Edito de Gérard Leclerc RCF - page 2

Gerard Leclerc • Du lundi au Vendredi à 6h03 - 7h04 - 8h24 et 12h56 Découvrir et lire les Chroniques de Gérard Leclerc.

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Comment ne pas exprimer une certaine inquiétude devant l'état de tension de notre pays en cette période électorale ? Les déclarations les plus extrêmes peuvent faire craindre pour la paix civile.  La vertu politique de prudence peut-elle s'interposer pour trouver des voies de concorde civique ?

Emmanuel Macron, en évoquant la possibilité d'une guerre civile avait-il conscience de l'extrême gravité de son propos ? Il n'y a pas pire échec d'une politique qu'un pays qui se déchire dans des convulsions qui risquent de devenir incontrôlables.

Dans le débat électoral très tendu qui est le notre, y aurait-il place pour une expression chrétienne particulière du souci politique ? Cela semble moins évident qu'autrefois. Il y a peut-être nécessité d'en revenir aux principes de la philosophie politique et des exigences du bien commun. Avec une attention particulière à la modification chrétienne que l'évangile suppose.

Après sept ans de macronisme, que restera-t-il de cette expérience ? Le président de la République avait su habillement se servir des circonstances et redéfinir notre configuration politique. Mais ses déboires électoraux marquent l'échec final de sa tentative. 

Le nom de la philosophe Simone Weil à été rappelé à cause d'un texte proposé aux candidats au baccalauréat. Bienheureux souvenir qui nous contraint à revenir notamment à toute l'amplitude de la réflexion en politique. Ce qui pourrait être bien utile en cette période de tensions et d'incertitude. 

De beaux sujets proposés hier à l'épreuve de philosophie au baccalauréat. L'un d'entre eux proposait de commenter un texte de Simone Weil sur la condition ouvrière. Texte important mais qui ne doit pas faire oublier l'ampleur étonnante d'une pensée qui ne craint pas d'affronter les grands mystères de l'existence. 

La campagne électorale qui a commencé se signale notamment par la virulence des échanges entre camps. Ce n'est pas une nouveauté, même si la conjoncture produit des affrontements plus aigus que ces dernières années. Il est arrivé sous le premier septennat de François Mitterrand une bataille qui a opposé deux France et qui a fini par une relative pacification des esprits.

La montée de la tension entre compétiteurs de la campagne électorale met en évidence la profonde division du pays, séparé en trois blocs. Ce n'est pas un signe de bonne volonté d'Emmanuel Macron entraîné à une épreuve plutôt redoutable. 

La volonté d'Emmanuel Macron était dès le départ de modifier le jeu politique, en imposant une sorte de tiers parti, entre la droite et la gauche. Ce qui nous a conduit à une division en trois. Division qui s'impose dans la campagne des législatives qui s'est ouverte. Division à la source de nouvelles radicalités. 

En décidant spectaculairement la dissolution de l'assemblée nationale, Emmanuel Macron avait -il en tête le précédent de 1968 avec le général de Gaulle ? Après une crise majeure, le général reprenait l'avantage avec une victoire électorale écrasante. Mais les circonstances ne sont pas du tout les mêmes et non plus les causes de la crise.

Ce qui s'est passé dimanche, une grave défaite pour le pouvoir et la décision qui s'en est suivie, ne s'explique pas par un simple réflexe de mécontentement de l'opinion. Pour comprendre, il faut s'interroger sur les profonds changements de la société française, tels que nos meilleurs géographes et sociologues les ont étudiés. 

Au delà de l'analyse précise des élections d'hier, est-il possible de comprendre à quel point les dimensions proprement européennes ont sensibilisé les électeurs ? A un moment pourtant crucial, avec la guerre revenue sur notre continent et affectant les équilibres internationaux, pourquoi les questions intérieures sont-elles restées prioritaires ? 

Aujourd'hui, 80ème anniversaire du débarquement en Normandie. Des commémorations dignes d'un évènement historique de premier ordre. Mais pour prendre un peu de hauteur intellectuelle sur sa signification et ses suites, il conviendrait peut-être de se référer au discours prononcé par le cardinal allemand Joseph Ratzinger il y a vingt ans, à l'occasion du soixantième anniversaire du débarquement.