Bénédicte des Mazery (Marraine du concours de nouvelles)
" L'ombre d'un homme " (Pocket)
Alfred Vigneux n'a jamais oublié Charlotte et lorsque, à l'occasion de la réfection de son immeuble, il exhume de la cave les documents paternels, son passé lui revient de plein fouet.
Ce vieillard solitaire décide alors de réécrire l'histoire à sa façon.
Adèle, son mari et leur jeune fils, Léo, se voient ainsi proposer un étrange échange : la jouissance d'un appartement dont le vieil homme est propriétaire contre sa présence à dîner, chaque soir. Très vite, le jeune Léo comprend qu'ils n'ont pas été choisis au hasard.
La chronique de Jacques Plaine
BÉNÉDICTE DES MAZERY
L’Ombre d’un homme
Pocket
Écrivain, journaliste, auteur de documentaires audio
visuels, Bénédicte des Mazery est finaliste du prix
Exbrayat 2009, prix Paul-Féval de la Société des Gens
de Lettres, prix Saint-Maur du livre de poche. Elle est
aussi la marraine du Concours de Nouvelles 2025
organisé par la Médiathèque municipale, « Lire à Saint
Étienne » et les Amis de la Moldavie en Rhône-Alpes
Auvergne. -
Je suis le propriétaire.- Je sais, maman m’a dit.
Ainsi commence l’histoire. Celle d’un vieux monsieur – le
propriétaire – et d’un jeune garçon « dans les douze ou
treize ans. L’âge qu’il avait, lui, au moment où la guerre
avait éclaté ».
Le jeune garçon c’est Léo. Léo qui habite là, depuis hier, là
juste sous l’appartement du propriétaire, avec papa, maman
et une vieille folle de grand-mère qu’on vient tout juste de
sortir de l’asile. Une vieille dame dont le propriétaire ne doit
en aucun cas se douter qu’elle est là. « Tu entends ? lui avait dit sa mère. Pas un mot
devant lui. S’il apprend sa présence, il va nous reprendre l’appartement ».
Cette histoire d’appartement, ça s’était fait d’un coup, sans prévenir. Ils habitaient dans une
seule pièce, minable, et « un vieux monsieur seul, très seul, et qui va bientôt mourir » avait
dit sa mère – lui avait fait cette incroyable proposition, ils emménageaient juste au-dessous
de chez lui, dans un cinq pièces tout semblable au sien – un double salon, trois chambres,
une cuisine et une salle de bains – n’auraient pas de loyer à payer, juste à l’inviter, lui le vieil
homme qui allait mourir, à dîner. Oui, à l’inviter à dîner tous les soirs. Sa mère l’avait bien
précisé, et il avait même semblé à Léo que son père n’était pas tout à fait d’accord. Qu’il
avait même l’air plutôt fâché. Il l’avait entendu, en écoutant derrière la porte persifler « je ne
veux plus jamais entendre parler de cette histoire ».
Et puis un jour, le troisième je crois, le vieux monsieur n’était pas descendu, ils avaient
attendu, attendu longtemps, le temps que maman en dise un peu plus à son Léo. Et c’est
alors « que la sonnerie de la porte d’entrée retentit ».
« Lorsqu’il ouvre la porte, le garçon découvre un vieillard blafard, aux traits creusés, portant
sous le bras un dossier et tenant à la main le Babar tout usé ».
« S’il n’y a qu’un livre à lire cette année, c’est celui-là » a écrit Gérard Collard le libraire chroniqueur bien connu.
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