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A plus d'un titre

Emission présentée par Jean-Claude DUVERGER, Anne-Marie VERGNON

Magazine littéraire en lien avec l'association de promotion de la lecture "Lire à Saint-Étienne".

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Episodes

  • ©rcf42.fr/Louis Reynard, de "lire à saint étienne"

    "Vieille fille" de Marie Kock

    23 septembre 2023
    En partenariat avec Lire à Saint-Etienne

     

    Marie Kock
    " Vieille fille "
     (La Découverte)

    On la dit laide, revêche, frigide, avare, aigrie. On l'imagine avec ses chats. ses pelotes de laine et sa solitude.
    La vieille fille a-t-elle un destin aussi peu enviable ? Et si elle était plutôt celle qui échappe aux carcans et aux alliances impossibles à défaire ?
    Journaliste, Marie Kock mêle récit personnel et études sociologiques, et formule l'hypothèse qu'il est possible d'inventer d'autres manières de vivre, de trouver l'amour ailleurs, autrement.

     

     

     

    La chronique de Jacques Plaine

    MARIE KOCK Vieille fille La Découverte Marie Kock est journaliste diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille. Elle est aussi l’auteure de Yoga, paru en 2019. Pour monsieur Tout-le-monde, sa femme et sa concierge, une « vieille fille » c’est la Cousine Bette, Marie Poppins ou la Marceline du « Mariage de Figaro ». Une fille trop moche pour trouver un mari, trop éprise de liberté pour passer sa vie avec le même bonhomme, trop indépendante pour accepter un mariage arrangé - et le contrat qui va avec - au seul bénéfice des ambitions mercantiles de papa. La quatrième de couverture en rajoute une couche : « On la dit laide, revêche, frigide, avare, aigrie, ennuyeuse et ennuyée. On l’imagine avec ses chats, ses pelotes de laine et sa solitude, parce qu’elle n’a pas eu la chance de trouver un mari ou de faire des enfants…» ou dit autrement : « c’est celle qui n’a pas réussi à décrocher la timbale ». La Rome antique avait ses vestales, le Moyen Age ses recluses, ce furent ensuite les Béguines, les nonnes, les sœurs, les bonnes sœurs et dans les montagnes de par ici, les Béates. Des vies pas comme les autres. À Rome les vestales étaient couvertes d’honneur, conduites en carrosse à deux roues et en prenaient pour trente ans, au Moyen Age les recluses s’emmuraient vivantes pour se couper du monde et des hommes, aujourd’hui les bonnes sœurs se donnent toute à Dieu et bonjour les galipettes. Et Marie Kock ? « Quand j’étais petite fille je ne me rappelle pas avoir un jour envisagé de finir vieille fille ». Après avoir « sauté dans l’amour à pieds joints, comme s’il s’agissait d’un simple tour de manège », après plus de trente ans - dont dix-sept à Paris - au cœur de la vie, Marie Kock décide de tourner la page, de découvrir une nouvelle façon d’appréhender l’existence, le quotidien, le désir. Ses projets vont être bien différents, elle affrontera l’avenir autrement, sans béquille ni parachute. Seule sur un chemin qu’elle s’est tracé sans mollir. Pourquoi me direz-vous ? Le chapitre « Ce que j’ai oublié de vous dire » est là pour l’expliquer. C’était il y a vingt-cinq ans. Un jour, une nuit d’orage et c’est tout. Une tornade qui a fait d’elle une autre. Une autre Marie Kock.

  • ©rcf42.fr/Louis Reynard, de "Lire à Saint Etienne"

    Rania Berrada " Najat ou la survie"

    16 septembre 2023
    En partenariat avec Lire à Saint-Etienne

    Rania Berrada
    " Najat ou la survie "
     (Belfond)

    Najat se l'est promis. elle ne deviendra ni institutrice ni mère au foyer. Elle quittera Oujda et réalisera son rêve : atteindre le kharij, l'Europe.
    Le sésame doit venir d'un cousin qui a émigré et qu'elle pourrait épouser avec l'accord du père. Mais chaque fois que Najat approche du but, quelque chose se grippe.
    La faute à ce pays sclérosé par le chômage et la corruption. Najat est une femme empêchée qui ne renonce jamais.

    La chronique de Jacques Plaine

    RANIA BERRADA Najat ou la survie Belfond Franco-marocaine née à Rabat, Rania Berrada vit à Paris où elle est journaliste. « Najat ou la survie » son premier roman, est un des trois finalistes du prix Charles Exbrayat 2023. Najat qui vient de terminer sa troisième année de licence à la fac d’Oujda - Oujda la ville aux quatre cents minarets – a la tête pleine de projets et d’ambitions. D’abord quitter cette ville où « la moitié des femmes sont institutrices et l’autre moitié au foyer », ensuite terminer sa licence et échapper à Ryad. Ryad ce grand frère rigide comme un pilier de temple grec et qui se prend pour le lieutenant du père. Une grande gueule autoritaire qui la voit déjà arrêter se études et se mettre au boulot. Ou bien – ce qui serait encore mieux - dégager le plancher et se trouver un mari. Pour l’amour Najat n’est pas pressée, le prince charmant c’est pas son truc, par contre trouver un mari qui la sortirait des pattes de Ryad, pourquoi pas. Un mari qui lui ferait – il fait bien rêver un peu - traverser la Méditerranée et la mettrait au cœur de ses ambitions universitaires en France, en Allemagne et pourquoi pas ailleurs …mais de ce côté-ci de la Grande Bleue. Certains ont la chance, le pot, le bol. Pour eux les planètes s’alignent comme par enchantement. D’autres ont la poisse, la scoumoune, le mauvais œil – « ont au-dessus de leur tête une étoile malveillante dont les radiations leur pourrissent l’existence ». C’est dans ce triste collège que se débat Najat. Depuis toujours. Elle apprend l’allemand pour poursuivre ses études à Francfort avec Younes, achète un vieux Bescherelle et se perfectionne dans la langue des colonisateurs pour monter à Paris avec Yahya, participe au Printemps Arabe pour plaire à Mehdi, joue les belles-mères sympas pour contenter Yahya (encore lui), regrette d’avoir jadis méprisé Hicham et attend toujours qu’Allah lui offre enfin la part de bonheur qu’il dispense si généreusement aux autres. Un beau livre qui nous fait découvrir une grande famille marocaine où la tradition - et Allah - dictent à tous et à chacun le quotidien à suivre. Un livre qui nous plonge aussi dans l’obscure complexité de l’administration française.