Gaullienne mais il doit s'en tenir à la lettre de la Constitution. Il faudra donc qu'il examine profondément notre texte suprême

Dans une interviewe au Journal du Dimanche, François Bayrou a suggéré un référendum sur " un plan d’ensemble de réduction des déficits », On ne peut dire que l'idée a suscité l'enthousiasme de la classe politique.

Seuls les proches du Premier ministre semblent l'approuver. Et il y aura bien des obstacles à surmonter. Tout d'abord le Premier ministre n'a qu'un pouvoir de proposition en matière référendaire. In fine c'est le Président qui décide et il n'est pas obligé de donner suite. Or l'Elysée semble très sceptique.

D'autre part est-il possible d'organiser un référendum dans un tel domaine. Certes l'économie fait partie du champ du référendum. Mais peut-on y mettre les questions budgétaires car c'est déposséder le Parlement alors que l'article 47 pose que "le Parlement vote les projets de lois de finances".

Mais l'obstacle sera surtout politique. La réaction à la proposition a été plutôt négative et l'histoire des référendums montre que c'est une opération risquée. Que l'on pense à 1969 avec le départ du général de Gaulle , 1972 avec un fort taux d'abstention et surtout 2005 et la victoire du non.

Le chef de l'État semble aujourd'hui cantonné à la politique extérieure. Cela se manifeste pour la politique arabe, il vient de faire des propositions en souhaitant une reconnaissance de la Palestine. Ce sont aujourd'hui 149 États qui ont reconnu ce territoire comme un État. La conférence de New-York en juin co-présidée par la France et l'Arabie Saoudite devrait être l'occasion pour que la France reconnaisse la Palestine et le royaume saoudien reconnaisse Israël. Actuellement seulement 10 États de l'Union Européenne ont reconnu la Palestine. Il faudrait une reconnaissance collective qui donnerait à l'Union Européenne un rôle accru dans cette région.

Sous la Vème République, aucun président de la République n'était venu à Thouars notamment De Gaulle en 1960 dans sa visite du Poitou l'avait ignoré car elle avait voté non au référendum d'octobre 1962. Le oui n'était pas (allé à Thouars) comme l'avait titré Le Canard Enchaîné. Cette visite du chef de l'État a permis de s'arrêter dans un café PMU très surpris de visiter la belle entreprise Asselin qui a participé à la restauration de Notre-Dame à Paris et encore d'aller à un repas des anciens. C'est la possibilité de pouvoir rencontrer des citoyens qui peuvent lui permettre de consulter notre pays beaucoup mieux que les conseillers Élyséens. Encore faut-il que ses interlocuteurs s'expriment sans esprit partisan mais aussi avec audace.

"Sais-tu qu'on a que 24h au palais pour maudire ces juges dit Almaviva dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais" Se comparer à Navalny, au maire d'Istanbul ou à Martin Luther-King est outré et ne renforcera pas la sympathie pour la leader du Rassemblement National. En outre, l'affaire lasse les français si on en juge à la faible participation dimanche aux manifestations à Paris du RN et de la gauche désunie. Marine Le Pen devrait relire Beaumarchais.

La sanction qui frappe Marine Le Pen a eu un fort retentissement, principalement en ce qui concerne l'inéligibilité immédiatement exécutoire. Cela devrait l'empêcher d'être candidate en 2027 sauf si la décision était infirmée par une cour d'appel. Encore faudrait-il que cette cour d'appel se prononce très rapidement. Ce dont on peut douter compte tenu des lenteurs de la justice. Il faudra donc que tout soit mis en œuvre pour que la cour d'appel se prononce vite. Il y va de la légitimité de la personne qui sera élue en 2027 et aussi de la confiance des français dans la justice.

Même si l'élection présidentielle turque n'aura lieu qu'en 2028, le président Erdo?an élimine ses adversaires quand bien même il ne devrait pas pouvoir être candidat. Le 19 mars, après avoir vu son diplôme universitaire annulé, ce qui était une condition d'éligibilité, le maire d'Istanbul, Ekrem ?mamo?lu a été arrêté. Après les élections municipales l'an passé remportées par l'opposition, le président turc est en position difficile mais les pays européens sont dans l'embarras notamment au moment où il faut renforcer l'OTAN dans sa composante européenne. En 2028, l'opposition turque sera bien seule.

Depuis son accession au pouvoir, Donald Trump s'attaque à la recherche scientifique, réduisant les crédits d'universités prestigieuses. Ses menaces sont un danger pour la suprématie américaine dans nombre de disciplines scientifiques. Il y a plus de 80 ans, des chercheurs allemands fuyaient leur pays pour aller notamment aux États-Unis. Aujourd'hui, beaucoup de scientifiques veulent s'exiler en Europe. Il faut que nos universités se dotent des moyens matériels pour les accueillir, ce qui sera bénéfique également à nos enseignants chercheurs et à nos étudiants.

Le 10 décembre, dans ma chronique, j'exprimais mon pessimisme après la chute du régime de Bachar Al-Assad.
Malheureusement, les évènements de ces derniers jours, m'ont donné raison avec l'attaque des partisans du régime déchu et la répression féroce qui a suivi avec notamment des civils alaouites victimes d'exécutions sommaires.
Le nouveau régime issu d'un courant radical sunnite a essayé de donner une image rassurante afin d'obtenir entre autres la levée des sanctions des occidentaux mais les alaouites, principalement les kurdes, les druses et les chrétiens ont pu manifester leur crainte.
Mon pessimisme était malheureusement fondé.

En 1939, Hitler avait convoqué à Berlin, le président tchécoslovaque Emil Hacha et par des menaces sur ce président malade avait obtenu la signature d'un traité permettant à l'Allemagne d'occuper tout le territoire. Face aux menaces du président Trump et de son vice-président, Zelensky a su garder son sang froid et ne pas céder. Pourra-t-il longtemps résister ? Les européens devraient se rappeler le président Émile Hacha et soutenir le président ukrainien.

Après les élections législatives l'Allemagne va connaître l'alternance avec un chancelier chrétien-démocrate. Mais la CDU/CSU est minoritaire et il faudra un gouvernement de coalition. Avec qui ? Die Linke est exclue. L'extrême droite que l'on pouvait craindre devrait faire l'objet d'un cordon sanitaire. C'est vraisemblablement avec les Sociaux-démocrates, très affaiblis, que se formera la coalition.
Le modèle allemand pourrait-il inspirer nos députés français à la recherche d'une coalition stable ? On peut en douter car pour nos élus "vérité en deçà du Rhin, erreur au-delà".

Les désignations des membres du Conseil Constitutionnel sont souvent l'objet de débat. C'est le cas cette année avec la désignation de Richard Ferrand dont les caractéristiques ne plaident pas en faveur d'une indépendance de l'institution. Ancien président de l'Assemblée Nationale, il a été battu aux élections législatives et trouve là un lot de consolation. Les parlementaires pourraient refuser cette nomination mais on peut en douter car il faut 3/5ème des voix des membres des commissions des lois et cela semble bien difficile à atteindre. Heureusement, la désignation de Laurence Vichnievsky et surtout de Philippe Bas rehausse un peu plus l'institution.

Donald Trump aura bien des difficultés à mettre en oeuvre sa politique d'expulsion des migrants clandestins. Il rencontrera des problèmes de logistique, les Etats-Unis ne disposant pas des moyens matériels pour une telle opération. Il devra faire face à des problèmes économiques car ces personnes sont indispensables à l'économie américaine. Enfin il se heurtera à des problèmes juridiques, les Etats et villes démocrates entendant porter l'action sur le terrain judiciaire tant ces mesures s'avèrent pour certaines d'entre elles contraires à la Constitution.

Il y a 80 ans, le 27 janvier 1945, l'armée soviétique libérait le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Hier à la cérémonie commémorative était présent une cinquantaine de survivants mais bientôt, il n'y en aura plus pour dire la réalité de cette horreur. On peut craindre alors que les négationnistes puissent diffuser leurs intolérables mensonges.

Les élections législatives partielles dans les Ardennes et dans l'Isère ont été un échec pour les deux formations politiques radicales : Le Rassemblement National et la France Insoumise. Elles ont montré la lassitude des électeurs face à l'imbroglio politique dans lequel nous nous trouvons depuis Juin et sans doute conforté le Parti Socialiste de ne pas censurer le gouvernement.