Une nouvelle vision à 5 ans pour l’enseignement catholique du diocèse de Strasbourg
Le 4 octobre dernier, la direction de l'Enseignement Catholique de Strasbourg a présenté son nouveau projet à horizon 2030 : un texte composé de deux parties qui donne les 4 grands axes des 5 années à venir pour les établissements catholiques en Alsace et réaffirme son identité propre dans un climat controversé.
Un établissement catholique dans le Bas Rhin / Cap écranLe contexte n'est pas simple pour les 32 établissements privés catholiques que compte l’Alsace. A la fin de l’année dernière le rapport des députés Spillebout-Vannier a soulevé un certain nombre de dysfonctionnements et des violences commises au sein des établissements privés, particulièrement dans l'enseignement catholique.
Dans leur 50 recommandations, ils prévoyaient notamment un accroissement des inspections. L’académie de Strasbourg figurait parmi les endroits faisant l’objet d’un contrôle rapproché puisque 10% des établissements privés (pas nécessairement catholiques) doivent faire l'objet d’une inspection d’ici 2027, ce qui en proportion est plus élevé que celle de Lyon à titre de comparaison.
La réécriture était prévue avant la publication du rapport Spillebout-Vannier
Quelques diocèses ont présenté à cette rentrée certains ajustements à l’instar de celui de Franche-Comté qui a lancé un audit de ses internats.
Pourtant, le directeur de l’enseignement catholique l’assure, le projet présenté un mois après la rentrée “n’est pas une réponse” à l’actualité. En poste depuis 20 ans, Patrick Wolff assure avoir déjà participé à la rédaction de 3 projets diocésains. “Il est essentiel de remettre toujours l’ouvrage sur le métier”.
Réaffirmer l’identité catholique
Que trouve-t-on dans le document ? Deux volets : la proposition éducative d'abord, suivie des objectifs opérationnels. “Dans la proposition éducative, nous expliquons et réexprimons nos convictions dont l'enseignement intégral et l'ouverture à tous”, explique Patrick Wolff. Ces convictions seraient-elles menacées lors des opérations de contrôles rapprochés à venir ? Oui et non, si l’on en croit son adjointe Cécile-Eugène Clot. Bien qu’elle ait pris ses fonctions le 1er septembre, cette ancienne inspectrice bien connue du rectorat de Strasbourg a participé à la réécriture du projet.
Ces contrôles sont une chance aussi de clarifier ce que nous faisons
"Ces contrôles sont une chance aussi de clarifier ce que nous faisons. Pouvoir exprimer ce que sont nos établissements dans leur diversité, c’est battre en brèche les représentations par trop figées de l’enseignement catholique, explique celle qui préfère faire de ce projet une occasion de réaffirmer le caractère propre de l’enseignement privé catholique. “Le climat n’est pas toujours favorable à cette confiance que nous souhaitons pourtant faire vivre, poursuit l’ancienne inspectrice qui connaît bien le milieu. Avec les chefs d’établissements, nous attendons que les inspecteurs soient amène de percevoir les singularités des établissements qu’ils vont contrôler, et qu’ils arrivent avec toute la prudence que réclame cette rencontre.”
Un plan de lutte contre les violences disséminé
Plutôt qu'un axe complet dédié à la prévention contre les violences, le sujet est présent dans plusieurs sous parties. Il s'inscrit d'ailleurs dans un programme plus large d'EARS (l'Enseignement affectif, relationnel et sexuel) pratiqué dans les établissements depuis 15 ans. Il comprend le 3PF contre le harcèlement, le plan EVARS (éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité à raison de 3 séances annuelles de 2h de la petite section au lycée) imposé par le gouvernement à la rentrée 2025, et le Plan Boussole en place depuis 2018 dans l'Enseignement Catholique.
Lancer le pari de la confiance
Le projet a pour titre "l'audace de la confiance". Si les établissements alsaciens n'ont pas souffert de départs d'élèves suite à l'affaire Bétherram lors des inscriptions de la rentrée, parler de confiance reste une gageure dans l'enseignement confessionnel.
L'archevêque de Strasbourg voit dans ce titre un appel à convertir le regard alors que "la défiance règne en maître dans la société". "Faire confiance demande de l'audace, affirme Mgr Pascal Delannoy qui a signé le projet. Dans l'enseignement, il est indispensable que les jeunes accueillis sentent qu'on a confiance en eux, dans leur capacité, dans leurs charismes, dans leur don." Suivant l'usage de l'enseignement catholique, liberté est laissée donc aux chefs d'établissements de mettre en œuvre et prioriser les grands axes d'ici 2030.


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