Déontologix : C'est quoi une source ?
Dans le troisième épisode de Déontologix, podcast qui décrypte la déontologie journalistique, Romain, étudiant en journalisme, s’interroge sur les sources journalistiques. Qu’est-ce qu’une source ? Quelle est la relation entre un journaliste et ses sources ? Déontologix répond à ces questions.
Déontologix : C'est quoi une source ? Crédit : CDJQu’est-ce qu’une source ?
Une source est une personne extérieure qui va nous informer sur quelque chose qui s’est passé ou sur la manière dont les choses pourraient être expliquées. Cette relation est professionnelle. Cependant, le journaliste reste un être humain et n’échappera pas à une forme éventuelle d’empathie ou d’antipathie envers sa source. Il est donc important pour le journaliste de savoir à quel point il peut faire confiance à cette personne et de juger de sa crédibilité, car le risque de manipulation de la part de la source est bien réel.
Avoir confiance en ses sources
Pour interagir avec ses sources, tout journaliste doit avoir quelques réflexes essentiels.
Le premier est de jongler entre confiance et méfiance, tout en conservant son indépendance. En aucun cas un journaliste ne peut accepter, même de manière implicite, des informations de la part d’une source contre une forme de protection future au cas où il se passerait quelque chose pour cette source (si elle est liée à un scandale dans la presse par exemple). De plus, ce n’est pas parce que le journaliste a une source qu’il croit fiable qu’il ne faut pas vérifier ce qui nous est dit.
Il faut aussi noter qu’un journaliste n’est pas redevable à sa source. « La seule chose qu'on doit à la source, c'est de travailler l'information qu'elle nous donne avec d'authenticité, » explique Jean-Pierre Jacquemin, membre éditeur du CDJ.
Même si le doute à sa place face aux informations reçues, avoir confiance en ses sources est primordiale, nous explique Muriel Hannault, secrétaire générale du CDJ. « La confiance, c’est respecter les engagements qu'on prend vis-à-vis de cette source, c'est respecter le sens de ses propos qu'elle. C'est aussi accepter l'anonymat de la source qui le demande. »
La multiplication des sources
Le deuxième réflexe à avoir touche davantage au fond. En journalisme, il est important de multiplier ses sources, qu'elles soient humaines ou non, afin d'identifier les plus crédibles.
Les sources désignent également la matière récoltée, tout ce que le journaliste aura compilé pour étoffer son sujet. Face à une source qui nous apporte un point de vue sur une situation, il est important de mettre une autre source opposée qui nous apportera un autre point de vue. Avoir plusieurs sources va de pair avec le fait de recouper et donc vérifier ses sources.
La liberté rédactionnelle
Il y a donc des règles à respecter lorsqu'on choisit ses sources. Il faut que ce choix soit pertinent, bien sûr, et il faut multiplier ses sources tout en gardant de la distance. Mais avant cela, il y a un droit fondamental dont tous les journalistes et médias bénéficient : la liberté rédactionnelle. Celle-ci est consacrée à l'article 9 du Code de déontologie, dans le second volet, consacrée au devoir d'informer de manière indépendante.
La liberté rédactionnelle, c’est le fait de pouvoir aborder tous les sujets que l’on souhaite, quand on le souhaite, sans pression extérieur pour aborder ou non un sujet. Seule l’actualité impose parfois des sujets, mais les journalistes sont libres de les aborder quand ils le souhaitent. Cette liberté est garantie par les rédactions en chef qui protège ses journalistes et garantit qu’ils peuvent faire leur travail en pleine liberté.
Le choix de la source, une prise de position ?
Le fait de choisir une source et pas une autre peut donner l'impression au public que l'on prend parti. La première source va souvent venir du carnet d’adresse du journaliste. Cette personne à qui on décide de faire confiance vient avec un passif et une objectivité qui ne peut pas être garantie.
Le plus important pour le journaliste est de faire attention à ne pas tomber dans le conflit d’intérêt. Le conflit d’intérêt est abordé à l’article 12 du code de déontologie : « Les journalistes évitent tout conflit d’intérêts. Ils n’exercent aucune activité pour le compte de tiers si cette activité porte atteinte à leur indépendance. »
Le journaliste ne doit donc pas être porté par des intérêts personnel qu’il aurait, mais bien par l’intérêt général du public. Le journaliste doit pouvoir, en toute honnêteté, savoir s’il peut travailler sur son sujet en étant le plus objectif possible et sans laisser son opinion (politique ou non) déteindre sur son travail. Si ce n’est pas le cas, il faut pouvoir le reconnaitre et laisser un collègue reprendre le flambeau.
La confidentialité des sources
L'article 1er du Code indique que « dans la mesure du possible, et pour autant que ce soit pertinent, les journalistes font connaître les sources de leurs informations, sauf s'il est justifié de protéger leur anonymat. »
Cet article est complété par l’article 21 : « Les journalistes gardent secrète l’identité des informateurs à qui ils ont promis la confidentialité. Il en va de même lorsque les journalistes peuvent présumer que les informations leur ont été données sous la condition de l'anonymat, ou lorsqu'ils peuvent craindre de mettre en danger ces informateurs. Les journalistes ne communiquent alors aucun élément permettant de rendre leurs sources identifiables. »
Au-delà de la déontologie, la protection des sources est accordée par la loi. La loi du 7 avril 2005, relative à la protection des sources, protège les journalistes, qui ne doivent pas répondre à des demandes ou injonctions de révéler leurs sources, sauf dans des conditions très précises : sur requête d'un juge et en cas de risque d'infraction spécifique.
La rémunération des sources
Une autre problématique un peu taboue : la rémunération des sources. Le fait de rémunérer une source existe, la demande d’argent en échange d’information devient de plus en plus courante chez les sources. En particulier depuis l’avènement des smartphones qui permettent à tout le monde de capter des images d’un évènement avant d’essayer de les revendre aux médias.
Le problème, c'est que cela jeter un discrédit sur la qualité de l’information. Il peut y avoir une forme de corruption et encourager les sources à communiquer de fausses informations. Il faut donc pouvoir refuser cette rémunération à la source. Le travail du journaliste est de dénoncer des situations en espérant faire bouger les lignes.
Si les pratiques diffèrent d'une rédaction à l'autre, l'article 18 du Code le confirme : « Les rédactions ont la latitude de rémunérer les auteurs de textes, de sons et d'images exclusifs. » Avec une précision importante est toutefois apportée à cela : « Pour autant que les autres médias ne soient pas privés d'accès aux mêmes sources d'informations. »
Déontologix est un podcast produit par le Conseil de Déontologie Journalistique avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.


Informer, c'est un métier... Et tout métier nécessite des règles. Si tu étudies le journalisme, tu entendras parler tôt ou tard de l'importance de la déontologie. Respecter la vérité, informer de manière indépendante, agir avec loyauté et respecter les droits des personnes : voilà en (très) résumé les balises, à suivre. Mais c'est évidemment plus simple à dire qu'à faire ! Alors suis le parcours de Romain, qui s'est donné pour mission de vulgariser ce vaste sujet en 6 épisodes.
"Déontologix" a été réalisé par Pamela Flores et Anna Vidal pour le Conseil de déontologie journalistique (CDJ), avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Crédits :
- Scénario : Muriel Hanot, Pamela Flores et Anna Vidal
- Interviews : Pamela Flores
- Voix off : Romain Rayée
- Réalisation : Anna Vidal
- Mixage : Jean-Marc Vierset
- Générique : "Floating" (Zambolino)


