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Histoire de France : ces épisodes controversés qu'il faut "désidéologiser"

Histoire de France : ces épisodes controversés qu'il faut "désidéologiser"

Un article rédigé par Frédéric Mounier, avec OR - RCF, le 5 juin 2025 - Modifié le 8 juin 2025
Les Racines du présentLes grandes histoires disent-elles l’Histoire ?

Les guerres de Vendée, le 6-Février 34... L'histoire de France est riche en épisodes controversés, qu'il faut parfois "désidéologiser". Et pour lesquels il faut revenir aux faits. Un moyen, estime l'historien Guillaume Perrault, de retrouver "un rapport apaisé envers notre propre passé".

Affrontements entre manifestants et forces de l'ordre le 6 février 1934. ©wikimédia commonsAffrontements entre manifestants et forces de l'ordre le 6 février 1934. ©wikimédia commons

L’histoire de France est riche en épisodes controversés. La Révolution française, les guerres de Vendée, le 6-Février 34… Autant de "pages passionnelles" pour lesquelles il reste "délicat de trouver le mot juste, d’être équitable, exact dans la relation des faits". L'historien et rédacteur en chef au Figaro Guillaume Perrault publie "Voyages dans l'histoire de France – 15 grands récits de Louis XIV à nos jours" (coll. Tempus, éd. Perrin, 2025). Dans Les Racines du présent, au micro de Frédéric Mounier, il revient sur quelques épisodes marquants de notre histoire, convaincu que "nous avons besoin de retrouver l'estime de nous-mêmes et que ça passe par un rapport apaisé envers notre propre passé, qui certes ne passe pas du tout sous silence les pages sombres mais qui parle aussi de nos pages glorieuses. Et il y en a beaucoup !"

Génération Alain Decaux 

À 52 ans, Guillaume Perrault est de "la dernière génération de Français qui a fortement éprouvé un sentiment de continuité entre le passé et le présent… Ce sentiment de continuité il me semble que nous l’avons perdu et c’est ce qui fait que ce passé est devenu plus difficilement compréhensible pour nous."

Un art de transmettre qui s’est perdu ? L'historien a connu la grande époque d'Alain Decaux (1925-2016), un "conteur admirable" d’une "grande intégrité intellectuelle et morale". Il rend hommage à ses institutrices, qui enseignaient l'histoire avec des frises chronologiques affichées aux murs. Nostalgique du temps où on lisait le Malet & Isaac - le célèbre manuel d’histoire que l’on doit à Jules Isaac plus qu’à Albert Malet, Guillaume Perrault se désole d'une "amnésie collective".

 

 Guerres de Vendée : peut-on parler d’un génocide ?

Les guerres de Vendée font partie de ces "vérités qui dérangent", comme le décrit Guillaume Perrault et pour lesquelles "il faut rester le plus factuel possible". "C’est une guerre civile et comme toutes les guerres civiles elle est atroce tout de suite." Dès le printemps 1793 et l’insurrection de certains paysans contre l’obligation d’aller se battre aux frontières – sur un territoire plus vaste que l’actuel département de la Vendée. "Les causes de l’insurrection, elles sont sociales, et donc évidemment ça heurte le récit traditionnel de la Révolution française. C’est une insurrection paysanne contre la bourgeoisie républicaine."

Peut-on parler de génocide vendéen ? Ce qui s’est passé à partir de janvier 1794 va au-delà de la guerre civile. "L’affreuse singularité du cas vendéen" comme la décrit Guillaume Perrault, c’est qu’en janvier 1794, la Convention avait repris le contrôle de la région. Ce qui s'est passé alors a été "purement punitif et idéologique". Le député Barère avait préconisé de détruire "l’inexplicable Vendée", ce qui a été "interprété au sens le plus littéral par le général Turreau" et ses colonnes infernales, décrit Guillaume Perrault.

"On ne peut contester le qualificatif d’entreprise d’extermination", estime l’historien qui n’emploie pas le mot "anachronique" de génocide. "Il y a eu une volonté d’éradiquer hommes, femmes, enfants, pour repeupler la Vendée de républicains fidèles" - on retrouve encore aujourd’hui des charniers. Si certains voient dans les guerres de Vendée une préfiguration de l’attitude de l’armée française en l’Algérie, Guillaume Perrault estime que "chaque situation a ses singularités". Il évoque toutefois cet "idéal des Lumières teinté de mépris pour ceux qui n’y participaient pas, qui ne l’acceptaient pas".

 

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"Désidéologiser" le 6-Février 34

On a fait du 6-Février 34 un complot des ligues nationalistes et fascistes. Guillaume Perrault a tenté de "désidéologiser" cette affaire. Il y a eu dix-neuf morts et 2.500 blessés sur le pont de la Concorde face à l’Assemblée nationale : une émeute déclenchée par l’affaire Stavisky, du nom de cet escroc qui a spolié des épargnants.

Alexandre Stavisky a été retrouvé mort le 8 janvier 1934 à Chamonix, "très certainement suicidé mais une grande partie de la France est convaincue qu’il a été assassiné pour éviter qu’il ne parle". Dans un contexte politique instable, avec trente gouvernements de 1920 à 1934, marqué par une défiance à l’égard des élites, l’affaire a "cristallisé toutes sortes d’écœurements, de sentiments de dégoût". 

Parmi les émeutiers beaucoup n’avaient "aucun passé militant", comme l'ont montré Olivier Dard et Jean Philippet dans "Février 34 - L'affrontement" (éd. Fayard, 2024) ont montré que Certes il y en avait qui rêvaient de renverser la République mais "il n’y a eu aucun plan concerté pour renverser le régime". L’histoire du 6-Février 34 est celle d’une "immense bavure". Ce qui en ressort, c’est surtout un "service d’ordre débordé", et qui n’était "pas préparé".

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Les Racines du présent
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