Don et entreprise : une relation aux enjeux multiples

Malgré un monde de plus en plus marqué par l'individualisme, et face à un secteur de l’entreprise dans lequel les notions de concurrence et de résultats existent, la générosité et le don en entreprise sont bien présents. En effet, "France Générosité", le syndicat professionnel des associations et fondations faisant appel aux générosités, révèle, dans une récente publication, qu’en 2022, les dons, déclarés, des entreprises au profit des organisations d’intérêt général  avoisinent 2,5 milliards d’euros portés par 142 500 entreprises. L'occasion d'évoquer les liens entre le don et les entreprises avec Matthieu Bouin, dirigeant et actionnaire de différentes sociétés dans l’entrepreneuriat social et solidaire et président du Campus de l'inclusion. Laurent Desjars, président de sociétés et Clément Dewalles, responsable de Tenzing Sud-Ouest, cabinet de conseil en stratégie opérationnelle auprès des entreprises. 

Des entrepreneurs et entreprises régionaux engagés

Entrepreneur depuis près de trente ans, Matthieu Bouin, pratique le don, quasiment, depuis ses débuts professionnels. Ce dernier estime : « que ça participe à la vie d'une entreprise et de ses dirigeants et actionnaires. On n'est pas là juste pour gagner de l'argent. On est là pour redistribuer, on paie des impôts, c'est vrai,  et derrière on est content de donner un peu plus sur des terrains qui nous semblent être propices, soit à l'engagement de l'entreprise, soit à l'engagement de ses collaborateurs ». Notamment  à travers le "prisme de l'inclusion".  

De son côté, Laurent Desjars, pratique le don depuis près de dix ans  pour "des raisons personnelles. Je suis très impliqué sur le plan de la foi". Il estime que l'entreprise "n'est pas un agent économique seul au milieu de nulle part. On fait partie d'un écosystème qui doit vivre. Et pour qu'il vive, il faut que chacun y contribue".

Des formes de dons variées

Matthieu Bouin évoque les différentes formes de dons comme le fait pour un dirigeant d'entreprise "d'affecter une somme annuelle". Il y a également le cas des "fondations d'entreprises qui vont choisir, sur un thème précis ou plusieurs thèmes, d'affecter une partie de capital sur une durée plus longue". Il y a aussi le lancement, par le Campus de l'inclusion, de l'initiative "DéJEUNES" permettant "à un dirigeant d'entreprise d'aller déjeuner avec un jeune issu des banlieues ou un jeune réfugié pendant une heure et demie. Et à la sortie, les deux vivent un moment extraordinaire. Ça montre qu'on peut donner peu et recevoir beaucoup". 

De son côté, Laurent Desjars s'est fortement engagé dans le fait de donner de son temps, que ce soit le week-end ou en semaine, notamment, "une fois par mois" auprès d'associations en aidant, par exemple "à préparer des repas pour les plus démunis". Il cherche actuellement, "un engagement auprès des prisons". Et de rappeler également le fait "de redistribuer aussi auprès des collaborateurs" mais aussi "amener les collaborateurs à participer à un projet global qui consiste à donner, c'est quand même très intéressant". 

Responsable du cabinet de conseils Tenzing Sud Ouest, Clément Dewalles précise qu'il existe aussi "le don de matériels" ainsi que "de compétences" (ressources, savoirs). Créé en 2016, Tenzing pratique "un mécénat de compétences" au profit d'associations n'ayant pas les moyens de se payer un cabinet de conseil. Ils pratiquent également le don de manière financière en redistribuant "chaque année, une partie de la valeur, à des associations à hauteur de 25 %. C'est ce qu'on appelle le dividende sociétal". 

Reconnaissant les nombreuses vertus générées par le don, les invités partagent quelques conseils aux entrepreneurs qui souhaiteraient se lancer dans cette pratique. Matthieu Bouin évoque le fait de "commencer par une politique de petits pas en choisissant ses combats". De son côté Clément Dewalles, conseille de "définir la colonne vertébrale de votre engagement. Ce qui vous rassemble et petit à petit de se faire accompagner et de se structurer" . Laurent Desjars conclue par le fait de se lancer et "qu'il n'y a pas de petits dons".